« Catherine » et ses plans cubes

Corentin : Des jeux, des vidéos, des jeux vidéo, des jeux vidéo bizarre dans vos croissants. La catégorie du jour est un peu spéciale ! J’appelle notre expert en rangeage organisé de cubes pour échapper à l’engagement et aux responsabilités… attend... pour de vrai ?
Benjamin : Oui oui, regarde, c’est marqué là. Page 1. C’est le premier paragraphe.
C : Bon. Donc on accueille Benjamin Benoit pour cette bizarrerie cosmique.
B : Accrochez-vous, je ne vous en parlerai pas si c’était pas intéressant. Je vais vous parler de la réédition d’un jeu qui s’appelle Catherine, et qui est repackagé sous le nom de Catherine Classic, sorti donc sur PC, sept ans après la sortie du jeu original en France, lui-même sorti bien en retard par rapport au Japon. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’a pas vieilli du tout, parce que son concept est bien plus important que la qualité de ses graphismes. Bienvenue dans Catherine, un improbable jeu de… puzzle.
[MORCEAU DE BANDE-SON 1]
B : Alors quelques petits éléments de contexte. Vous connaissez peut-être Persona 5, un jeu dantesque sorti il y a plus ou moins deux ans. Le rapport c’est que Catherine a été le test graphique pour un nouveau moteur qui est devenu celui de Persona 5. Catherine a amené son développeur dans la génération de consoles d’après… et même deux générations plus loin, involontairement. Et parler d’Atlus est important, parce qu’entre Persona et Catherine, il y a un lien thématique. Dans les deux, on combat des démons la nuit et on vit sa vie le jour. Catherine est sorti discrètement en 2011, mais il s’est rapidement fait connaître pour sa très grande difficulté, son histoire originale et son gameplay qui, à première vue, n’a rien à voir avec l’histoire.
C : La compagnie Atlus a plutôt l’habitude de mettre en scène des lycéens. Et pourtant, Catherine est une histoire de trentenaires.
Je ne vais pas décrire une scène de cinéma français mais bien de jeu vidéo. Vincent a la trentaine bien franchie, et sa copine de longue date, Katherine avec un K, commence à bien lui faire comprendre qu’il serait peut-être temps de franchir une étape supplémentaire et de s’engager. Vincent, ce n’est pas son truc, et pas de bol, le destin va lui mettre Catherine avec un C dans les pattes. Les deux femmes n’ont rien à voir : âge, caractère, manière de vivre, attitude, Katherine K est une femme mûre est posée, Catherine C arrive comme une nymphette tentatrice. Vincent est tiraillé…
C : Et en parallèle, une intrigue policière. On retrouve de plus en plus de jeunes hommes morts chez eux. Les cadavres s’empilent à chaque réveil. Et Vincent a peur que ce soit bientôt son tour.
B : Quand il s’endort, Vincent fait de drôles de rêves où il est pourchassé par quelque chose, il lui doit gravir des montagnes de cubes sans tomber. Et c’est ça le coeur du jeu, les phases puzzle de grimpette. Il y a un ensemble de règles, mais disons que vous devez gravir une pyramide et que vous pouvez déplacer les cubes de manière limitée. A chaque niveau, des contraintes supplémentaires : des blocs glissants, mortels, friables. C’est beaucoup plus difficile que ça en a l’air, et vous prendrez le pli.
C : Ca n’a pas l’air si intéressant que ça, non ?
B : Si, c’est épique, je le dis sans ironie. D’abord parce qu’il y a les reprises de musique classique de Shoji Meguro, la difficulté du jeu le rend très intense, et le tout est emballé dans un symbolisme et une imagerie catholique un peu étrange mais rigolote. À chaque étage, vous allez au confessionnal et vous répondez à une question sur vos propres vues sur les relations. Et à chaque fois, une petite jauge se déplace vers le bien ou le MAL. Donc vous avez intérêt à aimer ça, car le reste du jeu est très très peu substantiel.
[BANDE-SON 2]
B : Quand Vincent n’est pas occupé à sauver sa peau dans ses rêves, il passe ses journées dans un bar à tchatcher avec ses potes qui ont les mêmes genre de soucis, et il faudra leur parler au quotidien pour leur éviter le même sort. Bref, tu picoles, tu papotes, parfois tu reçois des sextos, et toi, joueur, va regarder des tonnes et des tonnes de films où Vincent a vraiment beaucoup mal à dire à Catherine-C qu’il a une copine, et vous allez regarder l’équivalent d’une saison d’anime en cinématiques pour une histoire qui devient carrément improbable sur la fin.
C : Tu parlais du jeu original Catherine. Qu’est-ce qui caractérise Catherine Classic ?
B : Catherine est un jeu Xbox 360 et PS3. Catherine Classic est une version PC super tardive, qui n’est pas techniquement au top et le jeu n’a pas été mis à jour graphiquement, ce qui commence un peu à piquer pour les scènes cinématiques, qui datent. Un portage service minimum qui rajoute les voix japonaises en option mais qui ne comporte pas les ajouts prévus pour Catherine Full Body, une édition XXL qui a l’air bien meilleure. On y trouvera un personnage féminin supplémentaire, donc un peu d’histoire et des mécanismes en plus. Catherine Full Body sortira le 14 héhé février hoho 2019 au Japon. Et en attendant, vous avez donc Classic pour une vingtaine d’euros sur Steam. Le jeu original est sympathique, il est bien. Là, c’est une sous-version, parfois graphiquement aux fraises. C’est dommage… mais maintenant vous connaissez l’histoire de ce jeu un peu maboule, qui pourrait relever son intérêt dans les cercles compétitifs. Parce qu’il y a un mode deux joueurs encore plus difficile, idéal pour briser la glace avec vos nouveaux beaux-parents ou votre kidnappeur.
C : Hein ? Enfin bref, c’est très clair : si vous avez une PS4, autant attendre un tout petit peu pour une édition bien plus complète.
B : C’est ça. Et en attendant que l’amour envahisse les ondes, je vous dis à la prochaine.