Corentin : Angèle Chatelier est venue nous parler d’un coup de coeur... Un coup de coeur pour le nouveau roman de Jean-Michel Guenassia et son titre à rallonge : De l’influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles...
(EXTRAIT 1 pour habiller)
Angèle : Oh que oui, on peut parler d’un coup de foudre, même. Et si je vous en parle, c’est aussi parce que nous commémorons ou avons commémoré selon le moment où vous écouterez cette chronique les deux ans de la disparition de notre regretté David Bowie, mort le 10 janvier dernier 2017.
Alors mettez-vous bien et venez voyager avec nous dans l’histoire de Paul, le personnage principal de ce roman...
(EXTRAIT 2 à mettre en dessous)
“Moi, je me plais dissimulé dans le clair-obscur. Ou perché tout en haut, comme un équilibriste au-dessus du vide.
Je refuse de choisir mon camp, je préfère le danger de la frontière.
Si un soir, vous me croisez dans le métro ou dans un bar, vous allez obligatoirement me dévisager, avec embarras, probablement cela vous troublera, et LA question viendra vous tarauder : est-ce un homme ou une femme ?”
(EXTRAIT 3)
Paul a 17 ans. Paul n’est ni homme, ni femme. Du moins, il ne veut pas avoir à le choisir. Il est non genré, non-binaire. Il est juste… Paul.
Paul est le personnage principal du nouveau roman de Jean-Michel Guenassia De l’influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles. Un livre sorti en août dernier.
Un an et huit mois après la mort de David Bowie. Le 10 janvier 2016. (EXTRAIT 4)
C : C’est bien joli tout ça, mais David Bowie intervient quand dans cette histoire ?
A : Eh bien, sachez-le, vous serez peut-être déçus, David Bowie n’est pas le thème central de ce livre. Il y joue cependant un rôle central que vous découvrez très rapidement tant l’artiste est présent par ses idées, son influence. Car on le sait, Bowie est aussi reconnu pour avoir été le premier gender bender mondial. L’androgyne, l’outrancier, parfois.
Le thème central de ce livre, c’est bien l’identité. L’identité de genre, le fait de se définir comme non-binaire, quelque chose qui va au-delà d’être un homme ou d’être une femme.
C : De l’influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles est donc un roman de notre époque, en somme
A : C’est sur qu’il aurait été difficile de raconter une telle histoire dans les années 60.
Paul aime choisir de quelle identité il va se vêtir selon les situations. Lui qui se dit lesbien, qui aime les femmes, s’amuse à trainer dans une boite de nuit pour lesbiennes. Et il adore ça. Car s’il y a bien une chose que Paul sait sur son identité, c’est qu’il aime les femmes.
Comme sa mère.
C : Outre les question de genre, ce roman traite aussi de la question des familles homoparentales !
A : Absolument. Paul ne connaît pas son père. Il vit avec Léna, sa mère complètement barrée, anarchiste, fada des Harley Davidson, tatoueuse. Et surtout, très peu tolérante.
Léna habite avec Stella, une femme beaucoup plus calme, réfléchie et apaisée.
Léna ne veut qu’une chose : que son fils aime les garçons.
L’auteur Jean-Michel Guenassia a fait la prouesse ici de prendre à contrepieds les clichés du quotidien. Lorsqu’aujourd’hui certains parents ne veulent pas que leurs enfants soient homosexuels, avec Léna et Paul, c’est le contraire.
C : Et ce n’est pas le seul point d’éducation sur lequel ces parents sont à contre-courant.
A : Par exemple, Léna est contente quand Paul décide de quitter le collège. Elle déteste l’autorité et l’Éducation Nationale. Selon elle, cela empêche notre créativité.
Tous les personnages de Jean-Michel Guenassia, ou presque, sont donc dans des formes de transgressions par rapport aux normes actuelles, comme il aime le dire.
Et Paul parle constamment de sa mère. S’il n’a aucun problème avec sa non-binarité (c’est d’ailleurs plutôt la société qui en a un !), il a cependant un complexe d’Oedipe pas vraiment réglé. Comme s’il cherchait sa mère névrosée et un peu déglingo à travers toutes les femmes qui habitent sa vie.
Sa mère qui, vous l’aurez compris, veut constamment décider à sa place. (EXTRAIT 5 You Don’t Own Me)
C : Un gros problème que beaucoup d’entre nous connaissons… Celui de l’indépendance j’entends, pas l’Oedipe.
A : Bin oui… La question de l’indépendance est très présente dans le livre. Paul n’a que 17 ans mais veut déjà avoir son appart.
Mais pour ça, il faut des sous. Bah oui.
Et pour en avoir, Paul joue tous les soirs du piano dans le restaurant de sa belle-mère Stella… (EXTRAIT 6)
De l’influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles est un ouvrage extrêmement musical. Paul qui est en “je” dans le livre, c’est donc son histoire, nous parle des musiques qu’il joue dans ce petit rad où personne ne l’écoute. Il a une affection particulière pour cette sérénade de Schubert que vous venez d’entendre, par exemple.
Avec le piano, il séduit. Une chanson revient régulièrement, c’est In The Mood For Love, version Bryan Ferry… (EXTRAIT 7)
Sa mère quant à elle écoute ACDC, Metallica, du bon gros rock.
S’il y a bien un conseil que je puisse vous donner, c’est de lire ce livre en musique.
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De l’influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles est un roman extrêmement actuel. Un roman d’éducation sentimentale. Alors oui, parfois, il y a un peu de psychologie de comptoir, de concepts un peu trop simple et facile. La vie ne l’est pas toujours autant.
Mais l’auteur Jean-Michel Guenassia est un habitué. Il aime nous raconter des histoires qui nous parlent… aujourd’hui.
C : Avec son autre roman, Le Club des incorrigibles optimistes, par exemple
A : Oui. Un livre sorti en 2009 pour lequel il reçu le Prix Goncourt des lycéens. Dedans, il a tenté d’écrire, je cite, le roman d’une génération, en reconstituant l’histoire des années 60.
L’amour aussi est très présent. Dans La Valse des arbres et du ciel, son roman sorti en 2016, il s’intéresse à Marguerite Gachet, celle qui aurait été le dernier amour de Van Gogh Une femme qui étouffe dans le carcan imposé aux femmes, justement, à la fin du 19ème siècle.
C : De l’influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles de Jean-Michel Guenassia, c’est chez Albin Michel. Un roman terriblement actuel, alors que nous commémorons les deux ans de la disparition de David Bowie. Merci Angèle Chatelier pour ton conseil lecture, et à bientôt !
« De l’influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles » : gender musical
Angèle Chatelier est venue nous parler de son dernier roman coup de cœur, « De l’influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles » par Jean-Michel Guenassia. Et ce, deux ans après la mort de l’artiste culte.
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