House Of Cards : qu’est-ce qui s’est Spacey ? (78 - 13/11/2018)
[Générique]
B : Il y a quelque chose de pourri au Royaume de Washington… la Maison-Blanche est le coeur d’intrigues où trahisons, meurtres, pouvoir se conjuguent… le couple Underwood est parvenu aux plus hautes sphères du pouvoir, et pour y rester, il a fallu verser sang, larmes et… (fin du générique) une fin de série vraiment nulle ? Ah merde. C’est dommage, ça partait bien.
C : Eh oui. Aujourd’hui, avec Benjamin Benoit, nous allons parler de la dernière saison de House Of Cards. Tu l’as regardée Benjamin, et ça n’avait pas l’air terrible. Mais avant, quelques éléments de contexte.
B : Bien sûr. Il faut revenir en 2013, à l’époque du lancement de House Of Cards. Souvenez-vous, la série favorite de Laurence Haïm, qu’on salue hein, était le fer de lance du lancement de Netflix. Ou du moins l’un des fers de lance, j’ai tendance à penser qu’Orange Is The New Black a plus naturellement rempli cette fonction. Mais bref le show de Beau Willimon avait sa petite réputation pour le réseau de Vidéo à la demande encore en plein déploiement. Je rappelle que ça parle de l’accession au pouvoir de Franck et Claire Underwood, élus démocrates, après moult malversations et manipulations. Donc attention, à partir de maintenant je vais spoiler des éléments du milieu de la série.
C : Si vous comptiez démarrer la série maintenant, vous avez trois mississipis pour passer à autre chose. Un mississipi…
B : Deux mississipis…
C : Trois mississipis !
B : Kevin Spacey, dans le rôle de Franck Underwood, va donc passer du rôle de Whip à vice-président, puis président, sans même être élu. Mais quelque chose va rapidement caractériser le personnage. On le sent très vite profondément sociopathe. Puis il va orchestrer un meurtre. Puis pousser quelqu’un devant une rame de métro. Le président Underwood est un meurtrier, sa femme le sait mais ne pipe mot. Il est froid, calculateur, et il n’hésite pas à créer d’horribles accidents pour ses ennemis ou ceux qui sont trop proches de la vérité.
C : Mais ce n’est pas que ça House Of Cards, c’est avant tout une aura.
B : Il n’y a pas si longtemps, la série était fort respectée pour son écriture et sa réalisation, très froide. Tournée dans un numérique glacial, et je doute que Washington soit une ville très chaude, House Of Cards a passionné ses fans durant au moins quatre ans. Mais ce qu’on voulait voir avant tout, c’est une émotion graduellement provoquée par la série. Et on l’a eu mais dans un sens inattendu.
C : Rappelons que Kevin Spacey a été évincé de la série pour comportement de prédateur.
B : Début novembre 2017, Spacey a prouvé qu’on pouvait mal faire un coming-out en avouant en même temps que lui-même n’avait pas les fesses propres. S’en est suivi une série d’accusations, et l’acteur s’est vu évincé de la série pour sa dernière saison, qui était déjà censée être la dernière mais qui a été amputée pour finir à 8 épisodes d’une heure. Du coup l’ultime ligne sur le CV de Kevin Spacey, c’est le film Les Neufs Vie de Mister Fuzzypants. Un film où il incarne un papa qui délaisse sa fille avant d’être transformé en chat par Christopher Walken. À n’en pas douter, un pur chef d’oeuvre.
C : Et là on rentre dans une deuxième couche de spoilers : cette fois, on va jusqu’à la fin de la saison 5 de House Of Cards !
B : Cette fois c’est Claire Underwood, incarnée par Robin Wright, qui devient présidente. Pas la dernière des sociopathes non plus, on l’a aussi vu commettre un meurtre à l’écran. Francis était en bonne voie vers la prison, et elle aussi a commencé à adopter le fameux gimmick de la série : s’adresser à nous, spectateurs. Elle l’a dit elle-même : c’est mon tour.
[Extrait teaser S6]
B : Franck Underwood est mort, Claire Underwood reste présidente, mais personne ne respecte Claire Underwood présidente, et tout le monde ne fait que parler de Franck Underwood cadavre ! Donc la série placardise l’acteur mais ne fait que parler du personnage, parce que cette saison 6 est un whodunit. Mais qui qui a tué Franck Underwood ? On finira par le savoir, au terme d’une saison très décevante, très ouverte, qui parle de trucs qui n’auront jamais la moindre réponse ou conclusion, et c’est très très très frustrant.
House Of Cards était un show plutôt subtil et élégant. Maintenant, c’est devenu un soap opéra qui se prend vraiment très au sérieux. Et plus rien ne marche. Plus de subtilités, que des métaphores cheloues ou prescriptives, des personnages excessifs… et tous les archétypes de personnages féminins zinzins sont présents. C’est bien con quand on veut faire de l’empowerement féminin ! Robin Wright fait son maximum, mais l’absence du showrunner Beau Willimon se fait sentir. C’est moins bien écrit, moins bien articulé. Les épisodes sont longs… ils font un quart d’heure de trop, on perd du temps sur des éléments sans importance, certains personnages apparaissent et disparaissent sans justification.
C : Et est-ce que la fin de la série est satisfaisante ?
B : 100% non ! C’est comme s’il manquait un énorme morceau derrière. Quasiment tout reste ouvert, des réponses ou des choses qu’on attend depuis le début sont laissées en suspens. Donc bravo, ça fait plein de personnages morts pour rien, et nous on a planté 75 heures de House Of Cards pour plus grand-chose.
C : Alors, est-ce qu’on regarde la dernière saison de House Of Cards sur Netflix ?
B : Ben oui par définition si vous avez maté les cinq autres, mais ça va vous laisser choqués et déçus. Personne n’aime cette dernière saison, et je pense qu’elle sera comparée à la fin de Dexter sur le long terme. C’est pas flatteur du tout. Donc c’est pas bien et vous n’aurez pas vraiment ce sens de l’accomplissement qui accompagne la plupart des fins de séries. Donc on fait quoi maintenant ?
C : Ben… rien.
B : Bon ben. Voilà voilà on a tous perdu notre temps, et Netflix prouve une nouvelle fois des limites potentielles à son modèle. Et bah à demain hein.
« House of Cards » : qu’est-ce qui a bien pu Spacey ?
Voici la conclusion d’une véritable série culte de Netflix ! Slalomant entre les polémiques, la dernière saison d’« House of Cards » arrive sur nos écrans. Un final complètement raté à en croire Benjamin Benoit qui l’a vu pour nous.
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