Lorsque j’ai commencé à discuter avec Kadhja Bonet à la fin du mois de mars dans le cadre de cette obsession Chant/contrechamp, elle était très décidée : elle allait se lancer seule, monter son propre label pour garder le plus d’autonomie possible
. Pour elle, musicienne américaine de 28 ans qui n’existe aujourd’hui presque que sur les plateformes de streaming SoundCloud et Bandcamp, ça paraissait évident. Que pourrait apporter une maison de disques à ses chansons déjà très maîtrisées, la plupart déjà enregistrées et mixées dans un studio professionnel ? Elle a déjà rencontré quelques labels intéressés par son parcours (Universal Allemagne, Eglo…), mais ils demandaient trop de contrôle sur [sa] musique
et ne lui paraissait pas assez impliqués
.
Puis, il y a quelques semaines, Kadhja Bonet m’a annoncé qu’elle avait signé avec le label Fat Possum. Une maison installée dans le Mississippi depuis 1992, qu’elle décrit comme un label indépendant qui a les moyens et la puissance qui approchent ceux d’une major. Le meilleur des deux mondes
. Fat Possum a une histoire plus qu’intéressante : créée pour publier des enregistrements de vieux chanteurs de blues oubliés comme R.L. Burnside et T-Model Ford, la maison a abandonné cette voie quand elle s’est tarie pour signer des artistes actuels comme The Black Keys ou Fat White Family. Fat Possum est aussi depuis peu l’exploitant du catalogue d’Al Green, ce qui se connecte parfaitement avec la soul riche et millimétrée de Kadhja Bonet.
Kadhja Bonet m’a expliqué que la présence du Révérend a joué beaucoup pour la faire pencher vers Fat Possum.