Benjamin : Eh Corentin, tu connais la définition de la folie ? J’ai appris ça dans un jeu vidéo de fins philosophes qui s’appelle Far Cry 3.
Corentin : Mais instruis-nous, je t’en prie.
B : C’est faire la même beêtise encore et encore, quelque chose du genre. Ou d’aller à un festival dix ans de suite et y voir Dave Grohl et Alex Turner, puis Alex Turner et Alex Kapranos l’année suivante, puis Alex Kapranos et Dave Grohl l’année suivante, etc. Ben j’ai ce souci avec Rock En Seine, et là cette année bah y’a plus personne donc comme ça ça règle le problème.
[EXTRAIT DIE ANTWOORD]
C : Tu vas parler de Rock En Seine ? Ouvrez bien vos esgourdes, tout le monde, Benjamin Benoit va parler de Rock En Seine.
B : Festival que je connais bien puisque j’y suis allé sans discontinuer depuis 2009. J’ai donc assisté en live à la séparation d’Oasis, Oasis c’était bon c’était bon. Ca se passe chaque année, fin août au domaine de Saint-Cloud, à l’ouest de Paris, au coeur des jardins dessinés par Le Nôtre, au bord d’une charmante route nationale. Le festival n’a pas beaucoup de place, et acceuille aujourd’hui 6 scènes - dont deux un peu anecdotiques - pour 120 000 personnes par édition.
C : Ce qui en fait en festival reconnu mais qui souffre de la comparaison avec le Hellfest.
B : Entre autres, hein ? Parce qu’entre La route du rock, les Eurockéennes, même Solidays, et surtout le Mainsquare d’Arras, ou par exemple le Pukkelpop en Belgique pour prendre un exemple pas loin mais étranger, la programmation souffre des comparaisons. Rock En Seine a une bonne couverture médiatique, maiiiiis... mais d’aucun pourraient dire que c’est de moins en moins attirant d’années en années.
C : Il faut préciser que le festival a connu des déboires pécuniers.
B : En cause, notamment, le sursis d’une très grosse subvention de la région Ile De France. Alors le festival a été racheté à 50% par la firme AEG, déjà organisateur du Coachella. C’est le deuxième acteur de cette industrie derrière Live Nation, qui lui a sous son giroud le Dowload Festival et le Mainsquare. Et en 2017, c’est Matthieu Pigasse qui a mis ses billes dans la chose. Chose dont on sent les coupes là et là au fil des années. Par exemple, les éditions n’ont plus de direction artistique distinctes. Et la programmation cristallise les critiques.
C : Alors la programmation, parlons-en.
B : Donc c’est le plus gros grief dont on accuse le festival. Depuis quatre, cinq, six ans, non seulement le potentiel sexy des annonces baisse de plus en plus, mais l’impression de voir les mêmes groupes en boucle d’une année sur l’autre traîne sévèrement. C’est le cas de nombreux festivals, mais à Rock En Seine ils ne sont pas nombreux et ça se voit rapidement. Parlons de la programmation de cette édition...
[EXTRAIT THRIFT SHOP]
B : Vous entrez en zone “je prononce mal plein de trucs”, pardon. On entend Thrift Shop, l’hilarant tube de Macklemore. Un morceau cool, mais là, les riff de guitare, le gros son, l’éclectisme, les fondations du rock hein, yapa. Je cite donc les gros invités de cette édition. PNL, Justice, Macklemore, Mike Shinoda, Die Antwoord. Les plus gros du festoche c’est ça quoi. Alors d’une, rien de tout ça n’est rock, y’a plus de rap qu’autre chose. Ca se vaut hein, mais citons aussi la dinguerie de Die Antwoord vaut le détour (pour ceux qui n’étaient pas là il y a deux ans) et la présence de Justice qui est un super bon groupe d’électro à la française. Enfin, c’est un groupe français, quoi. Sans oublier le rap gigatrobien de PNL et celui Mike Shinoda, membre de Linkin Park, bon... et le truc le plus rock qui reste c’est 30 Seconds To Mars, l’horrible groupe de Jared Leto. Désolé pour cette subjectivité sauvage mais 30 Seconds To Mars je trouve ça horriiiiiiible.
C : C’est rarement dément les groupes construits autour d’un acteur célèbre, non ?
B : C’est pas celui là qui va me faire dire le contraire. Je détaille un peu la programmation. Le vendredi 24 : il y a tout de même Carpentur Brut. J’ai l’impression qu’il fait un concert par jour ! Mais là c’est de l’électro synthwave qui envoie bien. Souvenez-vous, la bande-son d’Hotline Miami... les amateurs de folk pourront se prélasser devant First Aid Kit, deux suédoises qui ont toute ma sympathie.
[UN COUP DE FIRST AID KIT]
B : Le samedi est viiiide. Vous pourrez y retrouver Liam Gallager en solo, l’enfant terrible d’Oasis, qui marche sur les traces de son frère Noël. Et Charlotte Gainsbourg. Qui est une excellente artiste mais c’est pas la... plus débranlée du lot, tu vois ? Vous allez pas pogoter. Et le dimanche, les excellents Justice, Macklemore et Austin Post, alias Post-Malone. Vous connaissez peut-être son titre Rockstar. Mais là le rock il est quelque part entre le respect, Carmen Sandiego et Xavier Dupont de Ligonnès : on finit pas de le chercher.
C : C’est pas SUPER POSITIF ça Benjamin non ?
B : Euh non parce que ça fait entre un demi-concert et un concert et quelques à viser par jour seulement. Alors certes, il y a toujours des découvertes potentielles, des noms inconnus que vous pouvez vous faire. Et y’en a plein des noms inconnus ! Vos coups de coeur de demain y sont peut-être. Mais voilà.
C : Tout ça c’est du vendredi 24 aout au dimanche 26. Il reste des forfaits 3 jours à 139 euros, et le tarif à la journée coute 59 euros, ou 39 en réduit. C’est pas le plus cher des festivals, mais bon quoi, bon.
B : Bon. Eh Corentin, tu connais la définition de la folie ?
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