À quoi joue l’Observatoire de la liberté de création ? Depuis quelques semaines, cette instance qui rassemble depuis 2002, au sein de la très installée Ligue des droits de l’homme, des syndicats et groupements du cinéma, du théâtre, des arts plastiques et de la musique, mène une campagne de fragilisation des démarches de plainte lancées après l’empêchement des concerts de l’organiste suédoise Anna von Hausswolff à Nantes et Paris, début décembre (lire l’épisode 1, « Des concerts crucifiés dans un silence de cathédrale »). Selon nos informations, l’Observatoire a ainsi contacté plusieurs spectateurs nantais qui s’étaient manifestés afin de prendre conseil et donner une suite au blocage du concert par des intégristes catholiques, pour mettre en doute la moralité de l’artiste et l’idée même de la soutenir en raison d’une vieille photo la montrant avec un t-shirt à l’effigie de Burzum, le projet black metal du militant d’extrême droite et assassin norvégien Varg Vikernes. Interrogé par Les Jours, l’Observatoire de la liberté de création n’a pas répondu à nos questions, sa cofondatrice et codéléguée, l’avocate Agnès Tricoire, se contentant d’estimer qu’il s’agit de « fake news ».
Tout se passait pourtant normalement jusque-là, pour autant que défendre la liberté de jouer une musique tout à fait légale dans des lieux autorisés soit normal en 2021. Dans la foulée des concerts français d’Anna von Hausswolff, annulé à Nantes et déplacé dans le secret à Paris face à une mobilisation d’extrémistes (lire l’épisode 3, « Concerts annulés : la communion des extrêmes droites ») qui mêlait catholiques et droite dure, l’Observatoire avait publié un communiqué qui rappelait les faits : empêcher un spectacle est un délit au titre de l’article 431-1 du Code pénal. « Nous déplorons que 370 spectateurs aient été privés du spectacle de cette musicienne suédoise par une cinquantaine d’intolérants, continuait ce texte collectif. Nous encourageons le Lieu unique et les spectateurs à déposer plainte pour entrave à la liberté de création et de diffusion d’une œuvre contre ces activistes dont certains ont été identifiés. Nous leur proposons notre aide et notre soutien. » Ce qui fut fait. Le Lieu unique, la scène nationale qui organisait le concert nantais, a échangé avec Agnès Tricoire avant de choisir de travailler avec des avocats plus proches de lui. Des spectateurs ont aussi été en contact avec l’avocate, très engagée sur ce dossier pendant le mois de décembre, ainsi que