Th : Pour cette nouvelle chronique sur le cerveau Tatiana, tu as décidé de te pencher sur
SON L’amour c’est du pipeau - Brigitte Fontaines
T : et oui, exactement, le sujet vu et revu de l’amour, celui qui peuple les paroles des 9/10 des chansons, des poèmes, des discussions entre amis, des séries, de à peu près tout. Sauf que là, on va voir un peu ce que l’amour fait sur le cerveau.
Th : Je sens que tu vas briser tous mes rêves romantiques, mon petit esprit fleur bleue, mon attachement à l’étincelle inexplicable de l’amour.
T : Alors on va pas se mentir, un peu. Mais pas complètement, rassure toi, l’amour ne peut pas juste s’expliquer par les interactions chimiques qui se produisent dans notre cerveau. Sinon d’ailleurs, ça fait longtemps que les neurologues auraient fait fortune en vendant des filtres d’amour infaillibles.
Th : Me voilà un tout petit peu rassuré. Bon, alors dis moi d’après la science, comment tombe-t-on amoureux ?
T: Et bien ça justement, pas de réponse, on est pas sûr, c’est inexplicable, il y a plein de petits paramètres qui rentre en compte, et donc là, tu peux garder ton esprit fleur bleue, pas de formule miracle, pas de A + B pour expliquer pourquoi tu es tombé amoureux de cette fille là ou de ce garçon là.
Th : Ah, on part sur de bonnes bases. Bon, si tu ne peux pas me dire pourquoi on tombe amoureux, dis moi alors au moins ce qui se passe quand on tombe amoureux.
T : Et bien quand on tombe amoureux, ça s’agite sacrément là haut. Et ça s’agite super vite en plus. En 2/10ème de seconde, notre cerveau se met en mode amoureux, et là, les neurones commencent à sécréter deux substances, deux neurotransmetteurs comme on les appelle. Les explications d’Alan, de podcast science.
SON Podcast science - Cerveau amour dopa et noradrénaline
T : La dopamine, c’est typiquement le neurotransmetteur qu’on retrouve chez les addicts à la drogue, aux jeux ou au sexe. Shakira avait donc tout compris.
SON Shakira - I’m addicted to you
Th : Je suis addicte de toi, pour les non bilingues
T : merci Thomas. Donc la dopamine, qui est responsable du caractère obsessionnel “ C’est toi qui raccroche, non, c’est toi”, etc. Et l’autre neurotransmetteur, la noradrénaline, où vous reconnaissez le mot adrénaline, celui là, c’est celui qui nous rend hyperactif, qui nous coupe aussi l’appétit, qui nous donne l’impression qu’on a moins besoin de dormir. Il a aussi des effets sur nos organes, puisqu’il accélère le rythme cardiaque.
Th : Donc quand on dit qu’on a le coeur qui bat la chamade quand on est amoureux, c’est vraiment vrai en fait ?
T : Et oui, c’est vrai, le rythme cardiaque augmente. Et il y a autre chose qu’on dit souvent comme ça, et qui est là aussi vraiment vrai, c’est que l’amour rend aveugle. Parce que oui, encore une fois, il y a une hormone qui rentre en jeu, celle là c’est la sérotonine.
Th : Comme le nom du livre de Houellebecq.
T : Oui, voilà. Et cette sérotonine, quand on tombe amoureux, à l’inverse de la dopa et de la noradrénaline, et bien on en produit moins, on a une baisse de son niveau, et du coup, et bien ça altère notre sens critique, on voit beaucoup moins les défauts.
