Corentin : Aujourd’hui, Pierre-Alexandre Rouillon de Gamekult va nous parler de… de… de théologie ? Mais qu’est-ce que tu me fais encore lire, là ?
Pierre-Alexandre : Bonjour Corentin !
Aujourd’hui, on va effectivement se rapprocher du divin puisqu’on va parler de la perpétuelle bataille entre le bien et le mal. Bon, en vérité on va plutôt parler d’un seul mec qui défonce la quasi-totalité de l’Enfer à lui tout seul puisque le sujet du jour c’est un jeu au nom aussi poétique qu’évocateur : Doom
[MUSIQUE]Doom01
C : Ah oui ok on est loin du Nouveau Testament ou du Coran, là, j’ai cru que t’allais encore nous apporter des problèmes !
P-A : Je vais passer sur ce « encore » qui m’a l’air très narquois et te rassurer tout de suite : je ne vais te parler que de jeu vidéo.
Doom, donc, pour les plus jeunes ou les moins experts de nos auditeurs, c’est un jeu développé par id Software et sorti en 1993, qui a tout simplement révolutionné le jeu vidéo. Après Wolfenstein 3D sorti l’année précédente par le même studio, Doom pose les bases de ce qu’on appelle aujourd’hui le first person shooter.
Avec son Space Marine qui génocide du démon au fusil à pompe ou à la tronçonneuse, le jeu va vite devenir un carton.
C : Oui, on a même parlé de Doom-like pendant des années après la sortie du jeu !
P-A : Voilà, c’est te dire à quel point le titre a influencé l’industrie ! Et encore là on a pas le temps de parler du jeu en réseau local ou du modding, mais il a fait beaucoup plus que juste populariser le FPS. Doom a fait les beaux jours d’id Software, qui a pu enchaîner sur plein de suites et d’autres productions, tout du moins jusqu’en 2004 avec Doom 3, qui va mettre la série en hibernation.
C : Il n’y a pas eu d’épisode de la série depuis 2004 ?
P-A : A part un remaster de Doom 3, absolument rien. Depuis, on sait que c’est parce que le développement de Doom 4 a été particulièrement compliqué avec plusieurs faux départs sur presque 10 ans.
C : Bon d’accord mais pourquoi tu nous parles de tout ça ?
P-A : Et bien parce que cet été, pendant le festival Quakecon qui a eu lieu en août 2018 dans une ville du Texas, id Software a dévoilé les premières images de Doom Eternal, le prochain épisode de la franchise. Et que du coup ça m’a donné envie de déclamer un plaidoyer pour le fantastique reboot sorti il y a deux ans, que l’on appellera astucieusement Doom 2016.
[MUSIQUE]Doom02
P-A : Doom 2016 c’est un petit miracle,
Un jeu qui avait toutes les chances de ne jamais sortir, en restant bloqué dans les limbes de son développement chaotique, mais qui, contre toute attente, a su prendre toute l’industrie à contre-pied et devenir l’un des FPS les plus excitants de sa génération.
C : Rien que ça !
P-A : Ben écoute, à une époque où le marché est saturé de jeux de tir militaro-relous, souvent avec des sous-textes pro-armée un peu glauques, ça fait du bien d’exploser des monstres dans des gerbes de sang grand-guignolesques. Mais commençons par le commencement.
Une entreprise implantée sur Mars (ça commence bien) ouvre un portail sur l’enfer pour en faire une source d’énergie (ça continue super), jusqu’à ce qu’une scientifique trahisse son employeur et ouvre une brèche pour permettre aux démons d’envahir Mars.
Et on incarne donc le DoomSlayer, un space marine sequestré par les forces de l’enfer mais retrouvé par l’entreprise et réveillé pour aller botter du train démoniaque.
C : Ah c’est déjà un sacré pitch !
