Hey guys! Listen to our new album, Future Pop! Check it out!
Corentin : Ah ben c’est rare que tes chroniques commencent par un son, Thomas. Qu’est-ce qu’on vient d’écouter à l’instant ?
Thomas : C’est bien simple : il s’agit d’un extrait d’une story tirée du compte Instagram du groupe Perfume. Dedans, Nocchi, une des membres du groupe, explique en aspirant beaucoup d’air qu’il faut écouter le nouvel album du groupe, sorti le 15 août 2018.
Corentin : Ah, tu viens parler musique ? C’est dommage, j’étais bien parti pour une petite chronique de travail de l’anglais, tu sais, comme l’émission Victor qui passait très tôt le matin sur France 3 et France 5, là. Mais bon, OK, va pour la musique japonaise. Pour commencer, est-ce que tu peux nous rappeler ce qu’est Perfume ?
Thomas : Il s’agit d’un trio composé de a-chan, nocchi que nous venons d’entendre, et kashiyuka. Elles chantent, elles dansent, elles sont belles, et elles font parties des artistes les plus bankables du Japanistan. Si on devait définir le style, je dirais qu’il s’agit d’une électro-pop parfois inspirée, parfois moins. Le groupe est originaire d’Hiroshima, et existe maintenant depuis 2000.
Corentin : Ah oui, 18 ans d’existence, quand même !
Thomas : Oui, mais elles ne se lancent vraiment qu’à partir de 2002. Et il faut attendre 2008 pour que leur premier tube, Polyrhythm, gagne en reconnaissance nationale. C’est leur premier titre à être dans les 10 premières places des charts japonais.
[02 - polyrhythm.mp3]
Le morceau apparaîtra d’ailleurs bien des années plus tard dans le film de Pixar Cars 2. Depuis, chacun de leur single finira systématiquement dans les 3 premières positions de l’Oricon, l’équivalent japonais du Top 50.
Corentin : OK, du coup, qu’est-ce qui a permis à Perfume de gagner cette notoriété ?
Thomas : L’architecte de leur succès, c’est le producteur Yasutaka Nakata. Connu à l’époque pour être l’une des moitiés du duo Capsule, un groupe de Shibuya-kei, il va transformer Perfume d’un groupe de pop japonaise lambda en un trio orienté synthpop et EDM. C’est également lui qui est à l’origine du succès de Kyary Pamyu Pamyu, autre superstar japonaise.
Nakata est le marionnettiste de Perfume. Il compose, écrit et dirige chaque morceau, et a une stratégie marketing simple mais efficace pour faire connaître le groupe : il va chercher à faire de chaque single de Perfume un tie-up.
Corentin : Tie-up ? Kézako ?
Thomas : Un tie-up, c’est tout simplement un morceau original utilisé comme musique de fond pour une publicité, une série, un film… Perfume est ainsi devenu connu grâce à une multitude de partenariats marketing bien placés. Et ça leur a permis de vendre des palettes et des palettes de CDs, parmi les dizaines de singles et les maintenant 6 albums studio qu’elles ont sorti.
Aujourd’hui, les Perfume sont des icônes culturelles au Japon : les vêtements qu’elles portent se vendent comme des petits pains, leurs apparitions sont dûment scrutées par leurs milliers - voire millions - de fans, et on en est à un point tel que, contractuellement, elles ne peuvent pas changer de coupe de cheveux tellement ces dernières sont devenues indissociables de leurs images. Surtout, leurs performances scéniques sont assez dingues, mêlant video mapping, jeux de lumières et chorégraphies impossibles.
Depuis quelques années, Perfume essaye de conquérir le monde, avec des tournées régulières à l’étranger. Ces concerts hors Japon se jouent généralement à guichet fermé, les salles étant remplies de fans européens ou américains. Cependant, sorti de ce noyau dur de fans étrangers, Perfume reste un groupe confidentiel en dehors des frontières japonaises. Pourtant, le groupe fait des efforts - comme nocchi en introduction - pour s’angliciser un peu. C’était un des objectifs du titre Spending all my time, sorte d’hommage aux Perfumos et Perfumas internationaux, sorti en 2012.
[03 - spending all my time.mp3]
Corentin : Et donc cette année, elles sortent un nouvel album, Future Pop. Qu’en as-tu pensé ?
Thomas : Eh ben j’en ai pensé que c’est bien mais pas top. Et je ne suis pas le seul, la plupart des fans de longue date faisant part de leur déception face à ce disque un peu fade et sans grande surprise. Sur les 12 morceaux qui constituent l’album, seulement 4 sont réellement nouveaux, les 8 autres n’étant que des reprises sans ré-arrangement de singles et faces B sortis au cours des 2 dernières années.
Avec Future Pop, on peut imaginer que Nakata a voulu fusionner un style future bass - ce genre musical issu du dubstep jouant sur des nappes électroniques un peu saturées et des infrabasses puissantes - et city pop, la pop emblématique de Tokyo des années 70 et 80, qui connaît une sorte de renaissance aujourd’hui. Mais le résultat n’est pas à la hauteur. Rien n’est très inspiré.
La structure de l’album reprend celle de Cosmic Explorer, l’album précédent sorti en 2016. A savoir : un morceau d’introduction, un titre éponyme inédit, un milieu d’album comprenant un titre instrumental qui permettra de faire des performances live incroyables, un morceau avec le mot “baby” dans son titre, un autre qui joue sur la nostalgie et le passé du groupe, et une conclusion collégiale faible en calorie. C’était bien sur Cosmic Explorer. Sur Future Pop, ça fait réchauffé.
Corentin : Allons, il n’y a rien de bien sur cet album ?
Thomas : Attention, j’ai pas dit ça ! Il y a de beaux morceaux, comme Future Pop, justement, dont on va écouter un extrait, Tokyo Girl, qui était déjà sorti en single, ou encore Tenku. Mais globalement, l’album manque d’inspiration et d’ambition. Je me répète : c’est surtout décevant.
[04 - future pop.mp3]
En fait, ce qu’il manque à l’album, ce sont des tubes. Pendant plus de 10 ans, Perfume a été une usine à tubes qui, sans fondamentalement renouveler la pop japonaise, étaient amusants et dansables. Et là, eh bien on les cherche sur Future Pop. C’est dommage d’avoir choisi un titre aussi ambitieux pour faire un flop pareil.
Corentin : Du coup, on fait quoi ? On achète, on achète pas ?
Thomas : Ce que je recommanderai d’abord, c’est de se faire une bonne idée en écoutant l’album sur les plateformes de streaming comme Spotify ou Deezer. Si ça vous convainc, pourquoi ne pas faire ensuite l’acquisition de l’album sur iTunes. Sinon, écoutez ou réécoutez les anciens albums, et achetez-les si ça n’est déjà fait. De mon côté, j’espère que le trio va retrouver de sa superbe. Et aussi, écoutez le groupe Wednesday Campanella qui pour le coup renouvelle l’électro-pop japonaise !
Corentin : C’est bien noté. Merci pour la critique, Thomas. On jettera tout de même une oreille à Future Pop, de Perfume.
Thomas : Oui, n’hésitez pas à
[05 - check it out.mp3]
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