Corentin : Certains voient l’Afrique comme la prochaine Chine mais avant cela l’Afrique doit faire face à de nombreux défis. Et pour les relever, il y a peut-être le Next Einstein Forum (NEF). Un événement organisé tous les 2 ans sur le continent africain qui propulse la recherche scientifique et ses enjeux au coeur de tous les discours afin de répondre à la question : Le prochain Einstein sera t-il Africain ? Laura Aupiais nous en dit plus... Bonjour Laura !
Laura : Bonjour Corentin. Alors, oui. C’est peut-être un peu tôt pour répondre à cette question mais ce qui est sûr c’est que l’Afrique veut s’en donner les moyens.
Car non seulement le NEF vise à fédérer les états africains et à mettre en oeuvre des ressources pour faire progresser les innovations scientifiques sur tout le continent. Il participe également à encourager la jeunesse africaine et les prochaines générations à se tourner vers la science.
Africa News a couvert l’événement et nous en dit plus.
[EXTRAIT REPORTAGE AFRICA NEWS - 17s]
Corentin : Quand on regarde les projections démographiques, d’ici 2050 on estime que 40% de la jeunesse mondiale sera africaine.
L : Exactement ! Et c’est grâce à cet atout démographique que l’Afrique entend faire parler d’elle. Les dirigeants africains en ont effectivement bien conscience : comment former ces jeunes aux sciences et surtout comment les garder dans leur pays ou encore sur le continent ?
C’est une des questions qu’ils se sont posés lors de ce Next Einstein Forum, qui s’est tenu du 26 au 28 mars dernier à Kigali au Rwanda.
Corentin : Quelles sont les autres questions posées lors de ce forum ?
L : Les intervenants se sont penchés sur d’autres thématiques telles que : le climat, l’énergie, l’alimentation, la santé de précision, et tout ce qui est connectivité et mobilité. Des problématiques actuelles en somme.
Dans le but de construire un pont entre les sciences, la société et la politique en Afrique principalement mais aussi dans le monde entier. Il y a une valeur purement altruiste et humaniste derrière ce colloque et en plus il inclut de manière significative les femmes.
Corentin : Ah ! Et concernant le changement climatique par exemple ?
L : Excellente question. La répercussion d’une hausse des températures aura un impact particulièrement fort pour l’Afrique. L’espace des terres cultivables diminueraient de 27 à 50%.
Il se trouve que les pays africains ont besoin d’importer des cultures pour nourrir leur population qui ne peuvent pas cultiver sur leurs propres sols.
Donc lors de cette rencontre, il a été rappelé qu’il était plus que nécessaire de coordonner les recherches sur les modifications génétiques des plantes pour qu’elles puissent mieux résister aux changements du climat.
Corentin : cf. CRISPR CAS 9
L : On peut également faire une référence à la chronique sur les algues vertes puisque l’Afrique souhaite aussi s’engager sur la voie des biocarburants pour réduire son empreinte carbone.
Corentin : J’imagine que l’autre défi majeur de l’Afrique c’est d’élargir la couverture en électricité.
L : C’est exact. A l’heure actuelle, seuls 40% des africains ont accès à l’électricité soit à peu près 600 millions de personnes. L’Afrique possède une ressource plus que n’importe quel autre continent sur cette planète, c’est le soleil. Est-ce que l’avenir du continent passera par le solaire ?
Rien n’est moins sûr puisque le photovoltaïque est très cher. Mais le plus problématique reste le financement des infrastructures de transport et de stockage de cette énergie.
Peu d’investisseurs sont intéressés par ces projets car il n’y a pas de revenus direct issus de ça.
Corentin : Il me semble savoir que le concept de Start Up Nation en Afrique est intéressant. Beaucoup plus qu’un coursier à vélo qui livre votre repas.
L : Haha ! Oui en effet, il existe par exemple un projet d’application qui permet de relier directement un patient atteint du VIH à son médecin par exemple et puis dans une plus large mesure il y a Babyl. Il s’agit aussi d’une application qui permet un diagnostic personnalisé en ligne et de prendre rendez-vous avec un médecin afin d’accéder plus facilement aux soins.
J’ai d’ailleurs un autre exemple en tête. Pour Sciences & avenir, Aminata Garba, Spécialiste des technologies de l’information et des télécommunications explique les difficultés pour les zones rurales d’avoir accès à cette technologie et à l’information notamment.
[ITW - AMINATA GARBA POUR SCIENCES ET AVENIR - 1‘47 > 2’32 - 45s]
Corentin :
L : Toujours sur Sciences & Avenir, elle préconise le développement de la connectivité par l’utilisation d’application concrète comme celles que j’ai évoqué tout à l’heure. C’est-à-dire que le fermier par exemple, serait peut-être beaucoup plus intéressé par une application qui lui permet de gérer son système d’irrigation que d’avoir accès à Facebook.
Corentin : Si il n’y a pas d’accès à l’électricité, il n’y a pas d’accès à Internet…
Tu mets le doigts sur un problème en effet et je n’ai pas de réponses précises à t’apporter…Mais si tu baisses les taxes sur les smartphones et autres tablettes, tu peux élargir le champ d’utilisateurs et le partage.
Corentin : D’accord. Est-ce que tu sais où on peut retrouver ce qui se fait en Afrique en matière de Sciences ?
L : Le Next Einstein Forum a vu le Lancement d’une revue scientifique panafricaine qui se nomme Scientific African et qui vise à offrir une tribune, un espace aux scientifiques africains où ils peuvent publier leur travaux.
Corentin : De biens belles perspectives tu nous as raconté...
L : Oui ! L’Afrique est aujourd’hui en train de grandir et quand je dis grandir je pense au mot essor. Il faudrait être particulièrement attentif à son développement parce qu’elle a en main toutes les clefs pour anticiper chaque problème qu’implique une croissance rapide.
Alors effectivement, tu demandais en début si le prochain Einstein sera africain...Il y a de fortes chances que oui. Je guette.
Corentin : Eh bien on restera aux aguets pour le repérer également. Merci Laura, et à bientôt.
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