“When you got nothing, you got nothing to lose
You’re invisible now, you got no secrets to conceal”
« Quand tu n’as rien, tu n’as rien à perdre
Maintenant, tu es invisible, tu n’as plus de secrets à cacher »
Bob Dylan, Like a Rolling Stone
Patrick et Isabelle ne le savent encore, mais leur destin commun se joue en cette année 1965. Enfin, entre 1964 et 1965 pour être exact. En pleine guerre froide. Leur destin et celui des autres, tous les autres, cette génération des baby-boomers à qui tout sourit. Patrick Balkany a vu le jour le 16 août 1948 à Neuilly-sur-Seine, moins d’un an après Isabelle Smadja, née le 20 septembre 1947 à huit kilomètres de là, à Boulogne-Billancourt. Si le premier grandit avec une cuillère dorée dans la bouche, la seconde en a une en or massif. De vrais gosses de riches, dans une époque d’abondance qui paraît infinie…
Quand on y songe, 1965 est une année exceptionnelle. Un de ces moments dans l’histoire où le monde semblait léger et éternel. Cette année-là pourrait être rebaptisée la plus rock’n’roll du siècle. Jugez plutôt : les Beatles sortent Yesterday, les Stones (I Can’t Get No) Satisfaction et Bob Dylan écrit la plus belle chanson de tous les temps, Like a Rolling Stone. Une sacrée bande-son, cet Américain qui célèbre les « vagabonds ». Vagabond… C’est un peu le feeling de Patrick, qui s’ennuie ferme à l’école. Enfin, l’école, disons toutes les boîtes à bac qu’il enchaîne, mais sans jamais décrocher son bachot. À 17 ans, Patrick a mieux à faire.