Mis en place dans les mairies lors de la crise des gilets jaunes, les cahiers de doléances sont désormais loin des regards, dans les archives départementales. Coups de gueule, idées, encouragements : les citoyens y interpellent Emmanuel Macron. Cet été, tous les midis, « Les Jours » vous en partagent un extrait, brut.
«Le drame que l’on vit actuellement est, à mon avis, la conséquence d’une perte de confiance envers nos élus, cette érosion datant de nombreuses années. Ce malaise prend racine dans le mauvais exemple donné par certains de nos dirigeants : mensonges, manipulations, malversations, enrichissement personnel et le matraquage fiscal. Il paraît évident que pour ceux-là, l’intérêt personnel prime sur l’intérêt collectif. Le ressenti du peuple est que nos élus votent des lois contraignantes pour le peuple et qu’ils font en sorte d’en être exemptés. Il est loin le temps où le “Général” payait ses timbres avec ses propres deniers.
Pour tout vous dire, j’ai mal à ma France. Notre démocratie tant enviée de par le monde est bafouée, mais force doit rester à la loi. Que représentent 50 000 manifestants au regard des 60 millions de Français ? Nous n’avons pas affaire à des “chenapans” comme diraient certains. Ce sont de vrais délinquants qui commettent des délits, il faut donc répondre avec force et courage pour défendre notre démocratie et leur faire rendre des comptes.
Personnellement, je ne pense pas qu’il y ait deux catégories de gilets jaunes, les gentils et les autres : les méchants, anarchistes, casseurs et voleurs. Je pense au contraire que les “gentils” sont bien contents que les “méchants” installent ce climat insurrectionnel qui met la pression sur le gouvernement qui se voit obligé de faire marche arrière et de céder sur de nombreux points. Cependant, la faute en revient au président Macron qui n’a pas su doser l’effort demandé préférant rechercher le point de rupture, oubliant même d’y mettre les formes. Ce ciblage sur les classes moyennes, avec la hausse de la taxation sur les carburants et la hausse de la CSG sur les retraités, a catalysé toutes les déceptions contenues jusqu’alors et poussé les gens, dont ceux-là même qui l’ont élu, à descendre dans la rue. Le Rubicon a été franchi avec tous les effets en cascade dramatique que nous connaissons aujourd’hui : “Le dentifrice est sorti du tube et le gouvernement actuel est incapable de le faire rentrer dedans !”
Dans ma carrière de manager, on m’a appris que ce qui importait, c’était la dernière ligne du bilan. Pour les ménages, c’est le net, ce qu’il reste “in the pocket” après paiement des impôts et charges. Et pour beaucoup, le compte n’y est plus. De plus, pour les classes moyennes, celles qui sont juste à la charnière, celles qui sont assujetties à l’impôt, celles qui ne sont éligibles à aucune aide, la situation devient supportable comparée à certains non assujettis à l’impôt, qui touchent le RSA + APL + CMU + diverses aides en provenance du monde associatif. Pour peu que ces derniers fassent un peu de black, on peut comprendre que leur motivation pour trouver un emploi ne soit pas très élevée !
On peut comprendre aussi que ceux qui travaillent, ceux qui sont à la charnière se posent la question de savoir pourquoi ils travaillent ? Comme l’on peut dire : “trop d’impôt tue l’impôt”, on peut aussi dire que “à vouloir faire trop de social, on tue le système”. Je préfère citer la Bible : “Aide-toi et le ciel t’aidera.” »