Quelles limites pour l’espérance de vie ?

Corentin : 122 ans et 164 jours, c’est le record du monde de longévité humaine détenu par la française Jeanne Calment. Depuis les années 1900, l’espérance de vie moyenne dans le monde a plus que doublé. Mais jusqu’où ira t-on ? La durée de vie de l’être humain a t-elle une date limite ?
L : Bonjour Corentin, bonjour à tous. C’est une question très intéressante. On ne compte plus le nombre d’articles qui paraissent sur ce qu’il faut manger, boire et faire pour vivre le plus longtemps possible.
Avant toutes choses, il y a quelques chiffres à avoir en tête.
L’espérance de vie à la naissance en France dans les années 50 était de 66,4 années et aujourd’hui elle est de 82,5, hommes et femmes confondus. Donc cela donne, 79,5 pour les hommes et vous le savez les femmes vivent plus longtemps, 85,4.
Qui dit espérance de vie, dit mortalité. Et le taux de mortalité se réduit grâce à l’amélioration des conditions de vie : amélioration des systèmes de santé, de l’hygiène et de l’approvisionnement alimentaire.
Corentin : Alors quand cela va t-il s’arrêter ?
L : Et bien, avant de répondre à cette question, il faut bien comprendre la notion d’espérance de vie. Il faut savoir comment les démographes la calcule. Et une vidéo de l’institut national d’études démographiques l’explique très bien.
[SON 1 - Explication espérance de vie - 30s]
L : J’espère que vous avez fait abstraction du ton employé légèrement disproportionné dans l’extrait que l’on vient d’écouter.
Bref, revenons au coeur du sujet. La date limite de l’être humain a longtemps été estimée à 120 ans. C’est un postulat sans réel fondement.
Et l’année dernière, des chercheurs néerlandais affirmaient que le « plafond de verre » de la durée de vie humaine était de 115,7 ans pour les femmes et 114,1 ans pour les hommes.
Il s’agit d’une étude qui est difficilement appréciable puisqu’elle n’est pas vérifiable aujourd’hui.
Corentin : C’est un peu un combat démographes versus biologistes.
L : Oui, l’espérance de vie est une donnée statistique. Biologiquement parlant, c’est le débat.
Mais ceci dit, des chercheurs de l’université de Berkeley aux Etats-unis ont publié une étude récemment, qui ne validerait pas ou n’invaliderait pas cette hypothèse.
Ils ont remarqué que le risque de décès se stabilise à partir de 105 ans.
Il s’agit d’une étude menée sur 4.000 résidents italiens âgés de 105 ans et plus, dont 400 hommes, entre 2009 et 2015.
Et selon l’étude, le risque de décès au cours de l’année suivante passe de 15% à 90 ans à 24% à 95 ans, puis se stabilise à 50% à partir de 105 ans.
Ainsi, si le risque de décès continue à augmenter avec l’âge, il décélère significativement à partir de 80 ans jusqu’à rester constant à 105 ans.
Et d’après l’auteur principal de l’étude, Kenneth Wachter, il n’y aurait pas de limite fixe à la vie humaine encore en vue. Toutefois des modèles de cycle de vie similaires ont été trouvés dans d’autres espèce comme les mouches et les vers.
Corentin : En fait, t’es en train de me dire qu’on ne sait pas.
L : Haha ! Oui. On n’en sait rien. Chacun va de sa petite hypothèse. D’un côté, certains scientifiques affirment que nous avons déjà atteint notre limite naturelle.
De l’autre côté, les projections démographiques se révèlent inexactes voire complètement fausses.
L’un comme l’autre se voit dans l’incapacité de démontrer ou de réfuter quoi que ce soit.
Selon les chercheurs, ceux qui survivent sont des personnes particulièrement robustes, ou « génétiquement bénies ».
Corentin : Mais du coup, est-ce qu’on sait, au moins, pourquoi il y a une différence de longévité chez les hommes et les femmes ?
L : Voilà une chose que l’on sait à peu près. Les femmes auraient en réalité un système immunitaire efficace plus longtemps. Et pour arriver à cette conclusion, des chercheurs japonais ont analysé le sang des volontaires.
Et ils ont constaté que le nombre des globules blancs diminuait avec le temps. Et certains types de globules blancs disparaissent moins vite, voire augmentent chez la femme lorsqu’elle vieillit, contrairement à l’homme.
Toujours selon cette étude, les oestrogènes préviendraient les femmes de maladies cardio-vasculaires jusqu’à leur ménopause.
Pour conclure, pour répondre à ta question au tout début de cette chronique, Existe t-il une date limite ? On ne saura la réponse que s’il l’on poursuit nos efforts dans l’amélioration de nos conditions de vie.
On en reparle dans un siècle ?
Corentin : À dans un siècle Laura pour voir où en sont nos connaissances sur l’espérance de vie des êtres humains. J’espère en tout cas que tu connais une bonne marque de rocking chair à me conseiller.