Le village de Bure n’est pas le seul endroit où des déchets radioactifs seront un jour stockés (lire l’épisode 7, « Voyage au centre du nucléaire »). À 60 kilomètres de là, dans l’Aube, se dressent deux autres centres, déjà en activité, eux, dans les communes voisines de Soulaines-Dhuys et de Morvilliers. Le premier, le Centre de stockage de l’Aube (CSA) est dédié aux déchets à faible et moyenne activité à vie courte, les FMA-VC, dont la durée de vie est de trois cents ans ; le second, le Centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage (Cires) accueille les déchets à très faible activité, les TFA, dont la durée de vie est inférieure à trente ans.
Selon le dernier inventaire de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), la France comptait fin 2017 1,62 million de mètres cubes de déchets radioactifs. Pas moins de 91 % sont accueillis dans les deux centres de l’Aube. Et tout ceci n’est qu’un début, puisque Emmanuel Macron a annoncé en novembre 2018 le démantèlement de 14 des 58 réacteurs nucléaires du parc français d’ici à 2035. Le nouveau mix qui devrait porter la part du nucléaire dans la production électrique à 50 % à la même échéance prévoit par ailleurs la prolongation des centrales
À Soulaines-Dhuys, 90 % des colis sont livrés par huit camions chaque jour. Les déchets reçus ici sont surtout des déchets issus du fonctionnement des centrales nucléaires : des outils, des gants, des fioles, du matériel utilisé. « À partir du moment où l’ensemble de ces objets sont entrés dans une zone dite “radioactive”, on va les considérer par principe de précaution comme un déchet radioactif et les traiter dans la filière adaptée », explique Selma Tolba, la cheffe du service communication du CSA. Chaque colis dispose d’un code-barres avec toutes les informations : sa provenance, son contenu, le type de radionucléides, le nombre de becquerels par gramme et sa future position dans les gigantesques parallélépipèdes rectangles de stockage, en surface.
Ici, nous avons une sainte horreur de l’eau. On vérifie donc qu’on ne retrouve pas des quantités d’eau anormales, car cela voudrait dire des défauts au niveau de l’imperméabilité des ouvrages.
« Ici, nous avons une sainte horreur de l’eau (qui favorise la migration de certains radionucléides, comme le tritium, ndlr). On vérifie donc qu’on ne retrouve pas des quantités d’eau anormales, car cela voudrait dire des défauts au niveau de l’imperméabilité des ouvrages », précise Selma Tolba.