Les policiers du bureau 302 de la crim’ pensaient avoir trouvé le serial killer qu’ils pistent depuis plus de dix ans. Ce 22 janvier 1997, les enquêteurs du groupe d’Odile Fairise continuent à interroger un manutentionnaire de l’aéroport de Roissy (lire l’épisode 6, « Et soudain, l’empreinte du Grêlé »), qui habite à côté de Mitry-Mory (Seine-et-Marne). Ingrid, 11 ans, a été capturée sur un chemin de cette commune le 29 juin 1994, par un faux policier à bord d’une Volvo blanche. Or, cet homme de 41 ans possédait à cette date un véhicule similaire et a été emprisonné pour viol en réunion entre 1978 et 1981. En outre, Jacques L. correspond en tous points au signalement du kidnappeur de la fillette. Et son groupe sanguin est identique à celui du Grêlé. Le gardé à vue a beau soutenir avoir repeint sa Volvo 340 « en jaune vif, qui ne peut se confondre avec le blanc », et être incapable « de se rendre sans un plan » jusqu’à Saclay (Essonne), comme l’a fait le ravisseur d’Ingrid, ses dénégations n’ébranlent guère les certitudes policières. De toute façon, c’est la science qui tranchera. Le coup de fil du généticien Olivier Pascal du labo de Nantes ne tarde cependant pas à anéantir les espoirs de la crim’ : « Négatif ! » L’empreinte génétique de ce coupable idéal n’est pas le même que celle du Grêlé : « XY n° 16.17.16.17.7.9.3 ». Le commandant Odile Fairise termine son procès-verbal de garde à vue par ces mots : « Résultats de l’expertise : Jacques L. n’est pas l’auteur des faits commis sur Ingrid. »

« Sans désemparer », selon l’expression de la police, les officiers se mettent à explorer les vieux fichiers des prisons, rangés dans des sabots aux archives, dans les sous-sols du 36. En quête d’un détenu écroué soit avant la tentative d’homicide sur Sarah, le 7 avril 1986 (lire l’épisode 3, « Le Grêlé a encore frappé »), soit entre le viol de Marianne, le 27 octobre 1987, et l’enlèvement d’Ingrid, en 1994. Entre-temps, les enquêteurs n’ont pas repéré sa trace sur d’autres scènes de crime. Pendant ces sept années, le Grêlé a disparu de la circulation. Où était-il passé ? En prison ? À l’étranger ? Dans un hôpital psychiatrique ? Le capitaine Christian L., dit « Le Breton », et un autre « ripeur » de base fouillent alors les cartons jaunis sur lesquels les établissements pénitentiaires d’Île-de-France inscrivent les dates d’entrée et de sortie des détenus, leur état civil et l’objet de l’incarcération. Le groupe Fairise décide également d’éplucher