CORENTIN : (voix nasillarde des présentateur des années 50/60) Bonjour à toutes et à tous ! Aujourd’hui, Xavier Eutrope revient dans vos croissants pour vous parler d’une production audiovisuelle qui lui a beaucoup plu ! Son nom : Au service de la France ! Xavier, c’est à vous mon vieux !
XAVIER : (voix nasillarde) Merci mon bon Corentin ! En effet, une fois n’est pas coutume je vais vous parler de Télévision ! (stop la voix nasillarde) Bon par contre je vais arrêter la voix comme ça là, ça va être insupportable pour tout le monde.
C : oui ok je comprends. Mais elle était un peu de circonstance non, cette voix ?
X : ça parle des services secrets en France dans les années 60 en effet, d’où cette voix. Mais bon bref, c’était pas super réussi. La série compte pour l’instant deux saisons de douze épisodes qui durent entre 25 et 30 minutes. La première saison a été diffusée en 2015 sur Arte, la deuxième toujours sur la même chaîne il y a peu. Fait intéressant, elles sont désormais toutes deux sur Netflix !
C : Mais du coup on va pouvoir les binge watcher si c’est sur netflix !
X : alors, oui, en effet. Même si, bon, je pense que ça n’est pas une série très adaptée pour ça. Mais j’y reviendrai. Donc Au service de la France suit le parcours d’André Merleaux, 23 ans, dans les services secrets français au début des années 60, ça je l’ai déjà dit. Mais on n’est pas ici dans un récit d’action à la James Bond. Il n’y a pas de courses poursuites, pas vraiment de fusillades : ici on est dans la comédie.
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C : Quel genre de comédie du coup ? On vient d’entendre un extrait de la bande annonce là, ça a l’air plutôt absurde !
X : eh bien, pour vous situer un peu le ton de la série, l’un de ses co-créateurs et auteurs principaux a travaillé sur les deux OSS 117, films réalisés par Michel Hazanavicius mettant en scène Jean Dujardin en agent secret franchouillard bourré de clichés. Et on retrouve ça ici à plusieurs niveaux, même si les enjeux sont un poil différent. André Merleaux est un débutant, qui n’a pas le bagoût ou l’expérience d’Hubert Bonisseur de la bath. Il a tout à apprendre et doit faire ses preuves.
C : Donc on ne doit pas s’attendre à un copier-coller des OSS 117 ?
X : Non pas tout à fait. On retrouve certaines choses, notamment les dialogues et situations qui mettent en relief les difficultés de certains personnages à accepter que des français aient pu collaborer avec l’Allemagne nazie. Mais alors qu’OSS 117 est un pur récit d’aventure, André Merleaux est principalement à Paris et dans les bureaux des services secrets, même si, plus ça va et plus il part en mission, en Europe de l’est ou dans les colonies. Mais la série montre aussi le côté administratif barbant de la chose et en rit à coup de fiches non tamponnées et de pyjamas de mission non réglementaires. D’ailleurs on pourrait comparer cette série à Mad Men dans la façon qu’elle a de montrer la vie d’employés au bureau et à la ville. Car Merleaux a une vie privée à côté de ses missions, et ce n’est pas simple à gérer.
C : quand on compare une série à Mad Men ça veut généralement dire qu’il y a des beaux costumes d’époque et une reconstitution convaincante de l’environnement !
X : Tout à fait ! Les trois pièces et les tailleurs sont beaux et les rues de Paris ainsi que les cafés exhalent les années 60 par tous leurs pores. A ce niveau-là, un peu comme Mad Men, Au Service de la France décrit plutôt bien la misogynie assez crasse de l’époque, même si je pense qu’il y aurait pu y avoir moins de plans serrés sur les seins ou les fesses de certains personnages féminins, mais passons. Surtout, ici, en fait, on constate un travail important sur l’histoire avec un grand H.
C : Est-ce que tu veux dire que au service de la france, c’est un peu…. l’histoire dans l’Histoire ?
X : eh bien oui ! Absolument Corentin ! Les trois principaux collègues d’André Merleaux ont chacun une zone d’action, un l’Afrique noire, un autre l’Algérie et le troisième le bloc soviétique. Cela permet à Au Service de la France d’aborder de façon intéressante les problématiques géopolitiques de l’époque, d’un côté les désirs d’autodétermination et d’émancipation des peuples colonisés par la France, de l’autre la guerre froide et ses répercussions sur l’Europe. La série donne beaucoup d’informations, de contexte. Et quand elle aborde la décolonisation et les “évènements” d’Algérie, “évènements” entre gros guillemets, la série ne prend jamais parti pour les agents secrets. Ils sont sympathiques, certes, mais ridicules, il n’est vraiment pas possible de les prendre au sérieux tant ils sont des clichés prêt à tout pour défendre une cause plutôt indéfendable. C’est grinçant, divertissant on rit parfois un peu nerveusement de gêne et tout ça est l’air de rien assez instructif !
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C : Tu as l’air d’avoir bien aimé, mais tout à l’heure tu semblais avoir quelques réserves, je me trompe ?
X : alors oui, mais trois fois rien, vraiment. Au service de la France excelle dans la mise en place de situation absurdes où les personnages sont mis face à leurs contradictions et leur incompétence, mais je trouve qu’elle a quelques difficultés à faire évoluer ces mêmes personnages au fur et à mesure de la série. Et c’est notamment dû à un développement du fil rouge, donc de l’intrigue principale, un poil maladroit voire paresseux. Du coup pour le binge watching, je suis pas sûr. On pourrait dire qu’au niveau micro, tout roule, mais qu’au niveau macro, il manque d’un petit quelque chose pour que cette série ne soit pas juste très bonne mais vraiment fantastique.
C : Et pour finir, est-ce que tu dirais que les deux saisons se valent ?
X : Pour moi il faut regarder au moins la première saison, qui est vraiment très bien. Tout ce que j’ai dit durant cette chronique s’applique aussi bien entendu à la deuxième saison, qui est de très bonne tenue même si plusieurs choix des scénaristes m’ont dérangé, cela dit ça reste très bien et donc oui, je recommande ! La fin de la saison deux me donne envie de voir la suite, j’espère juste qu’elle n’arrivera pas dans trois ans !
C : Au service de la France est donc disponible sur Netflix ! Et c’est recommandé par l’ami Xavier. (Voix nasillarde) Merci à tous d’être aussi fidèle à votre transistor, tout de suite, c’est l’heure des actualités internationaaaales. (Voix normale) Ah non, c’est vrai elles sont déjà passées.
« Au service de la France » : une série type taupe
Si vous êtes adepte d’« OSS 117 », peut-être devriez-vous jeter un coup d’œil à la série d’Arte « Au service de la France ». Xavier Eutrope nous expliquera comment cette parodie des services secrets dans les années 1960 parvient également à être une subtile critique d’une France idéalisée.
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