«Tu penses parfois que tu n’es rien ? Parfois, je me dis que je ne suis rien. Inutile.
En vérité, l’héroïne de Muriel, la vingtaine avachie, jeune femme ronde et solitaire écrasée entre un père qui surjoue les notables et une mère en burn out dès la première scène, ne trouvera pas l’amour. Mais elle se trouvera elle-même, jusqu’à arrêter d’écouter les chansons d’ABBA qui ont pendant tant d’années été son seul refuge. À commencer par Dancing Queen, son hymne, qui traverse le film australien de Paul John Hogan dans plusieurs versions que le groupe a laissées exister à un moment bien particulier de son retour au premier plan. Nous sommes en 1994, deux ans après la parution d’ABBA Gold, best of savamment travaillé pour faire briller le talent de compositeurs du groupe suédois à ceux qui acceptaient enfin de se pencher dessus autant que pour faire danser celles et ceux qui n’avaient jamais arrêté (lire l’épisode 2, « “Gold” : ABBA, un peu plus près des étoiles »). Même quand le groupe semblait définitivement enterré dans le sable du mauvais goût dans les années 1980 (lire l’épisode 1, « ABBA, le groupe qui ne voulait pas mourir »).
« Les gens se sont toujours tournés vers ABBA comme une échappatoire, m’a expliqué Carl Magnus Palm, leur biographe le plus sérieux, depuis son bureau de Stockholm.