Benjamin : Donc là c’est le moment iconique hein, il s’est mis à boire son pipi.
Voix 1 : Quoi ? Qui boit quoi ?
Voix 2 : Le pipi de qui ? C’est quoi cette histoire ? On parle encore de Donald Trump ?
B : Ouhla non. Je me porte en faux. Attend les micros sont allumés ? Bonjour Corentin ! Alors on se calme, je viens juste de regarder You Versus Wild, sur Netflix.
Corentin : Et salut à toi Benjamin, c’est une chronique qui sent… (effet dramatique) la TNT aujourd’hui ! Tu nous emmènes sur RMC Découvertes ou bien ?
B : Alors. Presque, mais pas tout à fait. Il est vrai qu’RMC Découvertes est l’un des coins les plus fascinants de la TNT. Mon petit fétiche, et grossomodo le fétiche de tout le monde, c’est les émissions américains en voice over. C’est à dire surdoublées en français en plus fort que l’anglais. Je pense que ça définit tout un genre de contenus à la télévision, purement axé divertissement. Peut-être qu’un jour je vous parlerai de Shipping Wars, mais en attendant, je suis sûr que Man Vs Wild ça vous évoque quelque chose.
[EXTRAIT SONORE 1]
B : Mais avant toute chose, je dois vous parler du porteur du patronyme le plus clinquant du monde : Bear Grylls. Né le 7 juin 1974 en Irlande du Nord, il est connu pour être le plus jeune britannique à avoir grimpé l’Everest. A l’âge de 23 ans. Il est militaire notoire du SAS - les forces spéciales - mais a dû changer de carrière après s’être cassé le dos. Depuis, on le connaît pour un programme bien spécifique, diffusé sur Discovery Channel, et ce programme c’est Man VS Wild. Corentin, on va parler… de survivalisme.
C : Oh ! On va éteindre des torches ? Top pour manger ? (Denis Brogniart) AH ?
B : AH ! Pas tout à fait. Là on rentre dans un véritable délire survivaliste, mais sans bouger de sa télé. Tu en conviendras, c’est un peu plus confortable. Le principe de Man Versus Wild est très simple. On suit le sympathique Bear Grylls à travers une aventure en milieu hostile. Son seul objectif est de se rendre à un point de ralliement. M’est avis qu’il pourrait directement se rendre en hélicoptère au point donné, vu qu’on l’y dépose en hélicoptère, mais sinon il n’y aura pas d’émission j’imagine. Et c’est parti pour l’aventure mon bon Milou.
C : L’intérêt de l’émission c’est son côté exotique, l’ami Grylls nous emmène dans des coins farfelus et reculés du monde.
B : C’est ça. En Islande, en plein désert, en pleine jungle, toujours des aventures en solitaire et seul face à la nature. C’est le sous-titre de l’émission, d’ailleurs. Donc tout l’intérêt de la chose est de voir les trésors d’imagination et d’inventivité déployés par le bonhomme pour survivre. Ca a donné des séquences cultes, généralement cracra. Bear Grylls boit son urine pour survivre, Bear Grylls trouve de l’eau dans des bouses d’éléphant, Bear Grylls donne de son corps pour la caméra. C’est hypnotisant, et ça repose beaucoup sur l’improbable travail de caméra, de storytelling et la bonhomie de Bear Grylls. Bon, c’est pas le genre de programme qu’il faut prendre au pied de la lettre, parce que si tu te demandes comment ont été filmé telle ou telle séquence ou Grylls est systématiquement en danger, tu vas sévèrement arrêter ta suspension consentie d’incrédulité.
C : Et le voilà maintenant sur Netflix. Avec un petit quelque chose en plus.
B : Oui, car You VS Wild a un gros quelque chose en commun avec Bandersnatch. Que je ne vous recommande pas beaucoup, mais je vous recommande la chronique idoine des Croissants. You VS Wild, c’est la version interactive de Man VS Wild. Netflix poursuit ce concept de te demander de prendre des décisions de temps en temps. Je vais vous expliquer comment ça marche.
Il y a huit épisodes. Dans chacun d’entre eux, Bear Grylls doit accomplir une quête qui fait très jeu vidéo, du genre redonner les médicaments dans le village perdu ou retrouver le chien des montagnes, ce genre de choses. Ca dure un gros quart d’heure à chaque fois, et de temps en temps Grylls se tourne vers la caméra et dit, avec son air très sérieux et ses yeux éternellement plissés : est ce que je dois dévaler la pente en ski, ou utiliser mon parapente ? Donc toi tu fais les choix, si c’est pas le bon on te remet devant et c’est tout. Généralement tu ne te plantes jamais plus d’une fois par épisode.
[EXTRAIT MEDOC VERSUS WILD]
B : Alors ça c’est un peu différent, c’était un sketch de Nolife avec Médoc, la ressemblance était à s’y méprendre. Bon, mais autant vous dire que You Versus Wild… c’est pas très intéressant. Et ce sur plusieurs aspects.
C : J’imagine que la notion de choix n’est ni très intéressante, ni très claire.
B : Et tu devines bien ! Car dans chaque choix, il n’y a jamais de réponse vraiment évidente ou vraiment bête. Grylls prend toujours le temps d’expliquer les pours et les contres des options, et le spectateur ne peut jamais vraiment deviner. Sauf s’il lit l’avenir. Quand on prend une mauvaise décision, rassurez-vous, Grylls ne se met pas à mourir juste pour nos beaux yeux, il est juste contrit, fatigué ou vaguement dans une mauvaise posture. Et c’est bizarre parce que toutes les options prises sont, selon lui, intelligentes ou judicieuses. Ne prenez vraiment pas ça comme des aventures narratives, même si les épisodes se vantent de pouvoir être terminés plus ou moins rapidement. MOUAIS. Il faut juste faire un choix qui sonne un peu arbitraire.
C : Mais en le prenant comme un divertissement bête et méchant, ça passe ?
B : Oui, mais hélas ça ne les rend pas très originaux face à Man Versus Wild. On dirait que le format a été relancé, avec cette contrainte technique en plus. Et les interactions de Grylls avec le spectateur sont un peu lourdingues… tu as parfois l’impression de te retrouver devant Dora L’Exploratrice. Ce n’est pas demain la veille qu’on va se retrouver dans ces situations-là… tout le monde n’a pas le tonus et la vitalité de Bear Grylls. C’est court et rigolo si vous ne connaissez pas l’émission, rien de plus. Ca a vraiment les défauts d’un jeu interactif préhistorique comme on pouvait en trouver sur la MEGA CD.
C : Donc ça ne surprendra pas grand-monde, mais en conclusion, c’est un programme vraiment crétin à consommer une main dans un bol de chipsters, l’autre sur la télécommande.
Excellent résumé. Et oui, puisque vous vous posez la question, il y a toujours des images cracra. Vous aurez l’opportunité de faire fouiller à Grylls une énorme crotte d’ours à la recherche de noix pas digérées.
C : Eeeeeerk.
B : Allez bisous je m’envole.
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