C : Bonjour à tous, c’est un jour parfait pour détruire un jeu vidéo. J’accueille Benjamin Benoit qui n’a pas eu droit à un mauvais truc depuis longtemps. Tu adores critiquer de mauvais trucs, hein Benjamin ?
B : Non Corentin ! Je suis un être humain normal et il m’arrive d’aimer de bonnes choses. Mais là c’est une catastrophe. Ou, devrais-je dire, un objet vraiment raté et frustrant qui, sauvé par quelques éléments, atteint tout pile le médiocre. Aujourd’hui, c’est jeu vidéo, aujourd’hui c’est Fallout 76, l’un des jeux les plus ratés de son ère. Enfin, de 2018 quoi, n’exagérons rien.
(Wouldn’t It Be Nice – The Beach Boys)
B : Alors Corentin, il s’agit, comme d’habitude de poser les termes du sujet, car Fallout est une série qui est passée par de nombreux états. C’est cocasse car sa thématique principale est la mutation, on parle d’une série toujours post-apocalyptique. Et ça s’applique à cette saga dans son ensemble. J’aimerais revenir sur Fallout New Vegas, qui aura dix ans dans plus si longtemps, mais qui incarne le meilleur de cette série, en tout cas dans ses volets en 3 dimensions.
C : Tu nous racontes un peu comment ça se passe ? Dans son essence, la série est restée la même.
B : Donc on évolue dans une Amérique du nord post-apo, en vue à la troisième ou première personne. On a vu la cote ouest, puis la Pensylvannie, et direction Virginie pour cet opus. Et le but du jeu est d’évoluer dans ces terres désolées, au fil d’un scénario plus ou moins bon. A chaque fois, on gère sa faim, sa soif, son taux de radiations. Et on se bat contre la faune et la flore avec sept caractéristiques que l’on augmente au fur et à mesure. Force, Perception, Intelligence, Charisme, Chance, Agilité, Endurance. Dans New Vegas, chaque problème pouvait se surmonter de X façons. En crochetant, en piratant, même via des joutes verbales avec l’ennemi. Si on avait assez de points de charisme, on pouvait envoyer le boss final voir là-bas s’il y était. ET IL Y ALLAIT. QUEL BON JEU. Mais ça, c’était sous l’écurie Obsidian.
C : Le jeu a changé de mains depuis le 4è opus, sorti en 2015.
B : C’est exact. C’est Bethesda qui s’y colle. Et déjà on pouvait constater des changements dans l’ADN du jeu. Je passe mon tour sur une critique détaillée de ce titre-là, retenez juste que c’était moins bien et que les fans avaient de quoi avoir peur quant à la suite de la saga. Les directions prises étaient inquiétantes, et le prochain volet, c’est celui dont on parle aujourd’hui. Annoncé lors de l’E3 2018, Fallout 76 est un jeu multijoueur, sans le moindre PNJ. Sans personnage non joueur. La crainte est donc d’avoir un univers tout vide et tout triste.
(John Denver – West Virginia Take Me Home)
B : Et les fans avaient raison de s’inquiéter, car le résultat final est à la hauteur des non-espérances. Donc Corentin, c’est parti pour la litanie choquée et déçue.
C : Alors par la quête principale. Je sais qu’elle te rend zinzin.
B : Oh, et aurait le même effet sur n’importe qui. Donc vous sortez de l’abri 76 après des années et des années de guerre nucléaire. A vous de repeupler l’amérique, et de suivre un enseignement de bon samaritain pour eeuhuehueuhpff j’en sais trop rien. Le truc c’est qu’effectivement le jeu va faire semblant plein de fois de te donner des interlocuteurs humains, via des des textes, des audiologs et yadda yadda. Mais tu tombera toujours sur des machines, des morts ou d’autres textes. Donc déjà ça donne cette impression de vide assez déprimante hein, mais le pire du pire dans cette quête principale c’est cette impression d’être un employé de Colis Privé.
C : Privé de Colis !
B : Ok, on va dire d’Amazon, parce que conditions de travail à part, au moins là on sait que tout arrive à destination. Ce que je veux dire, c’est que cette quête est un long travail de facteur. Va là, va à l’autre coté de la carte, va chercher un troisième objet plus loin, va faire ça 50 fois de suite. C’est l’une des quêtes les plus frustrantes et odieuses que je connaisse. Notamment quand la narration fait semblant de s’en amuser. Du genre « allez !! Encore un objet à aller chercher trois kilomètres loin ! MDR ! »
Donc le cœur du jeu est horrible. Mais techniquement, il est aussi à la ramasse. C’est un jeu Bethesda. Ce qui veut dire qu’il a tient à peine debout par définition. Pétri de bugs, assez laid, certaines quêtes ne pouvaient pas concrètement se boucler. Je vous fait pas tout le bilan technique mais c’est un ratage intégral.
Le multi, parlons-en. Il y a du joueur contre joueur mais il reste anecdotique, à plusieurs l’expérience peut s’en retrouver améliorée, ça ne sauve pas tout hein. Mais parfois, jouer seul c’est se confronter à une difficulté injuste et mal dosée.
C : Le temps file ! Comme ta patience apparemment ! D’autres remarques ?
B : Hélas, les menus sont… à caguer. Pardon my french. Et bonjour à tous nos amis du sud. Les menus sont horribles, l’interface est horrible, et la gestion du poids des objets est un calvaire permanent. Dans ce jeu, on doit tout construire, donc tout recycler, donc tout ramasser. Donc on passe sa vie dans les menus. Et ce n’est pas intuitif du tout. Donc c’est la cata totale mon bon Corentin. C’est dommage car la traduction français du jeu est toujours aussi bonne, et quand on s’éloigne des sentiers battus, on peut tomber sur des choses passionnantes, des lieux bien construits, avec du storytelling environnemental. Dans Fallout 76, il faut vraiment chercher pour trouver le bon jeu.
C : Bon ben est-ce qu’on recommande pas Fallout 76 dans les Croissants ? Il dépasse jamais la moyenne dans la presse ce jeu de toute.
B : Ben non. C’est un ratage d’intuitivité, un ratage technique, c’est une énorme dissonance ludo-narrative parce que le temps réel du jeu ruine les fondamentaux de la saga. Je n’ai pris aucun plaisir devant Fallout 76, c’est le pire jeu que j’ai testé pour les Croissants jusqu’à présent, c’est le Monde Secret des émojis du jeu vidéo pour le moment. Bravo, bien joué !
C : Comme ça c’est clair. Sinon tu nous recommande quoi de bien là ?
B : Écoute je sais pas, y’a un jeu de baston qui va sortir avec plein de personnages Nintendo, il l’air prometteur. Vous devriez y trouver le fun qui n’est pas dans cette chronique. A la prochaine !
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