Corentin : La PMA : on en parle, beaucoup ont un avis là-dessus, mais nous ne savons pas tous ce que c’est concrètement. Alors que l’ouverture de la PMA aux couples de femmes est une promesse de campagne d’Emmanuel Macron, Angèle Chatelier nous éclaire sur l’un des plus grands débats de la bioéthique de ces dernières années
Angèle : En 2018, un enfant sur trente devrait être conçu grâce à la procréation médicalement assistée, la PMA. C’est en tout cas ce qu’a révélé l’Institut national d’études démographiques dans son dernier bulletin.
Il faut dire que la PMA a une sacrée histoire : en France, elle commence même au début du 19ème siècle, lorsque fut réalisée la première insémination artificielle intra-conjugale dans l’Hexagone. Le but de ce procédé bioéthique : permettre à des couples infertiles d’avoir des enfants ou bien d’éviter la transmission de maladies génétiques.
C : C’est un dispositif révolutionnaire qui existe sous la forme de deux techniques
A : L’insémination artificielle et la fécondation in vitro. La première consiste à insérer le sperme du conjoint ou d’un donneur dans l’utérus de madame lors de son ovulation. La seconde technique est un peu plus compliqué : le sperme est intégré dans l’ovule par des biologistes et médecins, en dehors du corps de la femme. La petite Amandine a été le premier enfant conçu par fécondation in vitro. Nous étions en 1982 (EXTRAIT 1)
Aujourd’hui, les chiffres d’enfants nés grâce à ces différentes techniques de procréation médicalement assistée vous l’aurez compris, sont considérables.
Sauf que pour l’instant, cette prouesse scientifique n’est réservée qu’aux couples hétérosexuels.
C : Et elles doivent avoir moins de 42 ans.
A : Au-delà de ça, la PMA est interdite aux femmes célibataires et aux couples de femmes. Du moins, en France.
Et le sujet fait débat. (EXTRAIT 2)
Faut-il ouvrir la procréation médicalement assistée aux couples de lesbiennes ? Cette idée, Emmanuel Macron en a fait une promesse de campagne. Mais d’autres avaient ouvert la voie avant lui, sans pour autant entériner le projet. François Hollande, par exemple. S’il a ouvert l’adoption et le mariage pour les couples de même sexe, il a seulement amorcé une ouverture de la PMA pour les femmes lesbiennes. Dans une interview accordée à Buzzfeed en avril 2018 d’ailleurs, il s’était confié à ce sujet :
C : « J’aurais dû aussi franchir cette étape », avait-t-il déclaré
A :La charge est donc aujourd’hui au président Emmanuel Macron, qui en a fait une véritable promesse de campagne. (EXTRAIT 3)
Si en un an, la promesse n’a pas été entérinée, elle est revenue sur le devant de la scène en janvier dernier lors de l’ouverture des Etats généraux de la bioéthique.
La secrétaire d’Etat chargée de l’égalité femme/homme, Marlène Schiappa, martelait alors qu’il fallait mettre fin à la discrimination.
C : Mais alors, pourquoi l’ouverture de la PMA au femmes homosexuelles fait débat ?
A : Un peu comme l’adoption et le mariage pour tous, l’idée qu’un enfant naissent avec deux parents du même sexe provoque des remous. Dans un communiqué publié en septembre 2017, la Manif pour tous déclarait qu’un enfant ne pourrait être heureux sans figure masculine pour l’éduquer.
Pire, la PMA c’est selon eux : « faire sciemment un enfant sans père ». Ajoutant :« Comment peut-on imaginer fabriquer un enfant délibérément privé de son père ? »
C : Sauf que la majorité de la population française n’est pas de cet avis
A : Selon un sondage BVA réalisé en mars 2018, 56% des Français sont favorables à la procréation médicalement assistée pour tous les couples. Ils sont presque autant à être favorable à la GPA, l’autre procédé bioéthique pour féconder qui fait débat.
C : La gestation pour autrui, ou le principe des mères porteuses
A : Si Emmanuel Macron a fait de la PMA pour toutes une promesse de campagne, il s’est cependant farouchement déclaré contre la GPA. Le principe est simple : une femme est inséminée par des embryons puis enfante et accouche d’un bébé qu’elle remettra ensuite aux couples commanditaires. Cette mère porteuse est alors payée pour enfanter. Ce procédé fait évidemment débat : beaucoup dénoncent les inégalités sociales - se serait alors de l’exploitation pour les femmes les plus démunies, par exemple.
C : La gestation pour autrui est pourtant autorisée au Royaume-Uni
A : Sous beaucoup de conditions, oui. Mais comme en Australie, à Chypre, au Danemark ou encore au Canada, le GPA n’est légale que si la mère porteuse ne reçoit aucune rémunération. On parle alors de gestation altruiste.
La PMA pour toutes, elle, possede a priori de beaux jours devant elle, du moins en France. En juillet dernier, le Conseil d’Etat a proposé un certain nombre de dispositions rendant possible et de la manière la plus égalitaire possible la procréation médicalement assistée, sans pour autant se prononcer pour ou contre la réforme. Ces propositions, rappelait alors l’AFP, figuraient dans une étude sur les aspects juridiques de la prochaine révision de la loi de bioéthique. Parmi ces dispositions : celle de rembourser par la sécurité sociale la PMA pour toutes ou encore d’inscrire le nom des deux femmes sur l’acte de naissance, et non pas une seule.
C : Quand la PMA pour toute pourra être légale en France ?
A : A priori, fin 2018. C’est en tout cas là qu’auront lieu les Etats généraux, organisés par le Comité consultatif national d’éthique. Une première étape à la révision de la loi de bioéthique. Une loi révisée tous les sept ans au moins. Si la PMA pour toutes est bel et bien entérinée dans cette loi et bien… il faudra encore espérer qu’elle le reste.
C : Merci Angèle Chatelier de nous avoir éclairé sur la loi de bioéthique et le débat autour de la procréation médicalement assistée pour toutes, en France.
Zéro papa, beaucoup de bla-bla : PMA
La PMA, la procréation médicalement assistée, est au centre des débats en France. À l’aube d’une révision législative qui pourrait la rendre accessible aux couples de femmes dans l’Hexagone, on refait le point sur cette procédure médicale avec Angèle Chatelier.
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