Comment écrit-on une chanson ? C’est le genre de questions que j’ai arrêté de poser aux musiciens que je rencontre, tant elle tombe à plat ou éveille dans leur regard un mélange d’incompréhension et de doute, avant qu’ils ne lâchent quelques mots évasifs et inutiles. Car il n’y a pas de réponse à cette question, ou plutôt trop de réponses possibles. Certains ont des méthodes, d’autres ont mis en place une organisation paramilitaire qui permet de multiplier les chances d’écrire une bonne chanson, mais on ne percera jamais le secret de ceux qui entendent des mélodies dans leur tête.
Cette question encombrante, je l’ai tout de même posée à Pain-Noir, l’un des artistes que Les Jours suivent dans l’obsession Chant/contrechamp. Parce que justement, cette série s’intéresse à la vie des musiciens lorsqu’ils ne sont pas visibles, aux plis de leur carrière. Et il se trouve que François-Régis Croisier écrit en ce moment son deuxième disque sous le nom de Pain-Noir, qu’il doit enregistrer l’an prochain. Un midi, par téléphone, avant que la classe ne reprenne, celui qui est aussi instituteur à Clermont-Ferrand s’est donc arrêté sur ce grand questionnement existentiel. Nous avions convenu d’un rendez-vous, il avait donc réfléchi à la question.
Régulièrement, j’écris un début de texte et j’égare le carnet. Du coup, je tente de le réécrire et des changements intéressants naissent de ça.
« C’est un truc un peu mystérieux pour moi, et en même temps il y a quelques schémas qui se retrouvent, a-t-il commencé.