Scorpions

Dards contemporains au Brésil

Fin du monde. Chaque midi, « Les Jours » vous offrent une mauvaise nouvelle. Aujourd’hui, une invasion de scorpions.

Épisode n° 40
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En 1990, le grand poète allemand Klaus Meine chantait : « Le futur est dans l’air, je peux le sentir partout, soufflant avec le vent du changement »

Aujourd’hui que nous sommes dans le futur, d’autres scorpions profitent d’un autre vent, celui du changement climatique

C’est particulièrement vrai au Brésil

Le nombre de personnes piquées par l’espèce endémique Tityus serrulatus est passé, d’après le ministère de la Santé, de 12 500 en 2000 à 124 000 en 2017, dont plus de 21 000 pour le seul État de São Paulo

Dans la mégalopole, c’est une invasion de bestioles jaunes de moins de 10 cm, racontait la semaine passée le chercheur en politiques publiques Hamilton Coimbra Carvalho, sur le site The Conversation

D’après lui, cette prolifération s’explique par une urbanisation trop rapide, un assainissement insuffisant, un ramassage des poubelles déficient et un climat changeant

De fait, les températures en constante hausse font des étés plus chauds, allongeant ainsi les périodes de reproduction… 

Comme si les scorpions femelles avaient besoin de ça, elles qui, deux fois par an, se reproduisent par parthénogenèse, c’est-à-dire sans intervention des mâles

Mais Hamilton Coimbra Carvalho met aussi le doigt sur une situation particulière : São Paulo a beau être une ville gigantesque, il n’y a « pas d’écureuils, pas de ratons laveurs, pas même beaucoup d’oiseaux »

Or, on l’a déjà vu, quand la biodiversité recule, les animaux restants sont plutôt belliqueux

Si la plupart des rencontres entre humains et Tityus serrulatus se terminent bien, « la piqûre du scorpion est très dangereuse pour les enfants de moins de 7 ans », rappelle l’arachnologue Rogério Bertani

En 2017, pas moins de 143 personnes sont mortes au Brésil à cause du scorpion

Difficile après ça de lui dire : « Je t’aime encore »

À demain (si on tient jusque-là).