Corentin : Jadis c’était Un Dos Tres, aujourd’hui, c’est la Casa de Papel la nouvelle série espagnole dont tout le monde parle. Mais pourquoi cet engouement et surtout, pourquoi cela faisait longtemps qu’une série espagnole n’avait pas trouvé son public en France ? Angèle Chatelier explica todo.
(EXTRAIT 1 Bella Ciao)
Angèle : Non pas que j’ai envie de vous mettre Bella Ciao dans la tête toute la journée, mais ce titre est LE gimmick de la Casa de Papel, une série disponible sur Netflix dont personne n’arrive à expliquer réellement l’engouement.
C : Rappelons déjà son pitch
A : Et il est simple : huit braqueurs qui n’ont plus rien à perdre font le casse du siècle dans la Maison de la monnaie à Madrid. Le but : imprimer 2,4 milliards d’euros en onze jours sans faire la moindre victime. Pour ça, ils se sont préparés pendant cinq mois, téléguidés par le personnage d’El Professor qui a mis au point son plan machiavélique pendant une dizaine d’année. Au sein de la Maison de la monnaie, le temps c’est de l’argent (EXTRAIT 2)
C : La Casa De Papel a connu un succès immense depuis qu’elle est sur Netflix
A : Créée par Alex Pina, le baron des séries espagnoles, la Casa de Papel a été rachetée par la plateforme de VOD. À savoir, elle était initialement diffusée sur la chaîne espagnole Antena 3 entre mai et novembre 2017. A l’époque, les aventures des trois braqueurs Tokyo, Berlin et Rio avait été suivies par plus de 4 millions de téléspectateurs dans le pays.
C : La Casa de Papel n’est pas parfaite mais a au moins le mérite de faire naître un engouement pour une série espagnole en France. Chose rare.
A : La dernière qui avait connu un tel succès dans l’Hexagone, c’était bien évidemment Un Dos Tres (EXTRAIT 3)
Cette exportation bat les records avec un bénéfice de 20 millions d’euros. Mais depuis sa diffusion entre 2002 et 2005, presque nada niveau succès des séries espagnoles dans l’Hexagone.
C : Mais c’est pas faute d’avoir essayé !
A : M6 et leur chaîne Téva avait tenté le coup en diffusant Gran Hotel en 2012, un Downtown Abbey à l’espagnole. Dans le pays, la série est diffusée en prime-time, rencontre un succès immense, gagne de nombreuses récompenses. En France, elle est diffusée sur les chaînes du groupe M6, donc, et le midi.
En avril 2017, Netflix a mis en ligne Les Demoiselles du téléphone, une série espagnole qui met en scène le destin de plusieurs jeunes femmes, salariées d’une entreprise de télécommunication à la fin des années 20. La plateforme a annoncé l’arrivée d’une saison 3, c’est donc que ça se porte tout de même assez bien niveau visionnage sur Netflix.
Il y en a d’autres, bien sûr, mais rien de vraiment notoire avant la Casa de Papel.
C : Il faut dire que les codes des séries espagnoles ne sont pas les mêmes qu’en France.
A : Et c’est ce que l’on regrette dans la Casa de Papel. Si le pitch est parfait sur le papier, qu’elle nous tient en haleine pendant deux saisons
C : Des épisodes réduits à une quarantaine de minutes d’ailleurs, au lieu de 70, pour correspondre plus à ce qu’il se fait d’habitude sur Netflix
A : Oui. Bien que beaucoup de rebondissements se font… la série présente de nombreux écueils. Elle reprend souvent les codes des telenovelas, l’amour prime un peu trop, c’est parfois gnangnan et surtout dans la saison 2, il y a un nombre incalculable d’incohérences qui dénotent des codes américains de la série. Ceux où il y a une mise en scène soignée et de très beaux plans, par exemple.Dans Télérama, le journaliste Pierre Langlais regrette lui un certain sentimentalisme
C : La Casa de Papel est aussi une série qui s’intéresse à l’histoire de l’Espagne.
A : Les espagnols sont férus des séries historiques. Dans la Casa de Papel par exemple, on ne cesse de rappeler la crise espagnole qui a sévit entre 2010 et 2012.
Ce n’est pas la seule qui traite de l’histoire du pays et ce genre de séries trouvent un fort public : entre 2009 et 2012, les séries qui traitent de périodes historiques ou de l’histoire de l’Espagne font parties des 11 programmes qui font les meilleures audiences.
C : Et puis, les espagnols sont bien plus fidèles à leurs propres productions que nous ne le sommes.
A : Selon une étude réalisée par le CSA entre cette même période, 35 programmes locaux représente 87% des meilleures audiences. A titre de comparaison, en France, c’est seulement 40% pour 16 programmes. La fiction espagnole, d’autant plus, s’adresse à tous les publics, moins à des spectateurs de niches.
C : Malgré des codes qui sont différents de chez nous, nous n’avons rien à envier aux espagnols car nous ne sommes pas beaucoup mieux
A : Oui, ne critiquons pas les espagnols qui ont trop souvent été traités de ringards dans leurs séries. Souvenez-vous du chaos de la série Marseille, par exemple.
En France, pas mal de séries ont trouvé leur public à l’international. On pense à Engrenage ou aux Revenants. Mais le marché est tout de même bien dominé par les Américains et les Britanniques.
Pour terminer, oui, la Casa de Papel est une excellente série mais la fin est décevante. En ce sens, elle ne devrait pas marquer les esprits plus que ça.
On peut noter tout de même que cela fait un bien fou d’entendre parler espagnol même si cela peut en dérouter certains. Il faut accepter une part de soap, de romantisme un peu sur-côté pour apprécier toute l’intrigue de la série.
C : Et oui, les codes des séries espagnoles ne sont pas les mêmes que chez nous ! Autant le savoir avant d’apprécier la Casa de Papel. Merci Angèle (prendre l’accent espagnol) pour avoir fait un point sur l’état des séries espagnoles. Que tenga un buen dia !
A : Tu tambien :)
« La Casa de Papel », première série espagnole à trouver son public en France depuis longtemps
« La Casa de Papel », cette série espagnole de braquage, a été remise au goût du jour par Netflix. Angèle Chatelier nous en parle, ainsi que du sujet plus général des séries ibériques en France.
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