Thomas : …j’ai vu des horreurs… Des horreurs que tu as vu… mais tu n’as aucun droit de me traiter de meurtrier… Tu as le droit de me tuer, tu as le droit de faire ça. Mais tu n’as pas le droit de me juger…
Corentin : Euh… Thomas ? Ca va ?
Thomas : Ah, euh, oui, pardon Corentin, je reviens tout juste de l’enfer, c’est pour ça. Ce genre de choses, ça laisse des marques, tu sais.
Corentin : Oui, m’enfin ce que je vois, c’est surtout que tu reviens d’un visionnage d’Apocalypse Now. Pourtant, tu m’avais dit que tu parlerais de séries TV aujourd’hui. C’est quoi encore ces saucisses ?
Thomas : Ne t’en fais pas mon bon ami. Si je me suis permis cette petite pirouette stylistique en invoquant le cinéma de Coppola et un chanteur enterré à deux pas du studio des Croissants, c’est parce que la série dont je parle aujourd’hui aborde l’apocalypse. Il s’agit de Good Omens, ou De Bons Présages en français, et c’est une mini-série de 6 épisodes disponibles sur Prime Video.
Corentin : Good Omens… Good Omens… C’est pas un bouquin, ça, à la base ?
Thomas : Eh oui ! C’est un roman de fantasy humoristique écrit à quatre mains par le légendaire Terry Pratchett, le regretté créateur du Disque-Monde, et Neil Gaiman, dont j’avais déjà parlé ici parce qu’il est aussi l’auteur, entre autres, d’American Gods. Le livre paraît pour la première fois en 1990, et devient rapidement un succès tant d’estime que commercial.
Forcément, ça attire les convoitises d’Hollywood, ce genre de choses. En 2002, un premier projet d’adaptation en film voit le jour, avec l’ancien Monty Python Terry Gilliam à la barre. Mais ce projet tourne au vinaigre au bout de quelques années. Il faut donc attendre 2016 pour que Neil Gaiman fasse une première annonce d’un projet de série TV. Et nous voilà, au printemps 2019, avec une première adaptation filmée de l’oeuvre.
[02 - opening good omens.wav]
Thomas : C’est un extrait du générique d’ouverture de la série.
Corentin : Bon, on a le contexte de production de la série, et c’est sympa, mais ça ne nous dit toujours pas de quoi parle Good Omens. Alors laisse-moi te poser cette question : de quoi parle Good Omens ?
Thomas : Excellente question, Corentin, je te remercie de me l’avoir posé. Tout commence avec le péché originel : un démon nommé Crowley tente Eve avec la pomme. La suite, on la connaît : l’humanité est expulsée du jardin d’Eden, et tout n’est plus que souffrance. Heureusement pour Adam et Eve, l’ange Aziraphale leur donne son épée enflammée, parce que bon, Eve est enceinte, et dehors il fait froid, et il y a plein de dangers aussi.
Faisons un saut dans le futur de quelques millénaires (car, oui, la terre a en fait plus ou moins 6000 ans, ne croyez pas ce que les astronomes veulent vous faire croire avec leurs histoires de Big Bang). Crowley et Aziraphale sont les envoyés spéciaux de leurs camps respectifs sur terre. Ils y vivent et s’y croisent depuis des siècles, appréciant leur petite vie tranquille. C’était sans compter sur l’arrivée de l’ANTÉCHRIST sur terre, né en 2007, et donc de L’APOCALYPSE prochaine, prévue 11 ans plus tard, en 2018.
Corentin : Ah, je comprends mieux les références à Marlon Brando en introduction. Et donc, tu disais, l’Antéchrist ? Sale affaire ce truc, j’imagine.
