La musique est un produit. Un produit passionnant ou quelconque, mais un produit qui cherche à trouver son public. C’est aussi ce que nous racontons dans cette obsession Chant/contrechamp. Pour cela, il faut que ce produit soit le plus visible possible. C’est le rôle des attachés de presse, qui sont pour les deux tiers des femmes, avec qui je suis régulièrement en contact dans un rapport bizarre.
Il y a celles qui jouent les copines qu’elles ne sont pas, qui noient d’informations, d’adjectifs dithyrambiques sur des chansons sans intérêt. Puis il y a celles qui sont revenues de beaucoup de choses, qui connaissent la valeur des artistes qu’elles défendent et les goûts des journalistes et programmateurs radio à qui elles s’adressent. Elles n’iront pas survendre ce qui ne le mérite pas et cherchent avant tout à gagner la confiance de leurs interlocuteurs – qui sont principalement des hommes – en instaurant un dialogue régulier sur la musique.
Des quatre artistes que Les Jours suivent, Pain-Noir et Jeanne Added sont les plus encadrés par le travail d’attachées de presse. Kadhja Bonet n’a pas encore de disque à défendre et se débrouille seule avec les quelques demandes d’interview qu’elle reçoit. Rocé fait appel à une petite structure dont il est proche, Almost Music, quand il publie un album.
Tous les deux auteurs d’un premier album solo après avoir connu de premières aventures musicales, Pain-Noir et Jeanne Added devaient trouver leur place au milieu d’une offre infinie. Mais leur musique – folk apaisé pour l’un, pop sombre pour l’autre – n’est pas de celle pour laquelle on agite un buzz sur internet, à coup de vidéos virales et de construction de fan base sur les réseaux sociaux. Eux s’adressent davantage à un public de trentenaires, peu réceptif à ces nouvelles pratiques. Pas question, non plus, de miser sur une pub télé ou radio, ç’aurait été hors budget et surtout hors sujet. La pub télé, qui a permis à l’industrie du disque de vendre n’importe quelle compilation vite ficelée dans les années 90, c’est aujourd’hui pour des gros vendeurs populaires comme Louane ou Florent Pagny.
Quant à l’affichage, le label de Jeanne Added, Naïve, en mauvaise santé financière, aurait aimé mais a dû s’en passer faute d’argent. En fait, il n’y avait