Hippocrate : la série qui rend compte du système médical français
Corentin : Depuis la série H, nous n’avions pas eu de bonne série médicale française. A la trappe les Grey’s Anatomy ou les Private Practice, place à la réalité. Avec la série Hippocrate, Thomas Lilti fait le pari de montrer un système médical défaillant, des médecins en sous effectifs et des internes qui galèrent. Et selon Angèle Chatelier, c’est très réussi.
Angèle : Si vous aimez les séries médicales, vous deviez être désemparé par le peu de séries française qui abordent ce thème. Rien, ou presque, depuis la série humoristique H, tu le disais (EXTRAIT 1)
C’était il y a vingt ans, sur Canal Plus. Alors que le 13 février dernier, Edouard Philippe et la ministre de la santé Agnès Buzyn ont annoncé l’ouverture d’un chantier des réformes du système de santé, une série a fait son apparition : Hippocrate.
C : Ici, pas de Dr Mamour ou d’histoires amicales rocambolesques. Dans Hippocrate, c’est la vraie vie. Là où le système de santé français ne fonctionne pas.
A : Et le réalisateur sait de quoi il parle. Thomas Lilti, réalisateur et scénariste, est aussi médecin généraliste. Le médical, c’est son dada, au point d’en faire le thème principal de la plupart de ses films. En réalité, la série Hippocrate, disponible sur Canal Plus depuis la fin novembre, n’est que la suite du film du même nom, sorti en septembre 2014 (EXTRAIT 2)
Fin 2018, Thomas Lilti est aussi à la tête du long-métrage Première Année, avec Vincent Lacoste. Un film qui suit la très difficile première année de médecine. Ici non plus, on ne romance pas la médecine. C’est un milieu hargneux, bouleversant et terriblement anxiogène. Avec la série Hippocrate, on se rend compte, enfin, des difficultés que vivent les professionnels de santé.
C : On suit le quotidien de quatre internes dont les médecins référents sont en quarantaine (EXTRAIT 3)
A : Ils se retrouvent donc à devoir gérer des services, des patients, en étant eux-même en apprentissage. On voit aussi le manque criant de moyens de cet hôpital de banlieue. La série a d’ailleurs été tournée dans un véritable hôpital, celui de Villepinte. Les comédiens et l’équipe technique ont investi une aile désaffectée dans laquelle ils ont reconstitué un hôpital. C’est en tout cas ce qu’on apprend d’une interview de Thomas Lilti dans Première.
Au Figaro, Louise Bourgoin, l’une des actrices principales, a déclaré elle-même que la série ne l’avait pas laissé indemne. Son rôle est capital : c’est elle, tenace et ambitieuse, qui prend les choses en main en l’absence des titulaires. C’est la doyenne du groupe d’internes que l’on suit.
C : Si cela ne l’a pas laissé indifférente, c’est que la série est dure, cruelle
A : Réelle, oui. On y voit des scènes d’urgences, de réanimation, du sang. Toujours au Figaro, Louise Bourgoin dit : « Je répondais parfois à mes amis que je n’étais pas en état de prendre l’apéro ».
Et dans la série, elle est brillante. Énervante comme il faut, prête à écraser les autres car elle sait qu’elle est indispensable au bon fonctionnement du service dans cette crise.
Mais on découvre au fur et à mesure ses failles et ses faiblesses.
C : Dans la série, on suit aussi les premiers jours d’Alison, alias l’actrice Alice Belaidi.
A : Elle est major de promo mais a le nez dans ses cours. Résultats, les premiers jours, c’est catastrophique : face à un patient, elle se retrouve décontenancé et elle est, de fait, absolument pas accompagnée. Au point de se demander si elle a fait le bon choix en faisant médecine.
C : Et il y a évidemment, une vision très politique dans cette série
A : On le disait en préambule, le système de santé et sa gestion est actuellement discuté au sein du gouvernement. En mars dernier, le personnel des EHPAD par exemple était encore une fois en grève. Face aux premières manifestation, Agnès Buzyn avait annoncé 50 millions d’euros supplémentaires.
Depuis le mois de juin, un hôpital psychiatrique d’Amiens est en grève, dénonçant un manque de moyens.
C : Finalement, donc, Hippocrate est une série de fiction mais qui s’appuie sur des sentiments et des situations réelles
A : Et c’est ce qui fait la qualité de cette série. C’est finalement très peu romancé, donc parfois difficile à regarder, oui. On peut avoir l’impression de regarder un documentaire d’Envoyé Spécial sur les états des hôpitaux français. Mais les personnages sont attachants et on tend à vouloir suivre leurs déboires. La série est disponible sur MyCanal et selon le réalisateur Thomas Lilti, une seconde saison est en cours de route.
C : Merci Angèle Chatelier pour cette critique de la série Hippocrate. L’abonnement pour MyCanal est à 19 euros 90 par mois, avec un mois gratuit pour la découvrir ! A très vite,
« Hippocrate » : la série qui ne fait pas de traitement de faveur au système médical français
Des séries médicales françaises, on n’en a pas tant que ça ! Raison de plus pour s’intéresser à « Hippocrate », qui n’y va pas de main morte avec le système médical hexagonal. Angèle Chatelier nous parle de cette série qui prend aux tripes, en plus de les montrer.
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