Corentin : Aujourd’hui, j’accueille Benjamin Benoit, et son enthousiasme se sent depuis l’espace.
Benjamin : Ohlala oui. Avant (LANCER L’EXTRAIT) toute chose : Un ! Deux ! Trois ! Quatre !
[BUY NOTHING DAY EXTRAIT 1]
AUJOURD’HUI on parle de The Go! Team. C’est peut-être un peu neuneu d’avoir un « truc » préféré sur un média aussi vaste de diversité. Mais c’est l’un des, si ce n’est MON groupe de coeur. Et il viennent de sortir un cinquième album, c’est donc jour de fête pour moi. Ce que vous entendez en fond, c’est “Buy Nothing Day”, l’un de leurs morceaux les plus conventionnels, mais aussi l’un des plus réussis de l’histoire du groupe. Avec la voix de Bethany Consentino du groupe Best Coast.
[BUY NOTHING DAY EXTRAIT 2]
Pourquoi est-ce que je parle par dessus ? C’est tellement bien. Et c’est juste UN morceau sur cinq albums. Mais avant d’évoquer Semicircle, celui qui vient de sortir…
C : … tu vas nous faire une petite introduction sommaire du groupe ?
B : AVEC GRAND PLAISIR. Issus de Brighton, Angleterre, The Go! Team est un groupe on ne peut plus varié et cosmopolite. Ils sont de grands défenseurs de la diversité. Au départ, six membres de toutes les couleurs et origines. Le leader Ian Parton, Sam Dook à la deuxième guitare, Kaori Tsuchida, Chi Taylor, Jamie Bell et le dénommé Ninja qui chante et rappe. Oui, comme la Ninja du groupe Die Antwoord pour ceux qui connaissent, mais il n’y a aucun rapport. Aujourd’hui, ils ne sont plus que cinq et jouent quinze instruments en même temps, dont deux batteries. Mais tout le groupe repose sur Ian Parton, ses compositions et une pelletée d’artistes invités.
C : Mais alors, comment définirais-tu la musique de The Go! Team ?
B : Eh bien, les mots clés pour décrire ce groupe sont “énergie à revendre”, “rétro” et “structures rythmiques un poil inhabituelles”. Le tout servi avec l’énergie de d’une centaine de personnes. Il y a une recette qu’on identifie rapidement, elle est quand même unique. “Thunder, Lightning, Strike”, c’est le nom de leur première galette sortie en 2004, est une collection de morceaux ultra bruitistes, très portés sur l’action, le rétro, les cris de cheerleaders… Chacun pourraient faire d’excellents génériques de séries des années 60. Et parmi eux, si vous avez joué au jeu Little Big Planet, peut-être connaissez vous ceci, attention certain d’entre vous vont le reconnaître dès la première note.
[GET IT TOGETHER]
C : Ah oui je confirme, même moi qui a très peu joué, je fais immédiatement le lien !
B : Je t’avais dit !
Cette fameuse piste s’appelle “Get It Together”. Elle est instrumentale, comme une grosse partie de l’album. Des chorales, du rap qui donne la pêche, rarement des chansons tradi. En 2007, ils sortent un deuxième album un peu plus bruitiste, mais toujours bien cool. Et en 2011, c’est Rolling Blackouts, l’apogée de leur art. Un peu d’écriture de chansons, ça ose des harmonies. On y trouve notamment un morceau western ! Ou encore une instru bucolique ! Et même une intro pétaradante qui s’appelle Tornado, et qui porte impeccablement bien son nom ! Et parmi tout ça, je voulais aussi vous faire écouter un passage d’une tuerie : Apollo Throwdown.
C : APOLLO THROWDOWN
B : C’est dix sur dix, ce genre de morceau. T’as pas l’impression d’entendre une course dans l’espace ? C’est ce que ça m’évoque. Le genre de titre qu’on veut disséquer, qu’on voudrait voir en plan de coupe pour en voir toutes les couches. On entendra encore des trucs nouveaux à la dixième écoute. Pour moi, la bonne musique, c’est exactement ça. Mais le groupe se dissout provisoirement, et début 2015, Ian Parton sort The Scene Between un peu à lui tout seul. Dans ce disque, chaque morceau cherche à représenter une ambiance avec à chaque fois un artiste méconnu.
[THE SCENE BETWEEN]
Et là on se rend compte à quel point cet homme est le coeur et l’âme de ce groupe. Les six reprennent quelques concerts. Il leur arrive de passer en France d’ailleurs, si ça vous intéresse, ils ont quelques dates chez nous en 2018. Et le temps de sortir quelques inédits et bonnes faces B, dont une sorte de réactualisation de Harley Davidson nommé “Ye Ye Yamaha”, chantée en français svp. Et nous voilà déjà trois ans plus tard.
C : Ce qui nous mène à Semicircle, le cinquième album du groupe.
[SEMICIRCLE SONG]
B : Pour ce cinquième volet, Ian Parton est parti à Detroit, ville du vieux label Motown, à la conquête des bons sons de la jeunesse locale. Le résultat est plus indépendant, plus naïf, un poil plus discret. Dans cet album, tu sens toute l’énergie et la motivation de ce qui est littéralement une fanfare étudiante. Si vous n’aimez pas les cuivres… ça sera un peu moins pour vous. La chose s’ouvre sur le titre MAYDAY, un petit délire construit autour d’une signature rythmique qui déroule le mot “mayday”… en morse. Des cithares, des bip bip de télégraphes, ON SE MET BIEN NIVEAU BRUITS. The Go! Team est coutumier du fait : toujours le morceau qui réveille en premier.
C : Et maintenant qu’on est bien réveillés, que peux-tu dire du reste ?
B : Et ben c’est un retour à l’envoyeur et à l’esprit des débuts, cette fois avec un soupçon d’Amérique. Le Go! Team 2018 ressemble au Go! Team 2004, lui même ressemble à un groupe du début des années 70. Ninja rappe à l’ancienne sur la piste She’s Got Guns. Le morceau Chain Link Fence (oui, c’est plus sexy en anglais que GRILLAGE) sonne comme une vieille cassette que tu viens de dépoussiérer. Je le disais : même dans la diversité, il y a une formule, et elle est appliquée. On écoute un bout de Mayday tiens, pour la peine.
[MAYDAY]
C : Allez il faut conclure Benjamin avec un verdict pour Semicircle, même si c’est dur !
B : Ah, oui assurément car Semicircle est d’assez loin le moins bon album des cinq sortis jusque là. Il faut dire que la barre était très très haute ! Du coup, même si il y a toujours cette immense pêche, cette envie, ce que les anglophones appellent le « gusto » - il manque un petit truc qui te donne l’impression d’écouter quelque chose de nouveau et génial. The Go! Team, à leur meilleur, c’est de la musique totale, sur quinze pistes, un son du tonnerre te faisant visualiser une scène d’action. Là, on peine un peu à décoller de l’esthétique rétro pour garder le même enthousiasme. Mais hé, c’est toujours de la bonne, et ça vous donne une excuse pour découvrir tout le reste. Coup de coeur de la maison. Quand même, si mon plus gros reproche est un abstrait « ça manque de transcendance », c’est que ça vaut pas mal le coup, je suppose.
C : Bon c’est pas si mal. Et pour ceux qui sont intéressés par ce nouvel album Semicircle, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Il est disponible depuis le 19 janvier 2018. À la prochaine Benjamin !
B : Salut les mates !
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