Benjamin : Il y a trois certitudes dans la vie. La mort, les impôts, et il y aura une prochaine saison des Simpsons. Oui oui, la célèbre série de Matt Groening a été reconduite pour une trentième saison à l’automne. Tout le monde s’en fiche depuis dix ans, et le moindre coup d’oeil à un épisode récent vous fera immédiatement comprendre pourquoi.
Corentin : Aujourd’hui j’acceuille Benjamin Benoit, qui va scientifiquement déterminer le pire épisode des Simpsons.
B : C’est Lisa Goes Gaga. Voilà comme ça vous pourrez passer à autre chose.
C : Aujourd’hui j’accueille Benjamin Benoit, qui ne va alors pas parler des Simpsons mais d’un sujet connexe.
B : Oui parce qu’il ne faut pas oublier que derrière l’ennui procédural qu’est devenu Les Simpsons, il y a Matt Groening, figure tutélaire de l’animation américaine, mais dont une nouvelle production se faisait attendre depuis presque vingt ans. Parce que oui, les Simpsons, point nodal de la culture populaire américaine et tout. Mais il ne faut pas oublier Futurama, démarrée juste avant l’an 2000, et ayant connu une demi douzaine de saisons régulièrement interrompues par des annulations, des changements de formats et de networks. La fin de Futurama, c’était il n’y a pas si longtemps, en 2012. Ce rétrofuturisme là est devenu un peu daté, mais les aventures de Fry, Leela, Bender et Docteur Zoidberg étaient pas mal hein, ça faisait le taf, c’était rafraîchissant.
C : Ca fait donc plus d’un lustre que Matt Groening fait partie des meubles. Et ce qui devait arriver arriva...
B : Il a sorti une série sur Netflix. La punchline est toute simple : après avoir disséqué la famille américaine du présent... enfin, même s’il elle ne vieillit jamais, et le futur avec Futurama, la nouvelle série de Matt Groening traite d’une vision de fantasy du passé. Aujourd’hui, je vous parle de Désenchantée.
[GENERIQUE]
B : Alooooooors Désenchantée est une série en 10 épisodes disponible sur Netflix, dix épisodes de 25 à 38 minutes, tous sensés établir une sorte de continuité, à l’inverse des Simpsons et de Futurama. Dans le beau royaume de Dreamland, la princesse Bean est vouée au mariage arrangée pour la santé économique du royaume. Mais elle n’a pas envie de fou d’épouser le premier neuneu venu, et va donc tout faire pour s’émanciper. Et pour s’émanciper du film Rebelle de Pixar, on lui a collé deux sidekicks. L’elfe Elfo et le démon Luci. Un petit fripon, et grossomodo le calque de Bender dans Futurama.
C : Ah bah justement. Est-ce que Désenchantée s’émancipe un peu des deux autres séries ?
B : NON ! Les personnages sont des copiers-collés d’autres personnages antérieurs. Et les doubleurs qui reviennent faire d’autres rôles, comme l’immense John Dimaggio qui fait le roi ! Un roi sans aucun champ créatif, du coup il fait de la figuration et c’est triiiiiiste. Donc je vous dis tout de site, j’ai vu la moitié de cette saison et rien ne décolle jamais. Ni le scénario, dont on attend encore l’arrivée, ni les blagues. Les rires sont un peu rares et jamais très francs... on est proche d’un épisode récent des Simpsons à ce niveau là, et c’est un peu dommage.
C : C’est bizarre, parce qu’un tel changement de format et de façon de penser aurait pu être bénéfique au processus créatif.
B : Tu lis dans mes pensées Corentin. C’est comme si j’écrivais tes relances, c’est un truc de fou.
C : Ah, voilà, ça c’est une blague qui n’est pas trop ancrée à un univers. Quel génie Benjamin !
B : Merci, merci. Bon, on peut aussi être drôle sans faire du méta tout le temps... Le truc c’est que Matt Groening a conçu un univers somme toute générique, et il fait mumuse avec. Mais les blagues sont pas écrites pour êtres drôles ou inventives, ce sont... ce qu’on pourrait appeller des blagues environnementales, (exemples “maintenant avec 5 idiots du villages !”) qui coulent de source avec l’univers de Désenchantée. Donc un peu convenues. Donc pas très drôles. Les personnages, en particulier ceux dont le rôle est d’être drôles, n’y parviennent jamais... et c’est bien con, surtout avec Eric Andre en doubleur, l’espoir était permis.
EXTRAIT 2
B : Et niveau rythme c’est pas folichon. Les personnages font des trucs, mais ne progressent pas, ne vont pas réellement quelque part. Et Désenchantée a le cul entre deux chaises médiévales, et il ne décide rien, du coup il tombe sur le coccyx et ouloulou c’est douloureux. 55 de Metacritic à la rédaction de cette chronique, et c’est super faible. Le ton parfois un poil acide ou sombre de la saga ne suffit pas. Jamais vraiment subversive, jamais vraiment trash, Désenchantée c’est sage. Elle a le droit d’être sage. Mais entre sage et chiante, la frontière est très fine.
C : Mais alors comment expliquer ce mini-ratage ? Ou cette toute petite réussite pour les optimistes ?
B : Moi je blâme le mode de production de Netflix. Un format pas interrompu par des publicités, donc plus long et rythmé différement. Et surtout, et c’est très bizarre à dire, mais Groening a probablement eu trop de libertés créatives. Netflix lui a filé une montagne de thunes et lui a dit : allez ! Tu fais ce que tu veux. Et ce projet méritait probablement un peu plus de peer review. Ca a du bon, les networks et la télé, parfois. Il n’y a pas vraiment de satire et c’est comme si tout le monde se retenait de faire des blagues de qualité pour ne pas faire de l’ombre à l’histoire. Pas de bol, l’histoire, je l’attends encore. Donc bon... voilà voilà. Mais peut-être que ça s’améliorera radicalement par la suite hein, les Simpsons et Futurama avaient les mêmes soucis à leurs débuts. Donc va savoir.
C : Ah ! C’est une petite surprise, mais c’est pas très positif tout ça. Bon, ben même nos idoles peuvent faire du moins bon travail, j’imagine. Et bien, à la prochaine Benjamin.
B : C’est quand Bo-Jack Horseman ?
Désenchanté par « Désenchantée »
Il aura mis du temps pour revenir dans l’actualité, mais ça y est : Matt Groening, le créateur des « Simpson », est de retour avec « Désenchantée ». Cette série cherche à dépeindre un univers médiéval fantastique drôle, mais nous verrons avec Benjamin Benoit qu’elle n’arrive pas du tout à s’extirper de sa zone de confort .
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