C : Bonjour à tous ! Aujourd’hui, Benjamin Benoit a encore dépensé l’intégralité de son troisième tiers prévisionnel au Salon du Livre ! Franchement, Benjamin, c’est pas super raisonnable tout ça !
B : Salut à tous, salut Corentin, mais... je m’en fiche ! C’est le Salon Livre Paris ! Et pas le Salon du Livre, d’ailleurs, il paraît que si tu dis trois fois salon DU livre devant ton miroir, Françoise Nyssen, la ministre de la culture, vient chez toi te frotter la tête. Bref, c’est l’un des meilleur moment de l’année. T’y vas, tu achètes tout. Tu manges plus pendant trois mois après mais ça vaut le coup. Puis tu lis le dixième de ce que tu as acheté. Ahlala...
PAUSE MUSICALE - READ A MOTHERFUCKING BOOK
B : Oui, comme ils disent.
C : Ce qu’on va préciser aujourd’hui, c’est que cette édition du salon a été marquée par un évènement particulier.
B : Une polémique en fait. D’abord, il faut souligner que le salon mettait les auteurs russes à l’honneur. Un timing un peu bizarre en pleine réélection de Vladimir Poutine au Kremlin pour un quatrième mandat, et à un moment où les relations franco-russes ne sont pas excellentes. Mais vous inquiétez pas, elles sont largement pires avec le Royaume-Uni, qui accuse le pouvoir russe d’y avoir empoisonne sur son soĺ un ancien espion russe. Bon, on va laisser de coté la Nouvelle Guerre froide pour parler d’une lutte menée par les auteurs qui sont, mine de rien, au coeur de l’évènement.
C : Et ils n’étaient pas quelques-uns : le salon attendait 3 000 auteurs.
B : Et ils grondaient contre les co-organisateurs du salon : le Syndicat National de l’Édition (le SNE) et Reed Expositions France. Pourquoi ? Pour les rémunérer.
Je vais vous demander de vous accrocher un petit peu.
Pierre Dutilleil, secrétaire général du SNE, a promis de, je cite : rémunérer toutes les interventions, toutes les tables rondes, ateliers, rencontres qui font l’objet d’un travail, comme cela se fait au tarif en vigueur ». Et de laisser gratuits les évènements promotionnels comme les entretiens autours de leurs oeuvres et les dédicaces. Les dédicaces ne sont pas gratuites partout dans le monde, d’ailleurs, au delà du support sur lequel on fait signer. Les artistes américains ont pour habitude de faire payer un petit quelque chose.
C : Et donc, la question qui fâche, c’est ce qui constitue un évènement promotionnel ou pas.
B : Ben oui, c’est un peu flou, ça a été la pomme de Discorde. Surtout quand on sait que la vie d’auteur est rarement faite d’amour et d’eau fraîche. En fait, le salon est tenu de rémunérer 150 euros un auteur pour tout panel de plus de trois personnes. Mais ça, c’est pour les salons qui recoivent des billes pour le Centre National du Livre, ce qui n’est pas le cas ici.
Et, bon, même s’il faut parfois se pencher n’importe où pour y trouver invitation au Salon Livre, il est très rempli et coute jusqu’à huit euros la place.
PAUSE : PAPERBACK WRITER
C : Et il se trouve que la ministre de la culture connaît bien le monde de l’édition.
B : Avant d’entrer au gouvernement, elle était chez Actes Sud. Elle a interpelé les organisateurs du Salon en rappellant que toute prestation est légitime d’être rémunérée. Un article du Monde cite Marie Sellier, la présidente de la Société des gens de Lettres... wow, je sais pas ce que c’est, mais ça fait un peu illunatis... bref Marie Sellier rappelle que parler de « promotion » est d’une grande hypocrisie, puisque le livre profite à tous les maillons de la chaîne... sauf les auteurs. Et il serait peut-être temps de penser un peu plus à eux.
C : Ce même article qui rappelle que 41% des auteurs touchent moins que le smic.
B : Voilà. Je vous lit la punchline d’une éditrice publiée par le site ActuaLitté. « C’est tout de même dommage que le salon dispose d’un budget plantes vertes plutot que pour les auteurs !». Le Salon a fini par céder.
C : C’est marrant parce que ça me rappelle une affaire plus récente qui jouait précisément sur ce flou.
B : Absolument. On est plus dans le domaine du politique,ici, mais ça questionne parfaitement la frontière entre ce qu’on considère comme étant une « performance » gratuite et une prestation. Le 16 avril, le Monde a révêlé qu’en 2017, Alexis Corbière, alors en campagne présidentielle pour Jean-Luc Mélenchon, a touché 205 euros à chacun de ses interventions médiatiques. En épluchant les comptes de campagnes du candidat, Le Monde s’est aperçu que le porte-parole de la France Insoumise a fait facturer des, je cite, « préparation et lecture d’argumentaires », mais aussi « l’enrengistrement et le déplacement » qui, selon lui, compte sept heures de travail. Il avait donc un statut d’auto-entrepreneur, ce qui est... un peu start-up nation quand même. Dix fois par mois. Bon Corentin, tu as maintenant une excellente raison de m’augmenter !
C : Écoute euuuuuh... il va falloire vraiment beaucoup d’abonnements en plus pour ça, donc vous savez quoi faire. Mais oui, c’est intéressant. Je vois ce que tu veux dire. Merci Benjamin en tout cas pour nous avoir expliqué cette bisbille entre le Salon du livre et les auteurs !
B : J’aurais tenté !
Au Salon livre Paris, le tiroir-caisse coince un peu pour les auteurs
En 2018, le Salon du livre de Paris a été au centre de plusieurs polémiques. Celle qui a fait le plus de bruit concerne certainement la rémunération des auteurs assurant des prestations sur place. Benjamin Benoit nous explique le pourquoi du comment de cette protestation.
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