Pieds de caméra, micros et casques s’entrechoquent en file indienne au second sous-sol de l’Assemblée nationale. L’armada de journalistes venue assister à l’audition du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, en est pour ses frais : la salle de la commission des lois, transformée pour un mois en commission d’enquête à la faveur de l’affaire Benalla, offre à peine un siège à tous les députés présents, alignés en trois rangs d’oignons, tous bords confondus, au pied de la tribune où trônent la présidente, la députée LREM (La République en marche) Yaël Braun-Pivet, et le corapporteur LR (Les Républicains) Guillaume Larrivé. À l’arrivée du ministre, la nuée de caméras se déverse entre les rangées, pour s’agglutiner devant le premier flic de France, premier aussi à être « invité » à s’expliquer – une convocation à une commission d’enquête parlementaire ne se refuse pas. À peine entrés, déjà poussés vers la sortie. Il n’y a pas de place pour les journalistes dans la petite salle, dédiée aux travaux quotidiens de la commission des lois. Ils sont sommés de retourner d’où ils sont venus – du couloir. « Pourquoi on n’est pas en salle Lamartine ? », s’indigne quelqu’un dans la bousculade. « On est venus pour rien », tranche un photographe. « De toutes manières, c’est retransmis partout », fait remarquer une attachée de presse qui agace tout le monde, désignant un téléviseur installé au mur. Ou comment tenir la presse à bonne distance des débats, par écran interposé.
On revient de loin.