Corentin : Quand on allie la musique à la politique on pense surtout aux rappeurs, Renaud peut-être à la limite (pour la vanne). Avant eux, c’était la musique punk qui représentait l’art musical contestataire. Sauf qu’aujourd’hui et même depuis bien longtemps, les artistes de musique électronique tentent aussi de faire passer leurs messages et leurs valeurs. Le tout dans un but politique mais aussi.. pédagogique. Le dernier en date, la star de l’électro The Avener. Angèle Chatelier fait un point avec nous.
(EXTRAIT 1)
Montage audio : C’est notre projet/Benoit Hamon/Fillon/Mélenchon + musique
Angele : “Notre boulot de musicien, c’est de faire du bruit. Et faire du bruit d’une certaine manière, à certains endroits, peut avoir une conséquence sur le plan social et politique ». Ça, c’est ce qu’à dit la star de l’électro Jean-Michel Jarre au webzine French Morning (EXTRAIT 2)
Quand la musique électronique fait de la politique… et de la pédagogie. Presque un an après la présidentielle, cette question est revenu sur le devant de la scène. En effet, l’artiste de musique électro The Avener s’est affiché auprès de Christian Estrosi, maire de Nice, membre du parti Les Républicains. Celui-ci l’a nommé, ainsi que 8 autres personnalités niçoises, comme chargé de mission pour le développement de la ville. The Avener, lui, aura en charge le développement des musiques actuelles et l’aide à la création musicale dans la ville de Nice. (EXTRAIT 3 THE AVENER)
Cela ne veut pas dire que The Avener soutient ou non Christian Estrosi et sa politique comme on peut l’entendre dans son entourage. Cela veut surtout dire que l’artiste veut s’engager auprès de la ville où il est né pour mettre en lumière des artistes émergents et développer, justement, les musiques actuelles.
C : Il y a quelques semaines, c’est aussi le géant du genre, Arnaud Rebotini qui a été consacré au César
A : Oui, il a reçu le César de la meilleure musique originale pour 120 battements par minute, film politique qui revient sur l’épidémie de sida dans les années 90, notamment dans la communauté LGBT (EXTRAIT 4)
C : En France pourtant, nombreux sont les groupes d’électro à avoir un jour levé le nez de leurs consoles pour tenter de faire passer un message, le leur.
A : En novembre dernier, le groupe d’électro français Acid Arab prend parti dans le conflit israélo-palestinien.
Il faut savoir que les deux DJs ont une fan base immense en Israel. En novembre dernier, ils se sont produits à Haifa, une grande ville du nord du pays. Dans un post Facebook, ils ont été clairs : le duo français ne se produira que dans des salles palestiniennes, uniquement lors de soirées organisées par des promoteurs palestiniens.
C : Avant eux, c’était Nicolas Jaar qui avait fait une annonce du même type
A : Le célèbre compositeur et producteur de musique électronique est lui-même d’origine palestinienne. En septembre dernier, il s’est produit à Ramallah, un Territoire palestinien situé dans la zone de collines du centre de la Cisjordanie. Là où les concerts d’artistes renommés se font rares.
C : Mais les artistes électro s’engagent aussi directement en France
A : Oui, et on pense évidemment à Laurent Garnier, celui que beaucoup qualifie de « Johnny Hallyday de l’électro" (EXTRAIT 5)
Déjà parce qu’il a été le premier artiste d’électro à recevoir la décoration de chevalier de la légion d’honneur. C’était en septembre 2017.
Ensuite parce que comme beaucoup d’artistes, il a eu le droit à sa petite polémique. En octobre dernier, il se produit au Rex, à Paris. A la fin de son concert, face à une salle comble, il joue le morceau Porcherie des Béruriers noirs, celui où le refrain hurle « La Jeunesse emmerde le Front National » (EXTRAIT 6)
Une horde de commentaires haineux, de militants ou sympathisants FN notamment, tu t’en doutes Corentin, ont inondé la toile. A ce sujet, Laurent Garnier s’était exprimé dans Trax Magazine.
C : Il disait : « en tant qu’artiste, on doit à un moment se réveiller et dire des choses. On ne peut pas être apolitiques tout le temps. », rappelant aussi que l’électro est une musique multiculturelle, basée sur le respect et le partage
A : Il s’est d’ailleurs envolé aux Etats-Unis peu de temps après. Il jouait pile le jour où Donald Trump a mis en place le Muslim Ban. A 4h du matin, il a donc arrêté la musique et joué le discours de Martin Luther King, I Have a Dream (EXTRAIT 7)
Mais l’électro Corentin et encore moins l’électro engagée n’est pas qu’une affaire d’hommes. Les femmes, elles, outre leurs opinions politiques, dénoncent le sexisme dans le milieu de la musique électronique. C’est le cas de la DJette Louisahhh (EXTRAIT 8)
C : En novembre 2015, elle s’est indignée sur son blog de la sous-représentation des femmes artistes de musique électronique
A : Elle y déclare : “Quand on a posé la question de la sous-représentation des femmes à DJ Frontlier, il a répondu que c’était peut être parce qu’elles passaient trop de temps chez Sephora et pas assez sur leurs productions”.
Le magazine Trax, spécialisé dans l’électro a publié un numéro spécial en août 2017 intitulé : la musique a-t-elle un sexe ? Dedans, la DJ Piu-Piu, entre autres y témoigne du sexisme de l’industrie et a ensuite participé à plusieurs conférences pour le dénoncer.
C : Pour conclure, donc, les artistes électro font passer des messages politiques mais à l’instar de The Avener, par exemple, ont aussi un rôle social. Celui d’accompagner des artistes émergents et aider à la création musicale.
Merci Angèle de nous avoir éclairé en musique et à bientôt !
Quand l’electro mixe engagement et musique
À l’instar des punks ou des rappeurs, les artistes de la scène electro ne sont pas contre l’idée de s’engager dans leurs propres luttes sociales et politiques. Avec Angèle Chatelier, faisons un petit tour d’horizon de ces artistes qui ont choisi leurs combats.
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