Quatre mois après sa mise en examen dans l’affaire Benalla et sa suspension, le commissaire Maxence Creusat a été réintégré par la police nationale et s’apprête à reprendre du service, selon les informations des Jours. Son contrôle judiciaire lui interdisant de retrouver son poste à la Direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) de la préfecture de police de Paris, il s’est vu proposer une autre affectation. Dans les prochaines semaines, le commissaire Creusat doit prendre ses fonctions à Haguenau, dans le Bas-Rhin (35 000 habitants), en sécurité publique (la police du quotidien et des commissariats). Il s’agit de ce qu’on appelle une « mutation dans l’intérêt du service », sur un poste vacant. Contacté par Les Jours, son avocat, Thibault de Montbrial, ne souhaite faire « aucune déclaration sur cette affaire », à la demande de son client.
Comme ses collègues Laurent Simonin et Jean-Yves Hunault, Maxence Creusat, 30 ans, est mis en examen depuis le 22 juillet pour « violation du secret professionnel » et « détournement d’images issues d’un système de vidéoprotection ». Ils sont tous trois soupçonnés d’avoir transmis au chargé de mission de l’Élysée Alexandre Benalla les images de la place de la Contrescarpe, le 18 juillet, après la publication de l’article du Monde. Maxence Creusat dirigeait alors la cellule Synapse de la préfecture de police de Paris, un groupe de travail chargé d’étudier les manifestations de voie publique pour affiner les stratégies de maintien de l’ordre. Il avait accès, à ce titre, aux vidéos de manifestations conservées par la police au-delà du délai légal d’un mois. Il est bien entendu interdit de les transmettre à des tiers non autorisés. Parmi les trois policiers mis en examen, seul Maxence Creusat a été auditionné par le Sénat, dans le cadre de la commission d’enquête sur l’affaire Benalla (lire l’épisode 17, « Le Sénat a des problèmes d’auditions »). Le 12 septembre, on découvrait son visage juvénile et son attitude confiante. Yeux bleus, look soigné, il estimait n’avoir commis « aucune faute de nature pénale ». Les cinq mis en examen (les trois policiers, Alexandre Benalla ainsi que son acolyte de manif Vincent Crase) ont récemment été entendus sur le fond par le juge d’instruction qui poursuit son enquête.

Si elle peut surprendre, la réintégration de Maxence Creusat est dans les clous des habitudes policières. Les fonctionnaires suspendus, bien que privés de primes, continuent à toucher leur rémunération.