Corentin : Il n’y a pas que nos sols, nos océans et nos sous-sols qui sont pollués, notre atmosphère et notre espace aussi. Un niveau de pollution qui pourrait s’avérer dangereux pour la conquête ou l’exploration spatiale. Il pourrait en effet, former une prison au dessus de nos têtes nous enfermant pour de longs moments sur la Terre et nous privant de certaines technologies. Explication avec Laura Aupiais… Bonjour !
L : Bonjour Corentin, bonjour… Manifestement on traite l’espace comme on traite notre planète c’est-à-dire avec très peu de considération... en tout cas jusqu’à ces récentes dernières années. Le scénario que tu viens d’évoquer est l’un des pires possibles.
Corentin: Avant de nous expliquer pourquoi, quelle est la situation à l’heure actuelle ?
L : On a fait pas mal de chemin depuis Spoutnik en 1957. Le nombre d’objets en orbite n’a cessé de progresser. Aujourd’hui, les satellites nous servent à tout un tas de choses que ce soit pour communiquer, pour observer la terre, la météo, les systèmes de navigation etc.
Seulement sur l’ensemble des objets qui gravitent autour de notre planète, seuls 7% sont actifs et servent réellement à quelque chose. Le reste n’est que fragments et débris spatiaux.
Corentin : Qu’entends-tu par débris spatiaux ?
L : Ce sont en fait, tous les objets artificiels crée par l’homme en orbite qui ne sont pas fonctionnels comme des satellites, des lanceurs, des fusées... Mais certains élargissent cette définition en comptant les objets météoroïdes ou naturels.
Corentin : Quel serait leur nombre, à ces débris de l’espace ?
L : A l’heure actuelle, selon la chaîne youtube Kurzgesagt qui reprend les chiffres de la NASA, il y aurait 2600 satellites hors d’usage, 10 000 objets plus grands qu’un écran LCD, 20 000 de la taille d’une pomme, 500 000 de la taille d’une bille et enfin une centaine de millions d’objets si petits qu’ils sont difficile à répertorier.
Le CNES estime quant à lui à 135 millions le nombre d’objets entre 1 millimètre et 1 centimètre.
Corentin : Et où sont-ils exactement ?
L : Ces débris se déplacent majoritairement dans deux zones :
> Dans l’orbite basse de la terre, c’est-à-dire entre 700 et 1000 km voire 2000 km.
> Et l’orbite géostationnaire située à 36 000 km d’altitude.
Corentin : Quels sont les problèmes et les dommages causés par les débris ?
L : Les problèmes liés à ces débris peuvent être rangés dans deux catégories comme nous le dit Christophe Bonnal, de la direction des lanceurs du CNES et président de la commission des débris spatiaux à l’académie Internationale d’Astronautique.
[ SON 1 - CHRISTOPHE BONNAL - 24s]
Pour préciser davantage, et concernant les menaces sur les populations quand les plus gros débris retombent dans notre atmosphère, le risque existe, c’est vrai mais la probabilité que cela arrive est faible parce que seul 3% de la surface terrestre est habitée.
Ensuite, pour bien imaginer le danger potentiel que représentent les débris et ce peu importe qu’ils fassent 10 cm ou 5mm. C’est qu’ils se déplacent à la vitesse de 7,8 km/s en orbite basse.
Et à cette vitesse, tu détruis tout sur ton passage et en plus de cela tu peux causer encore plus de débris. Par conséquent, est également supposé la probabilité d’une réaction en chaîne.
Comme un effet boule de neige, la destruction d’un satellite par ces objets entraine la destruction d’un autre satellite et ainsi de suite puisque le nombre de débris augmentera et avec lui la probabilité qu’un satellite soit touché à son tour.
Et on peut imaginer ce scénario, jusqu’à un point de non retour, où au fil des décennies les débris auront détruit la plupart de nos satellites.
Et on sera obligé d’attendre la désintégration de ces débris dans notre atmosphère. Et comme l’a dit Christophe Bonnal tout à l’heure, cela peut prendre du temps.
Corentin : Mais que fait la police de l’Espace ? Existe t-il une réglementation internationale pour limiter ces débris ?
L : Il existe effectivement 5 règles ou plutôt 5 recommandations à l’international :
Tout d’abord, c’est de mettre en oeuvre tous les moyens possibles pour éviter les collisions.
Corentin : C’est-à-dire ?
L : Par exemple, les agences spatiales et industriels peuvent concevoir des satellites et des étages supérieurs des fusées qui, lorsqu’ils les mettent en orbite, engendrent le moins de débris possible. Ils peuvent aussi privilégier des matériaux avec des températures de fusion plus basses, pour que la plus grande partie de l’engin se volatilise lors de son entrée dans l’atmosphère.
Corentin : D’accord. Quelles sont les autres préconisations ?
L : Et bien, il est interdit de générer volontairement des débris et de détruire volontairement des satellites dans l’espace. Ca n’a pas empêché la Chine d’exploser un vieux satellite météorologique en 2007. Ajoutant 3000 débris de plus.
Ensuite, une autre règle impose que, lorsqu’il arrive en fin de mission, l’engin soit totalement vidangé de son carburant ou débranché s’il s’agit d’une propulsion électrique, pour minimiser les risques d’explosion en cas de collision.
Corentin : Et combien de temps les débris doivent rester en orbite ?
L : Il est recommandé de rester au maximum 25 ans après la fin de la mission que ce soit en orbite basse ou sur l’orbite géostationnaire.
Et enfin, dernière règle, il faut protéger les populations au sol et privilégier ce qu’on appelle la désorbitation contrôlée dans une zone non peuplée.
Après la NASA et l’agence spatiale européenne se dotent de programmes visant à diminuer le nombre de débris et à imaginer des appareils capables de nettoyer l’espace. Thomas Pesquet au micro de France Inter avant son départ pour l’ISS, nous en parle.
[SON 2 Thomas Pesquet - 20s]
Ces véhicules ou satellites autonomes pourraient par exemple, s’approcher d’un débri en orbite et le capturer avec un filet pour le ramener sur terre. Une autre proposition consisterait à créer des électro-aimants qui attireraient les débris puis les enverraient dans l’atmosphère.
Dans tous les cas, la menace est prise au sérieux et les agences spatiales et industrielles semblent doucement mais surement inclure toutes ces recommandations dans leurs calculs. Donc, on peut dire qu’il y a encore de l’espoir contrairement à notre climat…
Corentin : Laisse encore les gens avoir de l’espoir pour le climat Laura, après plus personne ne va faire d’effort ! En tout cas, merci de nous avoir parlé de ce problème de pollution spatiale, et à très vite !
Pollution spatiale : gare aux débris débridés !
Tout le monde est désormais conscient de l’importance de ne pas polluer la planète. En tout cas, on l’espère. Mais peu de gens savent qu’il faut faire attention à ne pas trop polluer l’espace ! Avec Laura Aupiais, voyons pourquoi la pollution spatiale pourrait devenir un vrai problème très vite.
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