Ce jour-là, l’air charrie une odeur de caoutchouc depuis l’usine Michelin de Cataroux qui se trouve en contrebas des ruelles. C’est rare ; la plupart du temps, le vieux quartier de Montferrand, au nord-est de Clermont-Ferrand, n’est pas incommodé et profite de sa lenteur paisible de petite ville. C’est là que s’est installé depuis plusieurs années François-Régis Croisier, que Les Jours suivent dans l’obsession Chant/contrechamp. Parce que c’est le seul beau quartier de la ville
; parce que tout est accessible à pied aussi, et parce qu’on s’y loge pour pas cher dans ses jolies rues pavées qui détonnent dans une agglomération dispersée en tristes projets immobiliers de l’après-guerre autour de son petit centre dominé par la cathédrale en pierre de lave noire.
La maison de Montferrand s’élève sur trois étages étroits et s’ouvre, côté salon, sur une terrasse coincée entre de hauts murs. De l’autre côté, une porte donne sur une seconde maison où Aurélia, sa femme, donne des cours de piano et d’éveil musical. François-Régis Croisier a rangé ses disques – CD et vinyles – à l’étage, mais il les écoute peu aujourd’hui – à part dans la voiture
. Entre ses deux garçons de 6 ans et 14 mois, son emploi d’instituteur en maternelle et CE2 et sa demi-vie de musicien sous le nom de Pain-Noir, les journées passent vite.
C’est justement ce qui m’intéressait lorsque je lui ai proposé de rejoindre cette obsession sur Les Jours : à 35 ans, François-Régis Croisier vit dans la tension entre sa vie personnelle, son besoin de calme et l’envie de défendre au mieux sa musique à travers la France.