Lorsque les concerts d’Anna von Hausswolff à Nantes, puis à Paris, ont été empêchés par la mobilisation d’intégristes catholiques au début du mois de décembre 2021 (lire l’épisode 1, « Des concerts crucifiés dans un silence de cathédrale »), un même sentiment a traversé tous ceux et celles qui connaissent un minimum la musique metal, la grande sphère où s’exprime l’organiste suédoise : encore ? À l’ère des voitures électriques et des télescopes géants lancés à travers l’espace, plus de cinquante ans après l’apparition du genre dans les mains de Led Zeppelin, Black Sabbath et Jimi Hendrix dans un glissement du rock devenu surpuissant, échevelé et riche en solos de guitare, le metal serait encore sulfureux ? Il serait toujours un outil chargé de faire descendre Satan sur la terre des croyants ? Inscrire une croix renversée sur un t-shirt ou détourner créativement la symbolique des églises gothiques resterait un vulgaire blasphème ?
On l’a vu dans l’épisode précédent (lire l’épisode 3, « Concerts annulés : la communion des extrêmes droites ») de cette série, le blocage des concerts d’Anna von Hausswolff était avant tout l’expression médiatique d’une guerre de positions au sein de la communauté catholique de France, où intégristes et antipapes se mêlent actuellement à une extrême droite dégoupillée par la campagne présidentielle pour défendre leur bastion ultraconservateur assailli par une société qui change sans eux.