Que donnerait une chanson de Pain-Noir, l’un des artistes que Les Jours suivent dans cette obsession Chant/contrechamp, chantée par Johnny Hallyday ou Julien Clerc ? On peut tenter d’imaginer le premier hurler, pardon chanter, sur fond d’explosions pyrotechniques les paroles de Passer les chaînes : Que veux-tu pour ainsi / Courir à perdre haleine ? / Au premier poing levé / Au verbe un peu trop haut.
On envisage éventuellement le second chevroter De l’île dans la lumière tamisée d’un Palais des congrès, pendant qu’un orchestre de 87 violons ronronne :
À me tenir debout
Dans des pentes friables
J’y ai laissé mon cœur
Et le peu d’un genou
Qui me tenait surtout
Quand des amas de sable
Défilaient sous mes pieds
Comme des morceaux de nous.
C’est sur cet exercice, au premier abord éloigné de lui, que François-Régis Croisier, alias Pain-Noir, se remue le cerveau ces derniers temps quand il ne compose pas les chansons de son deuxième album. Oh, il ne s’agit pas d’écrire pour Johnny ou Julien Clerc, mais pas si loin : pour une chanteuse qui se classe régulièrement dans le classement des meilleures ventes.
Depuis la sortie remarquée de son premier album sous le nom de Pain-Noir en 2015 – chanté en français alors qu’il écrivait jusque-là en anglais –, François-Régis Croisier s’est en effet retrouvé dans la boucle des briefs. Les briefs ? C’est ainsi que tel chanteur ou telle chanteuse fait savoir qu’il ou elle cherche des chansons pour son nouveau disque. « Ça passe par le bouche à oreille, m’a expliqué Maÿlis Pioux, la manageuse de Pain-Noir. En rencontrant un éditeur dans un concert… C’est quelque chose de très informel : “Machin cherche une ballade folk avec des textes un peu plan-plan faciles à chanter et j’en ai besoin dans une semaine.” “On cherche un jeune auteur qui vient de sortir un album vendu à 3 000 exemplaires, pas plus…” Ce genre d’envie. »

Récemment, c’est un directeur artistique qui a flashé sur une chanson de Pain-Noir avant de la faire écouter à la chanteuse pour laquelle il travaille – et dont je dois taire le nom. « La demande est très vague, m’a dit François-Régis Croisier depuis ses derniers moments de vacances, quelques jours avant la rentrée de l’école où il enseigne à Clermont-Ferrand.