Th : Bon donc coup de foudre, en gros, ça veut dire cocktail de neurotransmetteurs dans notre cerveau
T : Oui, là je n’ai cité que la dopamine, la noradrénaline et la baisse de sérotonine, mais il y aussi de l’endorphine, l’hormone du plaisir et d’autres petits chamboulements. Tout ça, mélangé, ça créé la passion. Mais ensuite, pour passer de passion à amour fou, il y a encore un autre neurotransmetteur qui rentre en jeu, comme détaillé dans une vidéo de France télé
SON France TV - Cerveau amour ocytocine
T : L’ocytocine, donc qui crée l’attachement. D’ailleurs, on la retrouve chez les animaux, et notamment les campagnols. Écoute donc cette petite histoire relatée par la neurobiologiste Lucy Vincent sur France Culture. C’était en 2004, dans l’émission Science culture. ça va parfaitement satisfaire ton côté romantique.
SON Lucy Vincent - France culture - Cerveau amour campagnols
T : et on retrouve aussi ça avec les singes, ils se tiennent par la main aussi, ils restent à deux, etc.
Th : Oooh que c’est mignon. Bon, alors tout plein d’hormones, de neurotransmetteurs dans notre cerveau quand on est amoureux, et du coup, quand c’est fini, quand c’est la rupture, je suppose que pareil, c’est la panique dans le cerveau.
T : Oui, on le sait tous, quand une histoire d’amour se finit, ça va pas bien du tout. Et ça va pas bien, parce que le cerveau, et bien il est en manque. Jusqu’à maintenant, il avait pleins de neurotransmetteurs qui lui donnaient la pêche, et là, bim, on les lui supprime. Il lui manque sa dose. Et selon une étude menée par des Américains en 2015, il faudrait 3 mois en moyenne pour que notre cerveau arrive à se sevrer.
Mais c’est pas tout, en plus de manquer de dopamine, de noradrélanine, etc, d’autres modifications se produisent dans le cerveau, comme ont pu le découvrir des chercheurs, qui ont fait passer des IRM à des personnes qui venaient de rompre. Explications avec Oh my mag.
SON Oh my mag - Cerveau amour stress
T : et oui, ça peut être fatal. Parce qu’en fait, Thomas, là non plus ce n’est pas une expression, on peut vraiment avoir le coeur brisé. Ca s’appelle le Tako Tsubo. Je laisse le médecin Michel Cymes nous détailler les syndromes de cette maladie. C’était sur RTL.
SON Michel Cymes - RTL - Cerveau amour Tako Tsubo
Th : en fait, c’est un peu comme un infarctus.
T : je suis impressionnée par tes connaissances médicales Thomas, parce que oui, ça y ressemble fortement. Les symptômes sont quasi les mêmes. Et d’ailleurs, le Tako Tsubo est presque aussi dangereux que l’infarctus, puisqu’à peu près autant de personne en meurt chaque année. On a 3,7% de mortalité pour le Tako Tsubo, 5,3% pour l’infarctus du myocarde.
Th : on peut donc vraiment mourir de chagrin d’amour
T : Et oui, c’est possible. Après, le Tako Tsubo, rassure toi, il disparaît au bout de quelques temps. Au bout de quelques semaines, le coeur reprend sa forme normal, et on est sauvé.
Et pour finir, je vais te citer une dernière étude, Thomas, très récente, publiée il y a quelques semaines seulement dans la revue European Heart Journal. C’est une étude menée conjointement par des cardiologues et des neurologues de l’université de Zürich. Ils ont observé par IRM l’activité du cerveau de personnes souffrant de Tako Tsubo, et ils ont comparé leur activité cérébrale à celle de personnes saines. Et bien il s’avère que le cerveau des personnes malades ne fonctionnent pas correctement. Certaines zones cérébrales, les zones qui gèrent les émotions notamment, et qui devraient normalement communiquer quand on est au repos, et bien elles ne communiquent plus chez les personnes souffrant de Tako Tsubo, ou elles communiquent mal.
Th : Conclusion, quand on a le coeur brisé, on a aussi le cerveau un peu brisé. Et bien merci Tatiana, comme quoi, les chagrins d’amour peuvent être vraiment dévastateurs.
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