Il s’agit d’un drôle de jeu, quand même ce PlayerUknown’s Battleground. Ou PUBG pour les intimes. Voici un titre qui consiste 90% du temps à fouiller des maisons vides, à courir comme des dératés en pleine nature, à se cacher en attendant qu’il se passe quelque chose et pourtant ! Ce concentré de non-action est LA sensation jeu vidéo du moment au point de voler la vedette aux indétrônables jeux les plus joués sur Steam.
Pourquoi ce jeu guerrier en accès anticipé qui ne paye pas de mine est-il en train de devenir un véritable phénomène ? Essayons de décrypter tout ça. Car les éléments de réponse se situent en partie dans les mécaniques mêmes de ce jeu.
Commençons par le commencement et rappelons un peu en quoi ça consiste PUBG. Il s’agit d’un jeu de tir à la troisième personne qui pourrait s’apparenter à Battle Royale. Vous savez ? Ce manga dans lequel une classe de lycéens doit s’entretuer sur une île. Eh bien là, c’est un peu pareil.
100 joueurs sont parachutés sur une île de huit kilomètres sur huit, et le dernier debout l’emporte. C’est assez simple.
Pour forcer les protagonistes à se croiser, il y a ce qu’on appelle « la zone ». Il s’agit d’un grand cercle qui détermine là où on a le droit de jouer. Si vous êtes dehors, vous perdrez petit à petit de la vie jusqu’à ce que mort s’ensuive ou que vous reveniez en jeu. Elle se réduit régulièrement. À la fin d’une partie, elle ne fait que quelques mètres de diamètre histoire d’en finir le plus vite possible avec les derniers survivants.
Mais surtout, il y a la phase rocambolesque de la recherche d’équipement. Car c’est sans aucune arme qu’on est largués en pleine nature. Il faut donc fouiller les maisons alentours pour trouver pistolets, fusils d’assauts, sac à dos, trousse de secours et autres gilets pare-balles.
PUBG est hypnotisant. On ouvre une porte. On regarde ce qu’il y a dedans. On ouvre une autre porte. On recommence. On change de maison. Une autre porte. Une nouvelle trouvaille.
C’est aussi intéressant à vivre qu’à regarder. On se demande toujours ce qui nous attends. C’est rempli de bonnes surprises. Un casque intégralement blindé ! Chouette ! Une lunette de précision pour Sniper ! Génial ! Oh attends, dans les toilettes, j’en ai trouvé une encore meilleure !
PUBG parvient grâce à ce système de pillage à transformer des maisons en véritable pochette-surprise. C’est un peu lent, surtout en début de partie, mais on ne s’ennuie jamais, car il y a toujours cette éternelle question qui se pose : et après, qu’est-ce qu’on va trouver ?
Ce système peut également expliquer partiellement la popularité de ce jeu sur YouTube et sur Twitch ! Franchement, ouvrir des maisons en direct et regarder ce qu’il y a dedans, ça ne t’évoque rien, Griffoooo ? Ouvrir des trucs en vidéo ?
Eh oui. C’est tout simplement de l’unboxing. De l’unboxing, mais avec de l’enjeu. Du David Lafarge, mais avec des flingues ! Et avec plus de rythme que de la simple ouverture de caisse dans Overwatch avec ça. Car même si on ne trouve rien de bien, et ce, maison après maison après maison, eh bien ça reste divertissant.
L’autre grande force de PUBG, l’autre grande qualité qui rend ce jeu aussi populaire sur Twitch et Youtube, c’est sa capacité à transformer chaque partie en un véritable récit.
Des archétypes classiques comme « je suis très mal équipé, mais je finis dans les 10 derniers quand même », ou encore « je suis extrêmement bien équipé, mais je meurs tout de suite d’une balle dans le crâne placée par un sniper qui m’a repéré », PUBG est une véritable usine à anecdotes.
Il y a celui qui va gagner en restant accroupi dans un grenier. Celui qui aura écrasé deux personnes en garant son bateau sur la plage. Celui qui aura tué une personne à 200 mètres, sans faire exprès. Celui qui aura passé toute sa partie à courir après la zone, car il n’a pas trouvé de véhicule. Et je peux continuer longtemps comme ça.
Une fois qu’on regarde PUBG sous cet angle, on comprend mieux pourquoi le jeu est si populaire sur les plateformes de Streaming. Aujourd’hui, il est régulièrement le deuxième jeu le plus regardé sur Twitch et est même devenu le jeu non-Valve le plus joué le mois dernier, avec des pics à près de 500 000 joueurs simultanés.
Un tournoi a eu lieu à la gamescom et Bluehole, le développeur, a déjà annoncé qu’il travaille sur de nouvelles cartes. Et c’est sans parler de l’arrivée du jeu sur console avec la version Xbox One prévue pour la fin de l’année. Bref, les histoires improbables de survie qui s’écrivent au rythme des balles de M16 ou de SCAR-L n’ont pas fini de nous passionner.
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