Après avoir visité le laboratoire de Cigéo, une question nous taraude : où sont passés les opposants ? Au 2, rue de l’Église à Bure, s’élève la Maison de la résistance, un bâtiment acquis par le réseau Sortir du nucléaire afin de mener la lutte de l’intérieur. Mais l’ancien corps de ferme est désespérément vide. Le vent secoue les draps où s’affichent des slogans, dans un silence inhabituel pour un mouvement protestataire. Seul un Belge aux poings tatoués sort de temps en temps fumer une cigarette mais il ne pipe mot, pour ne pas alimenter d’éventuelles procédures judiciaires. Les zadistes semblent avoir migré ailleurs. Ils reviendront peut-être à la belle saison, mais rien n’est sûr.
Il y a quelques années, Bure était un village paisible de 80 habitants, perdu au fin fond de la Meuse. Mais depuis la présence du laboratoire de l’Andra préparant l’enfouissement des déchets radioactifs, la tension est à son comble. Taguée ou aspergée de peinture noire, la mairie est au beau milieu d’une guerre de tranchées entre les opposants, pour qui habiter ici est un acte politique, et l’État, qui voit d’un mauvais œil ce voisinage hostile à proximité de l’établissement public qu’est l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).
« Pendant les manifestations d’août 2017, il y avait des hélicoptères tous les deux ou trois jours. C’est tout juste s’ils ne comptaient pas les saucisses sur le barbecue ! », témoigne Michel Labat, un opposant qui constate que dans ce climat délétère, le territoire se meurt.