Arctique bouillu, Arctique foutu ?
Fin du monde. Chaque midi, « Les Jours » vous offrent une mauvaise nouvelle. Aujourd’hui, un rapport de l’ONU controversé.
Adeptes des régions septentrionales, sortez la crème solaire et les bottes en caoutchouc
La première parce que la ville de Klawock a battu un record de température en Alaska : le 19 mars a été le jour le plus précoce dans l’année à atteindre les 70 degrés Fahrenheit (21,1°C) dans l’État – le précédent record était détenu par le 31 mars, en 2016
Les secondes car, plus au nord, c’est toute la zone arctique qui n’en finit plus de dégouliner
Le 13 mars dernier, le Programme des Nations unies pour l’environnement publiait ainsi un rapport alarmant
Il y était affirmé que, « même si le monde réduisait ses émissions de gaz à effet de serre conformément à l’accord de Paris, les températures hivernales de l’Arctique s’élèveraient de 3 à 5°C d’ici à 2050, en comparaison avec les niveaux de 1986 à 2005 »
Traduction : adieu rennes, lutins et père Noël, tout est foutu pour le pôle Nord même si on fait de gros efforts (bref, « avant de refaire le monde, on va déjà refaire des merguez »)
Sauf que, sauf que… l’ONU s’est planté et a fini par discrètement rectifier le tir, après un fact-checking plutôt pointu du site britannique Carbon Brief
La nouvelle version du rapport précise désormais qu’avec le scénario « RCP4.5 » – qui prévoit une stabilisation de nos émissions – « les températures hivernales au-dessus de l’océan Arctique s’élèveront de 3 à 5°C d’ici à 2050 et de 5 à 9°C d’ici à 2100 en comparaison avec les niveaux de 1986 à 2005 »
« Les températures hivernales de l’Arctique suivront cette même trajectoire avec tous les scénarios d’émissions jusqu’à 2050 ; ce n’est qu’après que les projections commencent à diverger de façon substantielle »
Vous êtes doué·e·s au jeu des sept différences ?
Oui, le scénario retenu n’est plus le même et on parle désormais de l’océan Arctique, plus de la région
Que tirer de ce pataquès ? Que le pôle n’est plus foutu ? Disons que nous avons encore un peu la main sur son futur après 2050, rien de plus
Pour le reste, la seconde version du rapport onusien reste identique à la première : les glaciers vont fondre et participer à la hausse du niveau des mers
Le dégel du pergélisol va libérer des milliards de tonnes de carbone et de méthane, qui vont à leur tour s’échapper dans l’atmosphère et renforcer le changement climatique
La fonte du pergélisol va également intensifier l’acidification des océans, qui va, elle, mettre en péril toute la chaîne alimentaire
Aucune nouveauté, on vous dit
À demain (si on tient jusque-là).