Il est toujours possible de plaider l’erreur de communication après une déclaration polémique. Mais les propos de Paul Hudson, PDG de Sanofi depuis quasiment un an, sont sans doute à ranger dans la catégorie de ceux qui ne doivent rien au hasard. Mercredi 13 mai au soir, dans une dépêche de l’agence Bloomberg, le dirigeant du laboratoire français assure que les États-Unis seront servis en premier si Sanofi trouve un vaccin contre le Covid-19. Le gouvernement américain « a le droit aux plus grosses précommandes », explique Paul Hudson, en raison de sa prise de risque financière. Ils « obtiendront les vaccins en premier » car « ils ont investi pour essayer de protéger leur population », justifie-t-il dans un couplet très « America First » cher au président américain, Donald Trump. Et comme pour un peu limiter la casse, le PDG ajoute que cette avance ne sera que de quelques jours ou quelques semaines sur le reste du monde. Sanofi s’est engagé dans la course au vaccin en collaboration avec le ministère américain de la Santé, comme annoncé le 18 février, en misant sur sa technologie de recombinaison de l’ADN. Puis un partenariat avec le laboratoire américain GlaxoSmithKline a été rendu public le 14 avril, toujours sous l’égide de la Barda (Biomedical Advanced Research And Development Authority), qui dépend du même ministère. Selon Sanofi, les pouvoirs publics auraient versé quelque 30 millions de dollars (28 millions d’euros) dans ce programme conjoint.
On semble découvrir que Sanofi réserve ses produits au plus offrant… Mais la déclaration de Paul Hudson est bien une forme de chantage qui consiste à faire passer le message à l’Europe : “Si vous voulez des médicaments, il faut nous verser plus de financements publics.”
Mais en pleine pandémie, alors que le monde entier est suspendu à l’arrivée d’un vaccin