Benjamin : Attention chers auditeurs, si vous ne possédez pas légalement cette chronique, vous pouvez l’écouter mais il faudra l’effacer sous deux jours ! Sinon la gendarmerie viendra chez vous et pour mettre du Zaz à fond. C’est terrible ! Ne faites pas ça !
Corentin : Mes aieux, si cette chronique tombe un vendredi chez vous, vous voilà dans de beaux draps. Bon courage pour dimanche pour ceux-là, et en attendant, j’ai l’impression que tu vas nous parler de jeux vidéo Benjamin.
B : Absolument. Et si le mot « émulation » ne vous dit rien, je vais vous initier à un petit paradis... un petit paradis interdit, car toutes les bonnes choses sont interdites, surtout quand elle fâchent le code de propriété intellectuelle, n’est-ce pas.
C : Alors l’émulation, kessadire ?
B : En tout cas dans le domaine du jeu vidéo, j’eusse tendance à penser deux définitions. L’émulation, c’est l’acte de rejouer à un jeu vidéo déjà sorti en dématérialisé, donc de manière très simplifiée sur un PC, par le biais d’un logiciel qui va émuler la console. Et qué s’appellorio : un émulateur. Tu veux jouer à un jeu Game Boy Advance sans avoir une Game Boy Advance ? Et beh tu vas faire comme tout le monde et tu vas télécharger Visual Boy et un jeu en version numérique, alias une ROM. R.O.M. pour Read Only Memory. À ne pas confondre avec le groupe de Michael Stipe.
C : Hé hé hé. Et pour télécharger ces trucs, il fallait aller sur des sites spécialisés, qui pour se défausser mettait la fameuse mention des deux jours où c’est légal.
B : Je ne sais pas qui est a créé cette mention, mais cette personne doit être très pote avec le gus qui a eu « qu’est-ce que l’audace » au bac. Mais l’émulation, c’est aussi dans un sens l’ensemble du patrimoine du jeu vidéo. Et il est tout à fait possible de mettre la quasi intégralité du medium jeu vidéo sur le même PC, et d’en faire une borne d’arcade universelle. Des logiciels spécialisés existent. Je précise d’ailleurs que niveau penchant légal de la conservation, il existe des assos spécialisées comme MO5.
C : Mais si tu parles d’émulation aujourd’hui, ce n’est pas pour rien.
B : Oui parce que c’est un sujet qui ne se complexifie que via le prisme du droit. Et, évidemment, vous vous doutez qu’il n’est pas vraiment réglo de télécharger des jeux, mêmes vieux, parce que les éditeurs et producteurs comme Nintendo, Sega, Sony n’ont pas fini de vendre des vieux jeux. Via des versions émulées, elles-aussi, mais dans un cadre officiel et surtout par l’ayant droit actuel du jeu. Donc normalement à ce stade vous aurez compris que...
[FAIS CE QU’IL TE PLAIT ETRE UN PIRATE C’EST CA]
B : RIP. Ce qui pose la question : que deviennent les sites qui hébergent ce contenu ? La question a été tranchée pour le site Emuparadise, qui a annoncé le mercredi 8 aout qu’il cesserait ses activités. Ce qui a choqué les dinosaures de l’internet, les millenialzz quoi, puisque ce site était un gros pilier fondateur lancé en 2000. Tu nous lis ce que l’administratieur a posté sur le site ?
C : « Ça ne vaut pas le coup pour nous de risquer de désastreuses conséquences. Je ne peux pas, en toute conscience, risquer l’avenir des membres du site, qui y ont contribué au fil des années (...) Nous travaillons sur EmuParadise pour l’amour des jeux rétro, et pour que vous puissiez revivre ces bons moments. Malheureusement, à l’heure actuelle, il est impossible de le faire de manière à rendre tout le monde heureux, tout en évitant les problèmes »
B : Un coup dur pour ce site qui proposait toute la bibliothèque NES, Super Nintendo, mais qui explique avoir reçu des menaces et avoir subi la fermeture des serveurs de leur hébergeur, sans plus de précisions. Eh bien sûr que les compagnie réagissent contre ces sites depuis plusieurs années, puisque le retrogaming est de moins en moins une pratique acceptée des développeurs, puisqu’ils revendent les vieux jeux. Ce n’est pas prendre un gros risque de dire que c’est probablement Nintendo qui est derrière ces pressions, Big N est coutumier du fait.
C : Nintendo n’a jamais eu la moindre pitié envers les sites d’émulation, même si ce sont des jeux de fans.
B : L’émulation c’est aussi une sous-discipline qu’on appelle le rom hacking. Tu prends un jeu et tu le modifie à ta sauce, d’une simple propriété, de quelques variations dans les chiffres, jusqu’à remodeler le jeu à sa sauce, jusqu’à en faire un tout nouveau. Du coup, l’original n’a servi que de moteur pour créer un jeu de fan, un fangame. Certains font ça et se font repérer et embaucher dans la boîte qui correspond. Nintendo, ils s’en fichent, ils n’ont aucune pitié et ne sont pas sensibles à ça, ils font régulièrement fermer des projets de fans - même s’ils ont été montés par une personne qui aura tout sacrifié pendant cinq ans pour le faire !
C : Jacob Mathias, propriétaire de LeveROMs et LoveRetro, a particulièrement été gâté par les avocats de Nintendo : 150 000 dollars par jeu, 2 millions de dollars par utilisation abusive de la marque, soit un total potentiel de... 100 millions de dollars de dommages et intérêt.
B : Nintendo vient de gagner une autre croisade : ils viennent de faire fermer le moteur principal derrière les jeux de fan de Pokémon. Il s’apelle Pokémon Essentials, et ils bien scrupuleusement fait disparaître toute trace de documentation pour ces outils. Des millions de joueurs ont déjà touché ces jeux de près ou de loin... pas très punk, Nintendo.
C : On te relâche Benjamin, tu peux retourner à la création de ton jeu de fan Digimon.
B : Non, moi je suis plutot Rayman Designer. Big up à ceux qui savent.
Fermeture d’EmuParadise : tous les chemins ne mènent plus aux ROMs
Fin de partie pour EmuParadise. Depuis début août 2018, le site ne propose plus le téléchargement d’anciens jeux, par crainte de poursuites judiciaires par les ayant droits. Voyons pourquoi cette affaire fait autant d’émules, avec Benjamin Benoit.
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