P-A : Tu m’étonnes ! Et c’est d’autant plus agréable que ça enrobe un jeu au gameplay totalement jouissif et maîtrisé mais on va y revenir. Avant ça, il faut comprendre que Doom est sorti à un moment bien particulier, où on avait un peu oublié qu’un FPS pouvait aller vite.
C : Oui, souvent les jeux militaires que tu évoquais un peu plus tôt, ils demandent généralement de progresser entre des points de couverture et de tirer sur les têtes qui dépassent.
P-A : C’est ça. Et Doom 2016 a décidé de s’affranchir du zeitgeist en traçant sa propre route pour être… ben pour être un bon gros Doom à l’ancienne.
[MUSIQUE]Doom03
P-A : Aussi bien inspiré de ses ancêtres que de la scène du modding - en particulier un mod qui s’appelle Brutal Doom - Doom 2016 est un jeu énervé, électrique et bestial, qui a compris comment mettre un bon coup de pied dans la fourmilière. [relance page suivante]
C : D’accord, mais qu’est-ce qu’il a de si différent ?
P-A : Et bien déjà c’est un jeu rapide, qui met l’accent sur les déplacements bondissants puisque les combats se déroulent plus dans des arènes que dans des couloirs.
Les ennemis ne se cachent pas, le joueur non plus, et chaque combat est en fait une gigantesque mêlée où il faut mélanger observation et réflexes pour tuer chaque ennemi.
Les armes ont une énergie phénoménale et cet épisode 2016 emprunte à Brutal Doom le système de Glory Kills, qui permet de déclencher une mise à mort particulièrement barbare sur un adversaire affaibli.
La plupart des mécaniques qui ralentissent les FPS classiques sont complètement oubliées dans Doom 2016.
Tu n’as pas de bouton pour recharger ton arme
Tu n’as quasiment pas d’arme qui te permette d’utiliser une lunette de visée
Pas de bouton pour se soigner (il faut ramasser les kits de soin au sol)
Et j’en passe
C : C’est vrai que la plupart des parties que j’ai vu allaient particulièrement vite !
P-A : C’est parce qu’id Software a eu une excellente idée pour motiver le joueur. Au fil des améliorations chopées pendant le jeu, on devient de plus en plus puissant et, surtout, on devient chasseur plus que chassé.
Et c’est là, quand on se met à allumer un monstre au fusil à pompe, tout en évitant des boules de feu et en allant arracher l’oeil d’un Cacodémon en plein vol, qu’on comprend la brillance intrinsèque de Doom 2016.
C’est un jeu si intense que je peux généralement pas y jouer plus d’une demi-heure, parce que je sors de chaque affrontement avec le coeur à 220 BPM et les mains qui tremblent.
Notamment grâce à l’extraordinaire bande-son de Mick Gordon avec ses grosses guitares saturées et ses murs de basse.
C’est un jeu absolument jouissif, qu’on veuille y jouer en facile pour se sentir surpuissant ou en difficulté maximale pour s’offrir un gros, gros challenge.
Et c’est un jeu qui va bientôt s’offrir une suite avec un fusil à pompe surmonté d’un grappin, un lance-flammes accroché à l’épaule et une épée laser démoniaque.
C : Ah oui quand même !
P-A : Donc si je vous conseille chaudement d’attendre Doom Eternal avec impatience, je vous conseille encore plus vivement de jouer à Doom 2016 si ça n’est pas encore fait -
et, dans l’idéal, avec un combo clavier/souris.
C : Eh bien merci beaucoup Pierre-Alexandre ! Doom c’est développé par id Software, et c’est disponible sur PC pour 20 euros et pour un peu plus cher sur consoles.
ON SE REVOIT. EN ENFER.
« Doom » : l’enfer est pavé de bonnes inventions
« Doom », dit « 2016 », avait réussi l’exploit pas évident de moderniser le classique du même nom sorti en 1993. Avec l’annonce récente d’un prochain opus, « Doom Eternal », Pierre-Alexandre Rouillon de « Gamekult » vient nous expliquer comment ce petit miracle a pu arriver.
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