Corentin : Ils sont là, ils sont partout, ils sont dans les campagnes, ils sont dans les villes, ils sont sur les réseaux sociaux… ce sont les jeunes, leurs défis interlopes, et les journalistes qui racontent n’importe quoi derrière ! Tiens tiens, Benjamin est là. Salut Benjamin, tu voulais dire quelque chose ?
Benjamin : Oui, bonjour à tous. J’ai un gros mea culpa à faire. Dans ma chronique de la rentrée scolaire sur le Momo Challenge, j’ai contribué à faire quelque chose d’inexact : monter en épingle un phénomène qui faisait plus peur à la presse qu’aux… gens, en général. Disons qu’il y a eu une extrapolation et que parler de phénomène est déjà une exagération en soi. Je le précisais à l’époque, il est difficile de trier les véritables enjeux des petits malins qui font parler d’eux à partir de rien. J’ai contribué à ce phénomène, et je m’en excuse. Mais justement, on va revenir sur quelque chose de similaire…
C : Et cette fois, c’est d’autant plus concret que le déclencheur de cette chronique est une inquiétude de Youtube, qui commence à supprimer automatiquement du contenu spécifique.
B : Des vidéos de « challenge », un mot qui devient une sacrée tarte à la crême dans le vocabulaire usuel et dans les colonnes de tout le monde, et en l’occurrence du Birdbox challenge. Alors faisons les choses dans l’ordre : Birdbox, késsadire ?
[BANDE-ANNONCE BIRDBOX]
B : Birdbox est un film Netflix Original qui, selon Netflix, a été vu par quinze milliards d’abonnés en huit millisecondes. Sacré record tout de même, et dedans Sandra Bullock and friends se bandent tout le temps les yeux parce qu’une mystérieuse entité rôde, et ceux qui la regardent directement se suppriment dans la minute. Un film d’horreur high-concept à la mode et pas fantastique, si vous voulez mon avis. Cependant, le pitch est assez ludique car il est de toute évidence difficile de voyager si l’on ne voit plus rien, et, par exemple, de conduire une voiture.
Netflix a rapidement flairé qu’il y allait avoir des soucis avec la grosse popularité de ce film, et ont twitté, le 2 janvier, bah je te laisse le lire Corentin.
C : « Je n’arrive pas à croire que je vais lire ça, mais tant pis : MERCI DE NE PAS VOUS FAIRE DU MAL AVEC LE BIRD BOX CHALLENGE. On ne sait pas comment ça a commencé, et on apprécie l’amour porté au film, mais Boy et Girl…
B : Ce sont les deux personnages d’enfants du film.
C : … n’ont qu’un voeu pour 2019 : c’est que vous ne finissiez pas à l’hopital pour faire des mèmes.
B : Parce que les petits malins n’ont pas grand chose dans le crâne, et ils peuvent reproduire ce que des plus grands malin à succès peuvent faire sur Youtube, ou juste teaser avec des image d’appel trompeuses. Et moi aussi j’ai du mal à croire que je vais dire ça, mais quand on fait des actes du quotidien les yeux bandés, au mieux on se prend des bouts de clôture dans l’entrejambe, au pire on finit sur une civière. Truc de dingue, Youtube a modifié ses conditions d’utilisation pour modérer automatiquement le contenu, je cite, pouvant inciter à mettre physiquement en danger ou infliger une expérience émotionnellement traumatisante aux spectateurs.
C : Généralement, à défi idiot, l’épicentre n’est pas une oeuvre mais un influenceur.
B : Absolument, on peut parler du Youtubeur Jake Paul, frère d’un autre Youtubeur connu, Logan Paul, idiot du village notoire. Jake Paul avait posté une vidéo dans laquelle on pouvait le voir conduire ou traverser les yeux fermés. En tout cas c’est ce qui est à l’image, parce que sa description indique que tout ça est géré par des pros, et une minuscule mention indique de ne pas reproduire ça à la maison. Le truc, c’est que Jake Paul, lui, ne dit pas de ne pas refaire ça, et son public c’est une armée d’ados en goguette de 16 ans en moyenne.
C : C’est compliqué pour Youtube de discerner son contenu de ce que ça peut provoquer chez les spectateurs.
B : Ce qui se comprend hein. On retourne dans les Guidelines de Youtube. On peut y lire : « Il ne semble pas juste de dire qu’on ne peut pas montrer quelque chose en réaction à ce que pourrait faire son public, mais nous ne tolérons pas les contenus qui tendent à inciter à la violence ou à encourager des activités illégales oui qui peuvent causer des dommages physiques ou la mort. » je continue… ils parlent des vidéos qui « encouragent des activités dangereuses ou illégales comme la fabrication de bombes, les jeux à base d’étranglement, l’usage de drogues dures ou tout ce qui résulterait dans des blessures ». Donc on est dans une sacrée zone grise.
Il y en a au moins eu un, un accident de voiture lié à cette pratique qui tourne mal. Mais aujourd’hui tout ça devient une grosse prétérition puisque si vous tapez Bird Box Challenge sur Youtube, vous n’avez plus que des vidéos qui convoquent l’expression pour la parodier, ou des petits comptes qui aspirent et republient les vidéos qui se sont fait striker.
B : Ca me rappelle quelque chose cette histoire.
B : Oui, souvenez-vous, il y a un an, votre chronique préférée de 2018 : Le Tide-Pod Challenge. Ce moment où les américains ont commencé à manger des capsules de détergent parce que pourquoi pas. Youtube n’avait pas autant moufté, et cette mise à jour de règles d’utilisation ne précise pas du tout si elle peut s’appliquer rétroactivement.
Donc je rappelle les faits : on ne mange pas les capsules de détergent, et on ne conduit pas les yeux bandés. Allez, à la prochaine.
C : Eh beh.
B : Eh beh.
C : Quelle vie.
B : Quelle vie.
YouTube : il y a de l’eau dans le gage
Les défis dangereux sont légion sur YouTube. On connaissait déjà la fascination pour les capsules de détergents, voici que certaines personnes se mettent à conduire les yeux bandés pour faire comme dans « Bird Box » de Netflix ! YouTube a décidé de prendre les devants en interdisant ce type de contenu, comme on le verra avec Benjamin Benoit.
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