Benjamin : Ah… la fac de Droit. L’amphi que tu quittais en plein cours magistral pour aller mater des films à l’UGC, la BU, les matières incompréhensibles, les excuses que tout le monde trouvait pour ne jamais aller en droit administratif…
Corentin : Salut Benjamin. Tu es en plein trip nostalgique?
B : Le droit, cette discipline à la fois carrée et nonsensique. Mais ne craignez rien, puisqu’une série de jeux vidéo assez célèbre est là pour la rendre fun et accessible à tous.
C : C’est vraiment un jeu qui vulgarise le droit ?
B : Pas du tout. Mais parlons-en quand même : aujourd’hui, je vais vous parler de…
[PHOENIX - 1901]
B : DU GROUPE VERSAILLAIS PHOENIX, dont le super album Wolfgang Amadeus Phoenix vient de fêter ses dix ans. C’est fantastique Phoenix.
C : T’es sûr de ton coup ? Quel rapport avec le droit ?
B : Oups, mauvaise fiche. Non, aujourd’hui on évoque la première trilogie du jeu Phoenix Wright : Ace Attorney.
[MUSIQUE PHOENIX WRIGHT 1]
B : Ca mérite un peu de recontextualisation. Phoenix Wright est une série de jeux iconiques de Capcom. Ils sont sortis au Japon d’abord sur Game Boy Advance, puis sur Nintendo DS chez nous à partir de 2007. On en à six jeux qui traversent les époques, les générations de consoles et de personnages, et c’est une super série captivante qui mériterait dix chroniques. Bon, on va se contenter de celle-là pour le moment.
On y incarne le personnage du même nom, jeune avocat du barreau qui montre son badge à tout le monde. Sa boss et mentor est assassinée, et ça déclenche une série d’évènement qui vont s’étaler sur trois jeux et une myriade de personnages timbrés. C’est donc une simulation d’avocat, mais Phoenix Wright c’est avant tout un visual novel.
C : C’est à dire un livre très interactif.
La majorité du temps est vouée à lire du texte, voir des animations simples de personnages et cliquer sur des décors fixes.
C : Un jeu Phoenix Wright se décompose en quatre ou cinq affaires.
B : Une histoire sordide, presque toujours un meurtre, divisée en deux temps. L’enquête et le procès. L’enquête c’est très simple, il faut cliquer sur des trucs et collecter des preuves pour rencontrer les personnages et comprendre les tenants et aboutissants de l’histoire. Ca ne posera aucun problème, même si vous aurez, de temps en temps, des soucis pour trouver le truc qui vous empêche de progresser.
C : Mais le sel de Phoenix Wright, ce sont les phases de procès.
B : Un moment génial de jeu vidéo. C’est cultissime, grisant, excitant, tout ça à la fois. Vous devez y entendre les témoins, découper leurs témoignages et trouver la bonne phrase à contredire avec la bonne preuve. C’est épique, tous les retournements de situation se font dans ces phases là, et on y vit des épiphanies grisantes. Au début, comme vous ne connaissez pas trop la manière de raisonner des scénaristes, vous devinerez toujours ce qu’il faut quand il faut.
C’est relativement simple si vous suivez un minimum, et la première affaire de chaque jeu est toujours là pour faire office de tutorial. Chaque opus de Phoenix Wright apporte son lot de personnages qui incarnent des nouveautés de Gameplay. Mais cette trilogie est repackagée pour une raison bien précise.
C : Ces trois jeux-là sont liés.
B : En effet. Liés par le pouvoir du scénario. La dernière affaire du troisième jeu est incroyable. Elle ne peut être crue. Elle reprend des faits et des personnages des trois jeux, c’est une sorte de boss final géant, c’est un très grand moment de jeu vidéo qui convoque des personnages inoubliables. Et oui, je suis aussi dithyrambique pour un jeu qui, par définition, cultive une grande économie de moyens. C’est ça, le pouvoir de Phoenix Wright. C’est plus qu’un livre interactif, c’est un énorme lore ! Maya Fey, la sidekick qui se fait toujours accuser de meurtre ! Le procureur Benjamin Hunter, qui est un faux méchant ! Plein d’autres procureurs zinzins qui vont lui succéder ! Et surtout…
C : Une satire piquante du système judiciaire japonais, mine de rien.
B : Oui, parce que la justice dans Phoenix Wright, c’est très fluctuant, à la tête du client et selon une logique qui défie parfois toute… logique, mais on reste dans le cadre d’un jeu rigolo, c’est pas un documentaire. Dans le troisième opus, Trials and Tribulation, on parle de peine de mort, et ça a de réelles répercussions sur le scénario. Je n’en ferai pas un jeu politique, mais toutes les blagues ont un fond de vérité.
SON 2
C : Alors il vaut quoi ce repackaging ?
B : C’est le même que celui des versions tablette ! Le jeu est donc présenté tel qu’il a été conçu sur Game Boy Advance, sur un seul écran, avec des animations refaites et policées. Elles vous sauteront à la figure si vous êtes des habitués des versions originales, mais la trilogie devrait moins vous intéresser le cas échéant. Avec du recul, il est improbable de penser que les trois premiers Phoenix Wright sont maintenant disponibles sur PC, Xbox One, PS4 et Switch… et sur 3DS, où sont aussi disponibles les trois autres jeux. Par contre, et c’est absurde, pour l’instant ce n’est disponible qu’en anglais. Et je dis que c’est absurde car les jeux ont été localisés et traduits pour leur sortie sur DS, même si le deuxième était notoirement truffé de fautes. Toujours est-il qu’un patch est prévu prochainement pour rajouter le français, mais pas pour la sortie du jeu.
C : Le verdict est sur le point de tomber ! Quelle peine on met à la trilogie Ace Attorney ?
B : Ah bah vous allez tous prendre dans les 100 heures ferme parce que c’est un indispensable qui sort enfin sur toutes les consoles du moment. Le remake va faire peur aux habitués, mais ça peut-être une excellente excuse pour ceux qui voudraient enfin découvrir ces jeux-là. C’est une épopée duquelle on ne décroche jamais, c’est fascinant Phoenix Wright, dans toutes ses formes, même si c’est mieux en français : ce sera ma seule OBJECTION ! Et c’est pour une trentaine d’euros. Si vous dépassez ce coté un peu lo-fi qui ne ressemblera à rien sur votre grand écran 4K, vous êtes parti pour un sacré manège. Alors bon ride les amis.
C : Merci Benjamin pour cette critique ! As-tu bien mangé ton hamburger ?
B : Bien sûr ! Sur mon escabeau.
Voix 1 : On dit échelle, non ?
« Ace Attorney Trilogy » : 100 heures fermes de bonheur vidéoludique
Les trois premiers épisodes de la saga de jeux vidéo « Phoenix Wright » sont désormais disponibles sur l’essentiel des plateformes actuelles, avec « Phoenix Wright : Ace Attorney Trilogy ». Benjamin Benoit revient sur cette série d’enquêtes prenantes, mettant en scène de mémorables personnages hauts en couleur.
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