Peu de femmes ont été auditionnées dans l’affaire Benalla. Elles n’ont été que deux parmi les 28 personnes convoquées par la commission d’enquête du Sénat : la directrice de l’Inspection générale de la police nationale, Marie-France Monéger, entendue rapidement en juillet, et Sophie Hatt, ancienne patronne du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR). Commissaire de police depuis 27 ans, elle a exercé à l’Élysée pendant presque tout le quinquennat de François Hollande. D’emblée, son propos s’est voulu précis et synthétique. « J’ai recruté moi-même tous les membres du GSPR. C’est moi aussi qui les ai notés », a-t-elle expliqué d’un ton posé mais ferme. Sophie Hatt a également été la dernière à être questionnée au palais du Luxembourg à propos d’Alexandre Benalla, l’ancien chargé de mission au rôle trouble et aux agissements violents, le 1er mai, place de la Contrescarpe à Paris. Après sa venue le 10 octobre, les sénateurs ont mis un point final à leurs auditions et rendront leur rapport « dans quelques semaines » après « un travail d’analyse approfondie », selon Philippe Bas, le président de la commission d’enquête. Les recoupements s’annoncent, en effet, difficiles.
Le déroulé des auditions a laissé les sénateurs perplexes. Ils ont confronté les personnes entendues aux propos d’Alexandre Benalla, aux images d’Alexandre Benalla, aux informations sur Alexandre Benalla… pour finalement constater moult contradictions entre les dires de toutes ces personnes – qui ont pourtant prêté serment. Le socialiste Jean-Pierre Sueur, corapporteur de la commission d’enquête, est un peu perdu : « Selon les auditions, M. Benalla apparaît comme un organisateur de voyages, ou un garde du corps qui assurait une sécurité rapprochée, ou une mission de confiance de façon générale, ou aucune mission de sécurité… Nous avons donc un gros travail pour trouver la vérité. » Il demande à Sophie Hatt son sentiment. Elle répond : « J’étais en charge de la sécurité rapprochée du président de la République. Le chef de cabinet s’occupait de l’organisation des déplacements. C’était très clair. Je n’aurais jamais accepté que des personnes viennent empiéter sur mon domaine de compétence. » Dans la bouche de Sophie Hatt, même à demi-mot, la place prise par Alexandre Benalla, simple chargé de mission et adjoint au chef de cabinet – et non chef de cabinet lui-même – correspond bel et bien à une anomalie. Un peu plus tôt, elle avait été tout aussi formelle :