Thomas : Tu ne crois pas si bien dire. A sa naissance, l’Antéchrist doit être confié à un couple de diplomates américains vivant en Angleterre, pour pouvoir déclencher plus tard le feu nucléaire et la fin du monde qui va avec. Mais dans un plot twist incroyable digne des meilleurs films d’Étienne Chatiliez, l’échange de bébés ne se passe pas comme prévu, et l’Antéchrist se retrouve dans une famille de classe moyenne en plein coeur de l’Oxfordshire.
Corentin : Bon, comme j’imagine qu’il s’agit d’une série comique britannique, il va y avoir plein de péripéties délicieusement absurdes, des dizaines d’intrigues sans aucun lien entre elles a priori qui vont se rejoindre à la fin et tout le tralala.
Thomas : Tu ne crois pas si bien dire ! Bon, tiens-toi prêt, voici un échantillon des trucs et machins qui t’attendent dans la série :
[03 - usatei.wav]
Un prince-démon avec un caméléon sur le crâne, un Kraken géant, le continent perdu de l’Atlantide, le seul livre de prophéties exactes au monde, une armée de chasseurs de sorcières constituée de deux personnes, LA MORT doublée par Sir Brian Cox, Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique, des nazis, une voiture en flammes, des runes mésopotamiennes, Georges W. Bush, une mine à shrapnels au XVIIe siècle, William Shakespeare et bien d’autres choses...
Corentin : Ca en fait, des trucs, effectivement ! Et pendant que tu reprends ton souffle, permets-moi de te poser une nouvelle question : le synopsis est intriguant pris comme ça, mais est-ce que transposé à l’écran, ça tient la route ?
Thomas : Eh bien on est dans du très british. A la réalisation, on a Douglas Mackinnon, un habitués des plateaux de tournage de la BBC puisqu’il a dirigé une multitude d’épisodes pour les séries de la chaîne, dont Doctor Who et Sherlock. Le scénario a été écrit par Neil Gaiman himself, on a donc la certitude que cette adaptation a réellement reçu le blanc seing d’un de ses auteurs (l’autre étant, hélas, décédé).
Et côté acteurs et actrices, ça aligne les grands noms : David Tennant dans le rôle de Crawley, et Michael Sheen dans celui d’Aziraphale, Frances McDormand qui fait le doublage de Dieu, ou encore John Hamm en ange Gabriel très col blanc. Du beau monde, donc.
Et je n’ai pas oublié ta question : oui, ça tient la route, mais ça ne plaira clairement pas à tout le monde. Tout ce petit monde interagit correctement, rien à redire. Mais les choix de photographie ou de montage pourront en rebuter plus d’un. Pour vous donner un exemple, on se rapproche d’un délire à la Dirk Gently, là encore une série produite par la BBC, adaptée d’une série de romans de SF humoristique, par un auteur anglais aimé de tous, Douglas Adams. Bref, si vous avez vu Dirk Gently, vous saurez à quoi vous attendre. Et si vous n’avez pas vu Dirk Gently, sachez que c’est disponible sur Netflix.
Corentin : Oui, mais c’est de Good Omens que l’on parle aujourd’hui, donc on veut ton verdict : malgré des choix esthétiques particuliers, est-ce que c’est bien quand même ?
Thomas : Si vous aimez l’humour anglais, l’eschatologie chrétienne, la musique de Queen, les motos et les imbroglios consécutifs à des échanges de bébés à la naissance, cette série vous plaira. Par contre, si votre passion dans la vie c’est remplir votre déclaration de revenus sur papier en buvant un bon verre d’eau tiède, optez peut-être pour autre chose, comme Le Patient Anglais, par exemple.
Corentin : Bon, eh bien merci pour cette ultime chronique très à propos, sur la fin du monde.
Thomas : Ca aura été un vrai plaisir, Corentin. Et merci à toutes et tous de l’autre côté de l’application, pour votre soutien et vos messages. Et puisqu’il me reste quelques secondes et qu’on est dans une thématique humour absurde anglais, quittons-nous avec ce message plein d’espoir.
[04 - always look on the bright side of life.wav]
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