Vous l’avez vu dans tous les films policiers, il y a le bad cop et le good cop, celui qui rudoie et celui qui assouplit. Cette fois, les cops étaient tous les deux bad, really bad. À gauche, le sénateur Jean-Pierre Sueur, dit « l’Étrangleur de l’Élysée ». À droite, la sénatrice Muriel Jourda, dite « la Sulfateuse de la République ». Et au milieu, leur chef, Philippe Bas, very bad cop, dit « l’Atomiseur de Benalla ». La commission d’enquête qu’il préside a rendu son rapport ce mercredi, sobrement intitulé « “Affaire Benalla”, rapport d’enquête de la commission des lois du Sénat » mais nous, on a trouvé un meilleur titre : le Sénat se parfume à la dynamite.
La thèse de la faute de l’homme isolé s’est annulée.
Car c’est, à chacune ou presque des 160 pages qui le composent, un minutieux, précis, documenté, implacable cassage de gueule dont l’épaisse moquette de la chambre haute ne peut assourdir les coups. Moquée en « affaire d’été » par l’ex-chargé de mission en personne, la saga Benalla – mais qui en doutait ? – est bel et bien une affaire d’État, l’État que préside Emmanuel Macron. « La thèse de la faute de l’homme isolé s’est annulée », assène Muriel Jourda depuis la tribune où elle présente le rapport. « La présidence de la République a péché par manque de précaution », dénonce Jean-Pierre Sueur. « Cela fait tout de même beaucoup », euphémise un Philippe Bas qu’on sent à deux doigts d’enfiler un gilet jaune pour aller défoncer l’Élysée au transpalette.