D’un côté, il y a la bière qui fait mal aux bras. Celle dont on achète les canettes par 40 pour la promo, mais dont le pack cartonné nous cisaille les phalanges jusqu’au passage en caisse. De l’autre, il y a la bière artisanale au nom qui fleure bon le terroir (la Minotte à Marseille, la Bière des embruns dans les Côtes-d’Armor, la Putain de bière cévenole en Lozère…) et qui se choisit bouteille par bouteille. Pour varier les plaisirs… et parce qu’elle coûte bien plus cher, il faut le dire. Mais elle est aussi bien meilleure et se l’offrir fait travailler le « petit brasseur » du coin. Et ça, on aime bien, n’est-ce pas ?
Des brasseries artisanales, on en compte au moins 1 800 aujourd’hui en France, contre à peine quelques dizaines au début des années 2000, selon un décompte transmis par le tout jeune Syndicat national des brasseurs indépendants (SNBI), né en juin 2016. Qui assure par ailleurs qu’une brasserie ouvre chaque jour dans l’Hexagone. Bien sûr, la grosse bibine classique n’est pas morte. Loin de là. Pas moins de 92 % des bières consommées dans notre pays sont encore d’origine industrielle. Celles-ci sont en grande partie produites par quatre multinationales
Le biérologue Guirec Aubert analyse ce retour en force dans son livre La bière dans tous ses états (éditions Apogée, 2019), qu’il explique par « un mouvement général dans nos sociétés de réflexion sur ce que l’on mange, qui s’est logiquement étendu à ce que l’on boit ».