De Londres
Boris Johnson et les autres ne savaient pas, en lançant la campagne du « Leave » pour quitter l’Union européenne, qu’ils remettraient au goût du jour ce classique de The Clash. Should I stay or should I go ? Partir ou rester… Une chorale géante pourrait chanter cette alternative. Imaginez, derrière leur pupitre, les millions d’Européens installés sur le sol britannique. Il y aurait Kurt, Monica et Tomasz. Il y aurait Joan, Maike et Helen Cadiou.
Depuis toutes ces années qu’elle vit outre-Manche, cette Française a laissé tomber le « e » final de son prénom pour se fondre dans son milieu britannique. Elle se moque souvent de ces « vrais Français » qu’elle a croisés un jour à Londres, qui y vivaient sans s’intégrer d’un pouce : employeur français, école française pour les enfants… Helen, elle, a joué le jeu. Elle a inscrit ses deux filles dans le système scolaire britannique et ne leur parlait qu’anglais, ou presque. Elle travaille pour l’University College of London (UCL), la plus ancienne université de la capitale britannique, et cultive à ses heures perdues son jardin en plate-bande désordonnée, à l’anglaise.
« Moi, j’ai construit l’Europe, revendique la quinquagénaire. Je fais partie de la première génération qui a pris ses baskets pour habiter l’Union européenne, aller travailler à l’étranger sans permis de travail. » Dans les années 1980, il n’y avait pas encore de poste en Bretagne pour cette diplômée en biologie, elle est donc partie habiter en Allemagne.