Anaïs Leleux a pris la parole publiquement ce mercredi. Mardi, elle avait annoncé aux Jours avoir déposé plainte pour « abus de faiblesse » et « harcèlement moral » contre le député de Paris, Julien Bayou, son ex-compagnon de 2017 à 2021. Elle confiait également porter plainte pour « non-assistance à personne en danger » contre X cette fois, pour que « ceux qui ont contribué à [la] violenter psychologiquement pour le défendre [soient] entendus par la justice et mis face à leurs responsabilités ». Dans son viseur : le parti Europe Écologie - Les Verts (EELV), qu’elle accuse d’avoir protégé Julien Bayou. Le parquet de Paris confirme aux Jours que ces deux plaintes sont « en cours d’analyse ». Toutes les personnes citées dans ces dernières sont présumées innocentes.
Dans cette librairie parisienne, près de la place de la République, Anaïs Leleux a sonné une lourde charge contre son ex-compagnon et le parti dont elle a été adhérente. « Julien Bayou, c’est cet homme qui se dit féministe tout en brisant des femmes. Et ils le savent. Tous. C’est toujours comme ça. Ils savent. Quand leur copain a un “problème avec les femmes”, comme on dit quand on ne veut pas trop se mouiller », a-t-elle attaqué face aux journalistes et une dizaine de soutiens. Elle a ensuite cité les témoignages que d’autres femmes ayant eu affaire à Julien Bayou lui auraient livrés : « Il y a celle qui parle de “torture psychologique permanente”. Celle qui parle “de perversité subtile, rodée, presque délicate et souriante”. […] Celle qui te dit que la première fois qu’elle t’a vue, elle s’est dit “oh bordel, elle, c’est la prochaine victime de Bayou”. Celles qui te disent qu’elles aussi ont eu des idées suicidaires pendant la relation. […] Celle qui te dit qu’elle “a été un objet sexuel et un objet à broyer les autres femmes”. […] Celles qui disent qu’elles l’ont observé embrasser des filles par surprise à la sortie des toilettes et raccompagner ivres mortes des militantes qu’il resservait en alcool quand elles avaient le dos tourné. Celle qui te dit qu’elle s’est “sentie obligée de passer à la casserole”. Celles qui disent s’être réveillées après une soirée, sans comprendre ce qu’elles faisaient dans son lit. » Contacté, Julien Bayou n’a pas répondu à nos sollicitations.
Anaïs Leleux est ensuite revenue sur la façon dont EELV a traité l’affaire à l’automne 2022, lorsque la cellule d’enquête sur les violences sexistes et sexuelles (CVSS) du parti s’était autosaisie, avant de la clore le 1er février 2023 : « Alors que personne au sein [du parti] ne prenait ses responsabilités, alors que des victimes effrayées refusaient de porter plainte, alors que moi, je n’étais pas en état de le faire, nous avons dû trouver un moyen de mettre massivement en garde les militantes contre Julien Bayou. Contre un homme qui, des années durant, a instrumentalisé le féminisme et les féministes pour mieux assurer son impunité. » La plaignante s’est toutefois défendue d’avoir organisé une « surveillance » du député, comme celui-ci avait pu le laisser entendre à l’époque dans la presse.