Corentin : Ça faisait longtemps que des super-héros n’avaient pas été mis sur le devant de la scène, tiens... Hulu se lance à son tour dans la danse avec « Runaways », une série sur des gamins qui se découvrent des super pouvoirs. Apparemment, cette adaptation de Marvel est particulière, puisqu’elle a bien fait rire notre chroniqueuse, Marie Turcan. Explique nous ce fou-rire, Marie.
Pour tout te dire Corentin, au départ, je voulais parler de Nola Darling. C’est une super série de Spike Lee réadaptée d’un de ses propres films de 1986. Il y a tout : humour, beauté, talent, modernité… Et puis soudain j’ai regardé Runaways.
C : Elle doit être vraiment exceptionnelle, cette série !
Tu vas tout comprendre. Mais d’abord ce petit extrait de la bande-annonce de Hulu.
https://www.youtube.com/watch?v=2J_GqP1GIBI (0 :43)
Tu l’entends, cette petite musique envoûtante, à la fois enjouée et énervée, qui te dit « je suis une série pour ados qui fait n’importe quoi mais tu ne vas pas me résister » ?
Runaways de Marvel à la sauce Hulu, c’est exactement ça.
C : Hulu... Pourquoi ça me dit quelque chose, Marie ?
Hulu, c’est la plateforme concurrente de Netflix aux Etats-Unis. Elle n’est pas très connue chez nous. Mais maintenant, elle a sa propre série de super-héros ! Parce que si tu n’as pas ta série Marvel ou DC en 2017, tu as raté ta vie de diffuseur branché (ou pas).
Mais revenons à nos super-moutons.
Runaways, c’est l’histoire foutraque de six ados amis d’enfance qui découvrent que leurs parents ont un gros secret…
C : Ne me dit pas qu’ils vont découvrir que l’argent de la petite souris, c’est eux qui le mettent en fait ?
Non c’est pas ça et c’est pas non plus un secret du type « j’ai un compte au Bahamas » ou « papa a trompé maman avec le facteur ». Non. Il y a un secret — qu’on apprend dès la fin du premier épisode donc je peux « divulgacher » cette révélation ».
Le secret, c’est qu’ils font partie d’une SECTE qui, non contente d’avoir un dresscode « robe rouge à capuche » du plus bel effet, ne fait ni plus ni moins qu’enfermer des gens dans des soucoupes spatiales / pour aspirer leur vie / et la donner à un vieux malade enfermé dans la pièce d’à côté.
Classique.
C : Mais attends une seconde, ce n’est pas censé être une série de superhéros ?
C’est bien ça le plus drôle ! En fait, les « super pouvoirs » des ados ne sont pas du tout au centre de l’histoire. Ça pourrait être un bon point, quand c’est bien fait. Par exemple, la série Jessica Jones est plus une plongée sombre dans les relations manipulatrices que l’histoire d’une héroïne à la force décuplée.
Mais là, on a des lycéens lambda pas très intéressants, qui passent la plupart de leur temps à courir partout, et de temps en temps l’une d’entre eux pousse une camionnette à la force de ses bras.
C : Ok mais des séries moyennes, on en voit passer des dizaines, pourquoi parler de celle-ci, si elle n’est pas à la hauteur ?
Et bien justement, parce que Runaways est complètement addictive ! En fait, ils ont réussi un coup de maître en rendant fascinant un synopsis foireux.
Ce n’est pas grand chose : un zoom par ci, une musique par là, des cliffhangers bien utilisés, et hop, on se retrouve à binge-watcher 4 épisodes à la suite jusqu’à 3h du matin.
D’où vient cette réussite, me demanderas-tu. Selon moi, c’est là tout le talent de ses créateurs — ou plutôt de ses adaptateurs — : Josh Schwartz et Stephanie Savage.
C’est le duo est à l’origine de ça :
https://www.youtube.com/watch?v=PIfVyN1DLvs
C : Les fans invétérés auront certainement reconnu le générique de Newport Beach (The OC).
Schwartz et Savage ont aussi créé Gossip Girl, qui était un des plus gros phénomène des années 2000.
Les deux scénaristes connaissent les ressors de la fiction comme leur poche, et savent te faire croire que si tu ne regardes pas le prochain épisode, tu vas louper une information indispensable à la bonne continuation de ton existence.
En plus, les fans de séries les plus consciencieux pourront s’adonner à leur jeu préféré : « Mais dans quelle série série je l’ai déjà vu lui au fait ? ». Sans tous les citer, on a: le beau gosse de Faking it, le geek en fauteuil roulant d’Alias, et surtout, surtout, il y a SPIKE, Spike le gentil-méchant de Buffy, Spike qui à 55 ans et toujours pas une expression faciale.
C : Oui, c’est d’une certaine manière leur façon de se rattacher à l’incontournable fibre nostalgique obligatoire, j’imagine.
Et puis perdu au milieu de tout ce kitch, il y a un truc qui a attiré mon attention, c’est le générique. Au départ on dirait juste des plans de ville, mais quand on y regarde de plus près, il y a de nombreuses allusions aux super pouvoirs des héros ainsi qu’à la série en elle-même.
Ça m’a surprise, car je ne m’attendais pas à voir un tel investissement qualitatif dans une production ultraclassique, du coup, je me dis qu’elle peut peut-être réserver des surprises…
C : Du coup, tu la conseillerais à qui cette série?
Honnêtement, à mon pire ennemi. Juste pour qu’il gâche 10 heures de sa vie à tout regarder — en plus, elle est encore en cours de diffusion sur Hulu en ce moment.
Plus sérieusement, si vous avez aimé les délires de Scream Queens, la série de Ryan Murphy le créateur de Glee, vous adorerez la folie de Runaways.
Franchement, cite moi un série qui réussit à caser des soucoupes spatiales, des capes rouge à la Eyes Wide Shut, des dessous de verre qui ouvrent des bibliothèques secrètes, SPIKE DE BUFFY et un DINOSAURE ? LE TOUT EN QUATRE ÉPISODES.
J’attends le prochain avec impatience.
C : En tout cas pour ce plaisir coupable, il faudra surement attendre un peu histoire qu’un distributeur français le récupère en tout cas. Merci Marie Turcan.
« Runaways » : la série d’ado la plus foutraque du moment est aussi la plus addictive
Marie Turcan de « Business Insider France » s’est laissé attraper par une drôle de série sur laquelle elle ne pensait pas accrocher : « Marvel’s Runaways » ! C’est kitch, mais elle l’avoue bien volontiers, c’est aussi un vrai petit plaisir.
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