[Opening BoJack]
Benjamin : Quel plaisir, chers amis, de vous parler de ce que je considère être la meilleure série animée sur Netflix. La saison 5 de Bojack Horseman est disponible, et la série de Raphael Bob-Waksberg est toujours aussi piquante et subtile. Vraiment subtile. Tu ouvres un dictionnaire, paf, à la définition de subtil y’a Bojack Horseman. Je suis Benjamin Benoit et j’approuve ce message. Et bon réveil à tous, aussi.
Corentin : Bon réveil et bonjour à toi aussi, Benjamin. Commençons par le commencement, Bojack Horseman, kesseussé ?
B : Késsadire ? Je vais vous le dire. Ce sont les tribulations d’un cheval cinquantenaire, ex-acteur prolifique d’une sitcom des années 90, qui tente toujours de régler ses problèmes personnels. Un personnage torturé, souvent très négatif et nuisant, mais entouré d’autres personnages un peu moins hors-sol.
C : Le casting de Bojack Horseman est particulièrement coloré.
B : C’est une remarque intéressante dans un monde où humains et animaux anthropomorphiques cohabitent. Oui, on peut parler de Mister Peanutbutter, un chien con comme ses pieds mais d’une énergie à tout rompre. De Princess Carolyn, la chatte productrice et téméraire. De Diane, une nana normale en fin de trentaine, et de Todd, un bon à rien qu’on a mis à la tête de QuelleHeureEStIlpointcom, l’équivalent local de Netflix. Et tout ce beau monde évolue à Hollywood, enfin, Hollywoo, c’est une longue histoire.
C : C’est une série qui aime bien parler de l’industrie du divertissement.
B : Oui, qui tient un métadiscours. C’est un média, qui parle de son propre média. Du cinéma... mais aussi des films, des ses auteurs, de ses producteurs, etc etc. Ca a une part non négligeable de cette dramedy, ou comédie dramatique, je sais pas quelle est la nomenclature officielle. Pas de rires francs dans cette série, surtout des bonnes blagues en flux tendus. Souvent visuelles, ou bien conçues et bien timées, comme les Simpsons pouvaient l’être à ses débuts. Mais Bojack est une série qui maîtrise bien les enjeux et l’écriture de ce que doit être une fiction sérielle des années 2010.
[Saint Vincent - Los Ageless]
C : Il va falloir justifier cette remarque, j’en ai peur.
B : Ah mais le mec, il me laisse pas affirmer des trucs sans rien dire derrière, je vous jure. Disons que Bojack est une série qui dépasse le carcan piégeux de « des personnges font des trucs ». Chaque épisode est un petit concept en soi, souvent au service d’une chute. D’une bonne chute, d’un mécanisme intelligent. Et c’est ce qui caractérise cette série : je considère sincèrement que les quatre premières saisons sont toujours meilleures que la précédente. Ou, en moins circonvolu : que la série est de mieux en mieux.
Est-ce que la saison 5 continue sur cette remarquable lancée ? Bahhh peut-être hein. Pour sa constance, aussi parce qu’elle te manipule un peu, dans son ton, avec ton horizon d’attente. Tu crois que le ton de ces épisodes seront un peu plus positifs que d’habitude et aïe aïe aïe, la réalité revient.
Donc dans les épisodes précédents, et gare au spoilers si vous n’êtes pas à jour… attention… encore 2 seconde pour vous jeter sur votre portable... C’est parti ! une fille cachée qui est en fait une soeur, un divorce, un ascenseur social...
C : Ca fait très télénovelesque !
B : Mais c’est bien plus profond que ça. Bojack est une série souvent sombre. Quand c’est sombre, c’est soooombre. Parce que ça parle de nous, de nos peurs, de nos faiblesse, et c’est assez cash. Ca parle subtilement de dépression. De solitude, de drogues, de trucs super difficiles comme notre mortalité ou celle de nos parents, donc de famille, mais aussi d’origines et de quelques sujets plus topiques à notre époque. Donc les médias, les réseaux sociaux, le féminisme, le mouvement #MeToo. Cette fois, on explore bien plus les conséquences de ce qui s’est passé les années précédentes. Donc c’est mieux traité que dans South Park. Oui, South Park est toujours là, le saviez-vous ? Je crois que j’ai, sans aucune exagération, lu AUCUN MOT sur la saison passée.
C : Ah ouais tiens. Avec les Simpsons, au moins, on relève qu’on relève pas. South Park tombe juste dans l’oubli. Et pour Bojack, qu’est-ce qu’on peut retirer de cette saison 5 ?
B : Vraiment plein de choses. La série garde, dans une constance assez épatante, sa volonté de conceptualiser chaque épisode. Sur des échelles variables. Il y a un épisode concept, des épisodes dédiés à tel ou tel personnages, l’épisode consacré aux exs de Mister Peanutbutter, un autre en discours rapporté mais avec un twist. Celui là c’est le septième et la chute est super brillante. Y’a un autre épisode qui fait semblant d’être vaguement médiocre et aléatoire pour caser un moment essentiel pour la série. Il y a un fil conducteur, le tournage Philibert, nouvelle série où Bojack incarne un flic avec un truc spécial, accompagné d’un sidekick féminin, bref toutes les séries policières du monde... américaines... depuis toujours. Un tournage qui servira d’excuse à tout le reste.
[Bojack Grouplove]
Tous les personnages de Bojack sont complexes, animés par des contradictions et des conflits. Bojack, en lui-même, est dépressif mais assez nuisant, c’est pas une personne génial. Il s’améliore, il a ses moments, et heureusement que la série ne parle pas que de lui et de est-ce qu’il deviendra quelqu’un de meilleur un jour blablabla.
Et dans ces 12 épisodes, une constance dans la qualité d’écriture, toujours moult gags visuels. Animaliers ou non. Et une très bonne VF, même si je dois vous prévenir que pas mal de blagues liées à la culture pop américaine ou à la langue anglaise passent à la trappe. Enfin bon, c’est Netflix, vous pouvez mater ça autant de fois que vous le voulez.
Bref, Bojack Horseman est l’un des meilleurs reflets fictionnels de nous-même et de notre temps. Et c’est pas même pour une série qui ressemble à un truc dessiné par les auteurs de Tom Tom et Nana.
C : Bojack Horseman, c’est disponible sur Netflix, 5 saisons de douze épisodes à chaque fois. Ce qui fait...
B : 60 épisodes. En constante évolution. Bien joué et merci.
[Une des versions du générique de la S5]
« BoJack Horseman » saison 5 : le cheval, c’est toujours génial
Dans les années 1990, il jouait dans un feuilleton télévisé célèbre ! Je parle bien sûr de BoJack Horseman. Acteur équin, défraîchi, mais sur le retour, névrosé, dépendant à toutes sortes de substances et vivant dans un Los Angeles superficiel. La cinquième saison de cette série d’animation est maintenant disponible sur Netflix et nous verrons avec Benjamin Benoit qu’il s’agit toujours du mètre étalon de la comédie dramatique.
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